Forum mondial de la démocratie : « Ouvrir aux jeunes les portes des Parlements ! »

Strasbourg, le 8 novembre 2016

Parrainé par le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe, le Laboratoire 4 “Déverrouiller le parlement “ a initié une discussion à ce sujet sur la base de l’expérience récente de deux organismes soutenus par les pouvoirs publics aux Pays Bas (ProDemos) et au Royaume Uni (Le Centre d’éducation parlementaire).

Dans le contexte de crise de la démocratie représentative en Europe qui s’exprime à travers la montée des populismes et de l’abstention électorale, il paraît urgent de sensibiliser les jeunes à leur pouvoir de citoyens et d’électeurs.

Grâce aux “excursions éducatives” et une méthode ludique et interactive, développée par ProDemos, en 2015, 83 000 élèves Néerlandais ont visité la Chambre des représentants à la Haye et participé à des jeux de simulation du processus parlementaire. D’autres, environ 30 000, ont bénéficié de programmes in situ: dans leurs propres écoles, à travers des visites des institutions municipales, judiciaires etc. D’après la gestionnaire du projet, Mme Lilian Leeuwenburgh-Stolwijk, les premières évaluations scientifiques de l’impact du programme remarquent une hausse de la confiance des élèves dans les institutions et dans le processus démocratique en général. Un sérieux défi reste d’atteindre un plus grand nombre d’élèves, de tout âge et à tous les niveaux éducatifs, l’objectif étant que tous les Néerlandais puissent visiter le Parlement national au moins une fois avant leur majorité.

En matière de nouvelles technologies, le Centre d’éducation parlementaire, attaché directement au service Education du Parlement du Royaume Uni, impressionne davantage avec son espace doté de 4 murs vidéos (360°).  Les élèves de 5 à 18 ans y sont en totale immersion dans l’histoire et le présent du plus ancien Parlement au monde. Des sessions questions-réponses avec les parlementaires sont organisées en complément du processus éducatif. “ Nous avons réussi à construire un immeuble et des équipements très modernes pour que les enfants dissocient l’image du Parlement aux temps révolus de l’Histoire”, explique M. Daniel Gallacher, chargé du projet au sein du service Education du Parlement britannique. “Ce fut un défi important de solliciter des fonds provenant de l’argent des contribuables dans le contexte de crise financière, mais le résultat est là: si en 2006 seulement 9000 élèves ont pu se rendre au Parlement, en 2016, leur nombre atteint déjà environ 100 000. ”

Tout en saluant l’excellence professionnelle des deux initiatives, Mme Gudrun Mosler-Törnström, Présidente du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe, a souligné l’importance d’une éducation politique sur des bases plus régulières en lien avec les programmes de l’Education nationale. Tout comme elle le responsable de Democracy Matters au Royaume-Uni, M. Titus Alexander, a remarqué l’importance de situer ce type de programmes au niveau municipal. Il a également insisté sur la nécessité de cibler davantage les communautés marginalisées.

Les participants dans la salle ont confirmé l’importance d’élargir le nombre de jeunes qui puissent participer aux processus de simulation parlementaire, tels qu’ils sont pratiqués également dans des pays comme l’Estonie, l’Ukraine ou encore l’Alsace à travers son Parlement des jeunes. Certains ont avancé également la proposition que ce type d’assemblées  soient associées de manière réel au processus de prise de décision des parlements locaux et nationaux, à l’image du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe où les jeunes représentants ont droit au chapitre. Un consensus a émergé quant au rôle que le Congrès pourrait jouer en termes de plateforme de coordination et d’échange de bonnes pratiques dans le domaine de l’apprentissage expérientiel de la démocratie représentative. Les coordinateurs des projets aux Pays bas et au Royaume-Uni ont exprimé leur volonté de partager leurs coordonnées avec les participants dans la salle, représentants de divers ONG  ou initiatives dans le même domaine, afin qu’un réseau d’échange puisse toute suite émerger suite au LAB 4 du FMD.

En effet, les efforts de ce type d’initiatives se heurtent à plusieurs défis soulevés lors des débats et résumés, en conclusion, par le Secrétaire général du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe M. Andreas Kiefer : ne pas limiter le processus à des écoles élitistes qui prennent davantage l’initiative de participer, négocier des budgets publics plus importants et pérenniser les programmes, éviter l’idéalisation des institutions tout en suscitant une émoticon positive auprès des élèves, former des esprits critiques et responsables,  créer des réseaux d’enseignants afin d’intégrer l’apprentissage politique dans le quotidien des écoles, situer davantage ces efforts au niveau municipal.