Remise de la médaille du Congrès à Yavuz Mildon, membre honoraire et ancien président du Congrès

Istanbul, le 16 mai 2016

Discours de Jean-Claude Frécon, Président du Congrès des Pouvoirs locaux et régionaux

Seul le prononcé fait foi

Très cher Yavuz,

Chers collègues du Congrès, Cher Secrétaire Général, Chers amis,

Laissez-moi tout d’abord vous dire mon bonheur d’être là, ce soir avec vous tous, aux côtés de Yavuz.

Il fallait une occasion très particulière et la présence d’une personne très importante pour que nous nous réunissions ce soir en marge du Sommet international de l’intégration sociale.

Cher Yavuz, c’est autour de toi et à l’occasion de la remise de la médaille du Congrès à laquelle nous allons procéder dans quelques instants que nous nous retrouvons ici, dans ton pays, pour un moment d’amitié et de partage.

Yavuz, ta gentillesse légendaire, ton ouverture d’esprit, ton sens de la modernité ont fait et font l’unanimité parmi nous.

Quand je pense à toi, je pense à la mer Méditerranée et en particulier la mer Méditerranée que nous apprenons à l’école : cette mer qui a réuni tant de grandes civilisations, tant d’aventures humaines !

Comment ne pas rêver avec l’Antiquité grecque, l’Empire romain, l’Empire ottoman ?

Cette mer fut un creuset où toutes les différences ont pu cohabiter, où tous les peuples ont pu échanger, souvent se battre, mais toujours coexister. Tu es, mon cher Yavuz, à l’image de cette mer, tu es un trait d’union entre plusieurs pays, plusieurs cultures, entre des idées, entre des femmes et des hommes dont la conviction commune est faite de fraternité et d’échange.

Ta culture orientale, ta bonne connaissance des langues étrangères – français, anglais, italien, espagnol, j’en passe - ton sens inné pour créer des liens chaleureux avec tes interlocuteurs, ta capacité à créer des réseaux d’amitié et ton flair politique ont marqué ton engagement au Congrès et ont marqué tous ceux qui ont eu le privilège de travailler avec toi.

Mais l’évocation de la Méditerranée, en ce qui te concerne, ne s’arrête pas là. Tu es cet « homme libre » de Baudelaire qui « toujours chérira la mer » car c’est à la mer que tu as consacré ton activité professionnelle. A l’instar de ces marins qui naviguent de port en port, qui sont un peu chez eux partout où ils se posent, voyageurs infatigables, tu as su concilier cette vie professionnelle avec ton engagement politique européen tu as même su utiliser ton travail pour promouvoir partout la Charte européenne de l'autonomie locale et notre cher Congrès.

En exportant les fruits de la mer partout en Europe, tu contribuais, comme dans le passé, aux échanges entre toutes les rives de la méditerranée et tu contribuais ainsi à un meilleur dialogue des cultures. Et nous savons aujourd’hui, combien cette tâche est redevenue une urgence politique et même humanitaire. Je ne parlerais pas d’actualité politique ce soir, mais nous savons tous avec gravité que les années qui viennent vont être déterminantes pour la démocratie européenne et peut-être pour nos libertés, et cette remarque qui vaut pour toute l’Europe vaut donc également pour la Turquie.

Pour Victor Hugo, “la mer est un espace de rigueur et de liberté”, j’ajouterai qu’en homme de la mer, tu as mis rigueur et liberté au service de l’Europe. Balkans, Europe du Sud-Est, Mer Noire, Ossétie du Sud, Crimée, ton terrain de prédilection c’était cette Europe de la complexité historique et géographique. Cette Europe en mouvement, cette Europe en marche vers la démocratie où la coopération, la médiation, le soutien, l’engagement étaient nécessaires pour avancer.

Laisse-moi te citer la longue litanie des acronymes : ADL, ENTO, NALAS, CRPM, REGLEG, CALRE, ARFE, – j’en oublie ! Dans ces enceintes, tu as toujours été prêt à soutenir une nouvelle initiative audacieuse où une mise en réseau, à développer des relations avec de nouveaux partenaires. Ton engagement dans ces structures a été remarqué et encore aujourd’hui ton nom est attaché à celui du Congrès.

Au Congrès tu as fait un parcours exemplaire dont nous connaissons tous ici la richesse. Arrivé en 1995, tu en es devenu Président en 2008 !

Treize petites années et tu avais gravi toutes les marches du Podium mais surtout à chacune de tes responsabilités, et je pense notamment à celle de Président de la Chambre des régions, tu as donné toute ton énergie, ton dynamisme et ton tempérament optimiste portant toujours plus loin les ambitions du Congrès.  

Mais le succès, mon cher Yavuz, le succès que tu as connu, ne nous épargne pas des épreuves de la vie. Tu as traversé des moments de douleurs que tu as surmontées avec la force et le courage qui te caractérisent, car comme le disent si bien les Anglais, “une mer calme n’a jamais fait un bon marin” et tu as su traverser ces épreuves !

Nous avons tous suivi avec amitié et soulagement les progrès réalisés lors de ta longue convalescence et de ta rééducation et je voudrais dire au nom de l’ensemble de mes collègues combien nous nous réjouissons de te voir ce soir, vivant et en bonne forme, à nos côtés.

Chers amis, je ne vais pas vous empêcher plus longtemps de passer enfin à la dégustation de cette délicieuse cuisine turque, qui à l’image de notre ami, est un trait d’union entre orient et occident. Mais je veux au préalable te remettre, au nom du Congrès, cette médaille, en signe de reconnaissance et d’amitié, pour ton engagement et ta force de conviction au service de l’Europe.

Je vous remercie.