Forum mondial de la démocratie - "Retisser la démocratie : connecter les institutions avec les citoyens à l'ère du numérique"

23-29 novembre 2013, Strasbourg, France

LAB 8 - AGORA VIRTUELLE

Modérateur : Andreas Kiefer, Secrétaire Général du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe

Démocratie locale en ligne : perspectives et limites de l’« agora virtuelle »

Strasbourg, 28 novembre 2013 - Beaucoup de villes européennes mettent en place des sites Internet pour se rapprocher des citoyens, dialoguer avec eux et recueillir leur opinion. Thème de l’un des « laboratoires » du  Forum mondial de la démocratie, le concept d’ « agora virtuelle » constitue un nouvel outil pour la démocratie locale, mais comporte aussi des règles et des contraintes pour les municipalités comme pour les citoyens.

Désireuse de nouer un dialogue plus régulier avec ses habitants, la province de Lewes (Royaume-Uni) a développé des outils de consultation avec eux, tant par le biais des nouvelles technologies qu’à travers des forums et des rencontres traditionnelles. Ceux-ci ont révélé que la population était prête à s’investir sur des sujets qui la concernent véritablement, comme le recyclage des déchets et la lutte contre le gaspillage alimentaire, et de nombreuses initiatives ont alors été proposées par la population. Motiver les gens autour des sujets qui les intéressent favorise l’engagement citoyen et contribue à une meilleure qualité des services rendus, a souligné la directrice du Conseil de la province, Jennifer Rowlands, en présentant cette activité lors du Forum.

En Islande, le site internet « Better Reykjavik » est une initiative privée, lancée en 2008. Ses fondateurs, Gunnar Grimsson et Robert Bjarnason, ont expliqué comment le site, né en pleine crise économique, a su renouveler le dialogue politique et permet aujourd’hui aux habitants de la capitale de s’exprimer sur tous les sujets touchant à la vie locale et à leur cadre de vie. La mairie de Reykjavik et les promoteurs du site s’apprêtent d’ailleurs à en dupliquer le principe dans plusieurs grandes villes des Balkans, afin d’y stimuler le dialogue politique au niveau local pour prendre en compte les vrais besoins et priorités des citoyens.

Prometteuses et utiles à la démocratie locale, ces initiatives n’en réclament pas moins une solide organisation pour être couronnées de succès. Les sites entièrement ouverts permettent à chacun de s’exprimer, mais, relevaient notamment des participants marocains et monténégrins, « l’e-democratie » reste encore réservée aux citoyens équipés d’ordinateurs, ce qui est certes la règle dans les pays les plus riches, mais pas forcément ailleurs. Mais, les participants ont relevé que l’utilisation des smartphones pour se connecter à internet est plus répandue que la connexion viaordinateur. Par ailleurs, il importe de s’assurer, selon plusieurs intervenants, que le net, même au niveau local, reste un outil démocratique et ne soit pas dénaturé à des fins partisanes voire totalitaires.

La notion d’internet ouvert doit aussi être adaptée aux réalités du niveau local. Comme l’a relevé Andreas Kiefer, Secrétaire Général du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe, si tout le monde peut exprimer un avis sur la toile, les citoyens d’une ville ou d’un quartier devraient être les seuls à être consultés lorsque le sujet concerne leur ville : « je vois mal les habitants de Bordeaux ou de Lille influencer une consultation sur l’aménagement urbain de Strasbourg », a-t-il noté, et sans doute faudra-t-il prévoir, dans ce cas, des mécanismes d’identification. De plus, les idées avancées sur les forums doivent servir réellement à optimiser l’action des élus locaux et régionaux : « il est inutile de demander leur avis aux gens si rien ne peut changer » a-t-il ajouté.

Autre insuffisance relevée par les utilisateurs d’Internet, le manque de motivation des plus jeunes à participer aux débats touchant à la vie locale… alors qu’ils sont pourtant beaucoup plus connectés que la moyenne de la population. A Reykjavik, il y a autant de moins de 25 ans sur « Better Reykjavik » que de plus de 65 ans, et tous les débats sont dominés par des gens âgés de 30 à 50 ans. Un vrai défi pour les promoteurs d’une société réellement participative, d’autant que la situation sur internet est souvent le reflet de la situation dans la vie réelle.

Les projets présentés lors du LAB 8 ont été soutenus par plus de 80% des participants qui ont voté au Forum.

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