Herwig van Staa : « Le Congrès a donné un cadre européen à la régionalisation »

Président du Congrès depuis 2012, Herwig van Staa (Autriche, PPE/CCE) avait déjà occupé cette fonction de 2002 à 2004. Il en a aussi présidé, à deux reprises, la Chambre des pouvoirs locaux et une fois la Chambre des régions, tout en représentant les villes et les régions d’Europe auprès de plusieurs autres structures internationales.

Vous avez siégé au Congrès pour la première fois en 1996, et vous y avez occupé ensuite les plus hautes fonctions à plusieurs reprises. Comment est né votre intérêt pour l’Europe ?

Herwig van Staa : Je me suis tourné vers l’Europe un peu par tradition, et un peu par hasard. Innsbruck, la ville dont j’ai été maire de 1994 à 2002, est très ouverte sur  l’Europe, et mon prédécesseur, Alois Lugger, en a fait une véritable ville européenne. J’ai donc repris cette tradition, et j’ai été en même temps chargé des politiques municipales au sein du parti populaire autrichien (ÖVP), puis du Parti Populaire Européen (PPE) : c’est ainsi que je suis entré dans la vie politique européenne, y compris au Congrès.

Quels ont été selon vous les réalisations les plus importantes du Congrès ?

Herwig van Staa : En premier lieu la Charte européenne de l’autonomie locale, mais il faut aussi citer la Charte sur les langues régionales ou minoritaires ainsi que le développement de la régionalisation et la concrétisation du principe de subsidiarité. Nous avons donné un cadre européen à la démocratie régionale, même si je regrette que nous n’ayons pas pu obtenir une charte de l’autonomie régionale contraignante, comme c’est le cas pour la Charte de l’autonomie locale.

Comment voyez-vous l’avenir de la régionalisation en Europe, à l’heure où certaines grandes régions s’interrogent même sur une éventuelle indépendance ?

Herwig van Staa : Je pense que ni les Etats, ni les régions n’ont vraiment intérêt à modifier les cartes actuelles de l’Europe. Par contre, certaines régions diffèrent fortement du reste de leur Etat d’appartenance pour des raisons géographiques, historiques ou culturelles. Le Congrès incite les pays et les régions concernées à se doter de statuts juridiques particuliers, pour mieux tenir compte de ces spécificités tout en prévenant les tentations séparatistes. D’autre part, il faut tenir compte de la volonté de l’ensemble des régions européennes de mieux gérer les affaires qui les concernent, en accord avec les autres niveaux de gouvernement. Pour cette raison, nous soutenons la Charte européenne de la gouvernance à multiniveaux proposée par le Comité des Régions de l’Union européenne en vue , et qui aura un caractère contraignant. Ce texte  conduira à une meilleure participation des autorités locales et régionales dans le développement et la mise en œuvre des politiques et normes européennes et nationales.

Quelles autres évolutions pourrait-on imaginer?

Les régions de demain travailleront plus étroitement ensemble, et pourront se regrouper en « macro régions » et en Eurorégions. Enfin, les régions, comme les communes, devront être plus inclusives et plus proches des citoyens afin que ceux-ci puissent mieux participer à leur fonctionnement. Par ailleurs, les collectivités territoriales, et notamment les communes, seront amenées à travailler plus étroitement les unes avec les autres, voire à se regrouper. Ces opérations doivent se faire de manière volontaire et concertée, et le Congrès prépare actuellement un rapport portant sur l’étendue de la consultation des collectivités territoriales.