32e Session du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe

La participation des jeunes au centre de la discussion sur la qualité de la participation démocratique au niveau régional

Rendre le processus démocratique plus attractif et accessible aux jeunes ! Pour les représentants des collectivités régionales cet enjeu est primordial dans leurs efforts destinés à améliorer la qualité de la participation démocratique au niveau régional. Des actions à plusieurs niveaux s’imposent: éducation civique, consultation, collaboration et codécision. Les expériences positives présentées lors du débat, organisé le 29 mars 2017 en Chambre des régions, mettent en lumière l’importance des conseils consultatifs de jeunes et le rôle prépondérant du numérique.

D’après Elliot Herman, porte-parole du Conseil de la Jeunesse de la Fédération Wallonie Bruxelles, c’est en travaillant sur ces différents domaines que l’on peut remédier à la situation désastreuse, constatée par une enquête de la télévision publique belge : « 90 % de jeunes francophones n’ont pas confiance en la politique et 98 % pensent que les hommes et les femmes politiques sont corrompus ». La méfiance vis-à-vis du « système » est ce qui, d’après un délégué de Moldova, devrait motiver une réforme radicale de nos démocraties. Réforme inspirée par l’exemple de démocratie participative à la suisse: « Les citoyens ne veulent pas être éduqués, ils voudraient en revanche participer au processus de prise de décisions, même lorsqu’il s’agit de voter pour la construction d’un jardin d’enfants. »

Des initiatives régionales pour la participation des jeunes

Les participants au débat ont échangé à propos de plusieurs bonnes pratiques sur la manière d’associer les jeunes aux prises de décisions au niveau régional. Le principe d’assemblées consultatives de jeunes est, par exemple, déjà très répandu dans de nombreux pays membres. La région des Marches en Italie a mis en place des plateformes électroniques délibératives où des milliers d’utilisateurs se joignent à diverses propositions législatives, tandis que le Parlement Jeunesse de la Région Wallonne permet aux jeunes de participer à l’élaboration de la stratégie wallonne de développement durable. En Alsace, le Parlement Alsacien des Jeunes (PAJ) joue le même rôle consultatif. Depuis 2011, le PAJ se saisit de toutes questions de son choix et contribue, par ses recommandations et propositions, à faire évoluer les politiques régionales. Une assemblée du même type se constitue actuellement à l’initiative du Commissaire du roi des Pays-Bas pour les jeunes dans la province de Fryslân. Ce Conseil des jeunes de Fryslân travaillera en coopération avec le Conseil de la province. En Turquie, des élections dans les écoles secondaires permettent d’élire des représentants d’une assemblée de jeunes que les autorités régionales consultent une fois par mois.

Le numérique au service de la démocratie

Le débat a clairement démontré qu’à des degrés différents, toutes ces initiatives bénéficient d’outils numériques, et de l’Internet. Agée de 20 ans, Gloria Vitaly, présidente du Réseau Régional des Jeunes auprès de l’Assemblée des Régions d’Europe, a insisté sur le fait que la E-democracy contribue au renforcement de la démocratie en ouvrant un nouvel espace politique pour les jeunes qui n’adhèrent pas forcément au langage traditionnel des médias et des politiciens. D’après Mme Vitaly, les jeunes ont cruellement besoin de s’approprier l’espace numérique avec l’aide de leurs aînés qui devraient assurer la sécurité du Net où des discours de haine se répandent impunément. Alexei Orlov (Fédération de Russie, PPE/CCE), représentant de la République de Kalmoukie a souligné, quant à lui, l’importance des outils numériques pour la gestion démocratique d’un vaste territoire, comme sa République où la population est très dispersée.

Les outils numériques ne sont pourtant pas la panacée pour la démocratie en crise. Un certain nombre de participants ont rappelé que la fracture numérique doit être prise en compte et réduite par tous les moyens. Il est important également de prendre en compte le fait que la participation aux débats politiques sur le Web se caractérise par une rapidité, voir une volatilité des réactions. Pour Elliot Herman, l’e-democratie représente avant tout un moyen d’inclure les citoyens dans les processus d’information et de consultation, mais ne constitue pas une véritable révolution démocratique. Les technologies telles que Skype, Facebook, Whats App, Snapshat, You Tube, sont de nouveaux supports à la relation entre les citoyens et les élus, mais elles ne changent pas profondément les liens déjà présents en réalité. Garder une prise sur le réel, semble un enjeu crucial pour les jeunes qui tendent à se réfugier dans un univers virtuel. Car, la politique c’est justement la gestion du réel et des contradictions qui le composent.