«Vers une alliance des villes européennes face à l’extrémisme violent» - Conférence internationale des pouvoirs locaux sur la prévention de la radicalisation menant à l’extrémisme violent – (Aarhus, 18 novembre 2015)

Discours de Jean-Claude Frécon, Président du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe

Session d’ouverture

Aarhus (Danemark), 18 novembre 2015

Vérification à l’écoute

C’est avec grand plaisir que je prends la parole devant vous aujourd’hui à Aarhus, en ma qualité de Président du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe.

Je tiens d’abord à remercier nos hôtes, Jacob Bundsgaard, maire d’Aarhus et Ahmed  Aboutaleb, Maire de Rotterdam, pour avoir proposé d’accueillir cette conférence dans une ville où la question de la déradicalisation est traitée depuis près de 10 ans, sur le thème stratégique de l’«Alliance des villes européennes face à l’extrémisme violent ».

Les attentats terroristes perpétrés ce week-end à Paris, et ces derniers mois dans différentes villes d’Europe par des hommes armés, faisant partout des victimes innocentes, jusqu’à ce bain de sang épouvantable vendredi dernier, ont mis en lumière le fait que nos communes doivent prendre davantage l’initiative pour participer efficacement à la lutte contre l’extrémisme.

Vous comprendrez qu’en tant qu’élu français, en tant que sénateur de la République française, je m’arrête un instant sur les évènements parisiens.

Paris, ville symbole de culture, symbole de liberté vient d’être frappée à nouveau par le terrorisme de Daesh.

Cette fois-ci, la population visée par les terroristes représente la jeune génération. Celle qui se retrouve aux terrasses des cafés le soir venu, celle qui dîne au restaurant, celle qui fréquente les salles de concert, et cela dans des quartiers mélangés, où les cultures se croisent, s’échangent et se marient. C’est ce mode de vie-là que les terroristes ont visé. C’est ce bonheur-là d’être ensemble qu’ils ont voulu assassiner.

Et je veux le dire solennellement au-delà de la tristesse, au-delà de ces vies fauchées avant même d’avoir été vécues, ce « vivre ensemble » dans le respect des différences, dans le respect des religions nous le maintiendrons. Notre capacité de résistance, de résilience, nous la maintiendrons.  

Aujourd’hui et demain, le monde libre que nous représentons continuera de protéger ce modèle de société et les valeurs des droits de l’homme de la démocratie et de l’état de droit.

Et nous élus locaux avons notre rôle à jouer dans les mois qui viennent, dans les années qui viennent, pour contribuer à cette lutte contre la radicalisation et contre le terrorisme.

Dans les quelques 200 000 collectivités territoriales des 47 pays du Conseil de l’Europe, il y a plusieurs millions d’élus locaux en contact direct avec leur population en connaissance précise de leur territoire, de leurs quartiers. Ces élus constituent un formidable réseau qui encadre nos communautés.

Ils en connaissent les membres, souvent personnellement, ils sont les mieux à même de prévenir les dérives de radicalisation et parfois même les signes annonciateurs de futures dérives. Ils ont une capacité d’intervention précoce que personne ne peut avoir avec la même justesse d’analyse. C’est cette capacité là que nous devons mettre en œuvre dans nos communautés par tous les moyens.

Et je vous invite aujourd’hui, et dans les réunions que nous aurons à l’avenir, de réfléchir à la manière et aux façons d’organiser cette intervention au plus près des citoyens, au plus près des dérives que nous constatons.

Car nous le voyons bien, ne nous cachons pas derrière la poudrière Syrienne, que les individus envoyés par Daesh, manipulés par Daesh, viennent pour beaucoup d’entre eux de nos quartiers. Ils ont pour beaucoup d’entre eux l’une de nos nationalités.

Monsieur le Maire,

Mesdames et Messieurs,

Je ne viens pas aujourd’hui avec des réponses toutes faites, réponses qu’au demeurant nous allons devoir trouver ensemble, je vous présente seulement les défis auxquels nous devons faire face et le rôle essentiel que les élus locaux peuvent jouer à cet égard. Et je suis très heureux que cette conférence ait été maintenue malgré les terribles évènements qui ont frappé Paris vendredi.

Dans une déclaration que j’ai faite samedi dernier, j’ai parlé de l’esprit de résistance et de l’esprit résilience. Nous, élus locaux et régionaux, devons, avons le devoir, je viens de le dire, avec nos compétences, avec nos capacités, qui sont essentielles et uniques, de faire preuve de cet esprit de résistance indispensable à la lutte que nous menons.

Faisons en sorte de faire partager cette conviction au plus grand nombre, au-delà de cette première conférence qui j’en suis convaincu, ouvrira un cycle de mobilisation pour nos collectivités.

Je vous remercie.