Sandra Barnes : « Le succès de la convention contre la violence à l’égard des femmes passe par la mobilisation de tous »

Chargée par le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux de suivre l’élaboration de la future convention du Conseil de l’Europe contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, Sandra Barnes (Royaume-Uni) appelle les collectivités locales européennes à intensifier leurs actions contre ces violations faites aux droits des femmes.

Question : La promotion des droits de l’homme au niveau local fait partie des grandes priorités du Congrès : comment peut-il agir dans ce cadre pour lutter contre la violence domestique ?

Sandra Barnes : Lutter contre la violence domestique, c’est d’abord réaliser qu’elle peut survenir partout, dans notre rue, chez nos voisins. Cette réalité est beaucoup trop mal connue, voire même cachée, et il faut en parler. Nous devons faire prendre conscience aux collectivités locales de l’ampleur de ce phénomène, car c’est en les sensibilisant qu’elles pourront élaborer des stratégies. Les élus locaux doivent à leur tour sensibiliser la population, et tout particulièrement le milieu éducatif et associatif.

Question : Concrètement, quelles peuvent être leurs réponses à la violence domestique ?

Sandra Barnes : A coté de l’information et de la sensibilisation, les réponses sont bien sûr locales, et beaucoup de villes offrent par exemple aux femmes battues la possibilité de se reloger ailleurs, provisoirement ou définitivement. Ces « refuges » sont même prévus dans la législation de certains pays. Les femmes victimes de violences doivent pouvoir retrouver un emploi et rester avec leurs enfants, ce qui nécessite là aussi des aides adaptées.

Question : Le Conseil de l’Europe prépare une convention sur ce sujet : quelle pierre pourront apporter les collectivités locales à sa réalisation ?

Sandra Barnes : Nous sommes au contact direct des gens, et bien placés pour voir que ces violences continueront de survenir, voire même s’aggraveront avec la poursuite du chômage, de la crise et de ses conséquences. De plus, nous observons dans certains milieux des violences familiales spécifiques, comme les soi-disant « crimes d’honneur » et les mariages forcés. Par ailleurs, le vieillissement de la population fait qu’il y aura de plus en plus de personnes âgés dépendantes ou démentes, et que celles-ci, malheureusement, sont de plus en plus souvent victimes de violences. Pour toute ces raisons, nous soutenons cette convention, qui est sans doute l’une de celles qui concernent directement le plus de gens en Europe, et nous allons nous mobiliser pour la diffuser, la faire connaître et bien sûr la faire appliquer aussi largement que possible. Là aussi, le succès passe par la sensibilisation et la mobilisation de tous.