28ème Session du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe – 24-26 mars 2015

La lutte antiterroriste: un enjeu local

Les villes ont un rôle essentiel à jouer dans le combat contre le terrorisme en luttant contre les amalgames, les exclusions, les replis communautaires  et en encourageant la participation de tous les citoyens à la vie de la cité. Elles doivent échanger avec d’autres villes pour partager leurs expériences. Un débat d’urgence organisé dans le cadre de la 28ème Session du Congrès, mercredi 25 mars 2015, par la Chambre des pouvoirs locaux sur “les villes contre le terrorisme” a fait le point sur la question en évaluant les menaces intérieures et extérieures qui pèsent sur les villes.

Dans sa présentation devant la Chambre des pouvoirs locaux, Guilherme Pinto, Président du Forum européen pour la Sécurité urbaine (FESU), a souligné que “c’est au cœur des villes que l’on trouvera les meilleures réponses au phénomène du terrorisme car la ville est resté un lieu de confiance entre les élus et les citoyens”. M. Pinto a rappelé que “le terrorisme d’aujourd’hui n’est pas le même qu’hier, de même que les terroristes d’aujourd’hui ne sont pas simplement des étrangers comme auparavant mais des citoyens qui vivent parmi nous”. Il a mis l’accent sur la prévention en précisant que “sur les questions de délinquances, les politiques de prévention sont plus efficaces et moins chères”. Appelant les villes à se réunir en réseaux contre le terrorisme, il a affirmé que “le Congrès a le devoir d’inciter les villes à partager leurs expériences dans le domaine de la lutte contre le terrorisme”. Le Président du FESU a également appelé les pouvoirs locaux à faire de la participation des citoyens “un principe transversal des politiques de sécurité” en associant la société civile à tous les processus de ces politiques.

Des participants au débat ont attiré l’attention sur le danger que pourrait représenter l’amalgame entre musulmans et terroristes”. Ils ont également souligné que le prolongement des conflits au Proche et Moyen-Orient, notamment en Syrie, pouvaient avoir des conséquences dramatiques pour tous les pays d’Europe.

Le Maire de Kobané, ville syrienne peuplée de kurdes à la frontière turque, Mustapha Abdi, s’est d’ailleurs exprimé au cours de ce débat. Il a décrit, notamment, les attaques que la ville a subies, pendant plusieurs mois en 2014, de la part de l’état islamique. Ajoutant que sa ville était devenue “la capitale mondiale de la résistance contre Daech”, M. Abdi a indiqué que Kobané était « en ruine et incapable d’assurer à ses habitants les services de base, tels que l’eau potable, la nourriture, les médicaments”. Précisant que 70% de la ville a été détruite lors des attaques, M. Abdi a appelé le Congrès à se rendre à Kobané afin de constater la situation sur place.

Qualifiant la ville de Kobané de “symbole de lutte contre la barbarie”, des membres de la délégation française au Congrès ont annoncé l’initiative de leur délégation nationale qui appellera les collectivités françaises à apporter leur aide à Kobané. Ils ont été suivis par d’autres délégations nationales qui ont identifié avec le maire de Kobané le type d’aide qu’elles pouvaient le plus utilement apporter à la ville.

Dans une Déclaration adoptée le lendemain, le Bureau du Congrès a déploré “la dévastation de la zone de Kobané et la situation très difficile de la population, qui n’a actuellement aucun accès à l’électricité, à l’eau, à l’assainissement, à une alimentation suffisante ou autres services nécessaires à la vie quotidienne. Le Bureau a appelé tous les Etats membres et les partenaires internationaux à intensifier leur soutien aux agences de l’ONU et aux pays voisins de la Syrie en élargissant l’aide humanitaire à la population syrienne”.  

Reconnaissant le rôle important que la Turquie, en tant qu’Etat membre du Conseil de l’Europe, a joué et continue de jouer dans la fourniture d’abris aux nombreux réfugiés syriens sur le territoire turc et dans l’aide humanitaire qui a été fourni à la population syrienne, notamment à travers les corridors qui ont été établis le long de la frontière, le Bureau a appelé les autorités turques  “à garder leur frontière ouverte, avec un corridor permanent et sûr, et à permettre le libre passage de tout convoi de médicament et de matériel sanitaire ainsi que des vivres indispensables, des vêtements et des fortifiants pour les populations civiles, et de permettre légalement la libre circulation des habitants de la région”.