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Réf. DC 63(2017)

11.05.2017

Le manque de moyens et l’attitude passive des autorités nationales constituent les principaux obstacles en matière de protection des langues minoritaires en Arménie

L’État arménien et ses habitants ont une attitude respectueuse envers les cultures et les langues. La législation et la réglementation du pays sont conformes à ses obligations visant à promouvoir l’usage des langues régionales et minoritaires dans la vie publique. Néanmoins, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour mieux faire connaître les langues et les cultures minoritaires du pays, régler le problème du manque de moyens et faire évoluer l’attitude des autorités en matière de protection des langues minoritaires.

Tels sont les principaux constats du nouveau rapport sur la mise en œuvre des engagements souscrits par l’Arménie au titre de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, publié ce jour. Ce rapport porte sur la période courant jusqu’à la fin du mois de mai 2016 et s’intéresse particulièrement aux mesures prises pour promouvoir les cinq langues minoritaires reconnues par l’Arménie et protégées en vertu de la Charte, à savoir l’assyrien, le grec, le kurde, le russe et le yézide.

Du côté positif, plusieurs mesures ont été prises pour promouvoir ces langues et des progrès ont été relevés en ce qui concerne la publication des manuels scolaires. La place du russe ne suscite pas de préoccupations particulières. C’est la seule langue minoritaire dans laquelle un enseignement bilingue est dispensé à différents niveaux d’enseignement.

En revanche, la situation du grec n’est pas conforme aux obligations contractées par l’Arménie. Le grec du Pont risque de disparaître en tant que langue minoritaire en Arménie. Le soutien au grec par des actions déterminées des autorités publiques est essentiel.

Des faiblesses dans la promotion de l’assyrien, du kurde et du yézide sont manifestes. Ces trois langues minoritaires n’ont qu’une présence marginale dans les médias publics et privés, malgré des dispositions juridiques propices. Les enseignants qualifiés sont en nombre insuffisant. Les faiblesses enregistrées tiennent principalement au manque de moyens, qui touche particulièrement l’enseignement et les médias.

D’après le rapport, le soutien de l’Arménie aux langues minoritaires se limite souvent à des festivals folkloriques ou à la mise à disposition de locaux pour diverses manifestations initiées par les minorités elles-mêmes. Les experts du Conseil de l’Europe notent la tendance des autorités arméniennes à assigner la responsabilité de la mise en œuvre de la Charte aux autorités locales et aux communautés des minorités nationales et à justifier par cela l’absence de mesures proactives de leur part. L’attitude passive des autorités donne l’impression que la protection des langues minoritaires relève de la responsabilité des minorités elles-mêmes. Or, comme le soulignent les experts, la Charte impose aux autorités, et non aux minorités, l’obligation de promouvoir et de protéger les langues minoritaires.

La Charte des langues régionales ou minoritaires est entrée en vigueur en mai 2002 en Arménie.

Contact : Tatiana Baeva, Porte-parole/Attachée de presse, Tél. +33 3 88 41 21 41