Rudko Kawczynski : “Le racisme anti-rom reste profondément ancré en Europe”

Interview - 20.04.2011

Question : Le Conseil de l’Europe et le Congrès font de l’intégration des Roms une de leurs priorités d’action. Quelles sont, selon vous, les mesures concrètes les plus urgentes pour parvenir à cet objectif ?

Rudko Kawczynski : Cela fait cinquante ans que nous faisons l’objet de beaux textes et de belles résolutions qui ne sont jamais mis en pratique. Le problème de base, c’est que l’”antiromisme”, l’”antitsiganisme”, quel que soit le nom qu’on lui donne, est profondément ancré en Europe, et cela aussi bien au niveau national que régional et local. Nous sommes 15 millions de personnes, nous vivons dans 15 000 ghettos à travers l’Europe, et tant que nous n’aurons pas des conditions de logement décentes, mais aussi un véritable accès à l’éducation, rien ne changera. Il faut en finir avec les préjugés, et apprendre aux pays européens, à tous les niveaux, qui sont les Roms et comment ils vivent, au lieu de continuer à les diaboliser.

Question : Il existe des élus locaux roms dans un certain nombre de villes et de communes, qui seront d’ailleurs présents au Sommet des maires qui sera organisé par le Congrès à l’automne 2011. Encouragez-vous les Roms à s’engager au niveau politique local, pour mieux les faire entendre et favoriser le dialogue?

Rudko Kawczynski : Il y en a effectivement quelques centaines à travers l’Europe, mais c’est très peu par rapport à 15 millions de personnes. Nous poussons les Roms à s’engager dans la politique, à tous les échelons, car c’est une bonne manière de faire avancer les choses, et je suis optimiste quant à l’amélioration de notre representation politique. En outre, nous sommes bien représentés au Conseil de l’Europe et travaillons beaucoup avec l’Assemblée parlementaire ; je souhaite que nous renforcions de même notre coopération avec le Congrès.

Question : Les communautés Roms sont parfois accusées de ne pas chercher, de leur côté, à s’intégrer au sein du reste de la population : que répondez vous à ce reproche et comment rapprocher les communautés au niveau local notamment?

Rudko Kawczynski : Il n’y a pas eu de tsunami en Europe, mais nous vivons dans des tentes, car nous avons été sciemment exclus du reste de la société. C’est cela la cause du mal. Je voudrais que l’on commence par respecter nos droits élémentaires avant de nous accuser de ne pas nous intégrer, ce qui est une conception raciste des choses.