Onno van Veldhuizen : « Au final, les droits de l’homme devraient être au cœur des politiques locales »

Pour Onno van Veldhuizen (Pays-Bas, GILD), Président de la délégation néerlandaise et Vice-président du Congrès, le respect et la promotion des droits de l’homme, y compris au niveau local, conditionnent l’avenir et la qualité de la société européenne. Leur mise en œuvre et leur suii doivent être placés au cœur de l’action du Congrès, insiste-t-il dans une interview.

Interview – 15.11.2010

Question : La ville dont vous êtes maire, Hoorn, a mis en place un certain nombre d’institutions pour promouvoir concrètement les droits de l’homme sur le plan local. Comment fonctionnent ces structures ?

Onno van Veldhuizen : Il existe à Hoorn un « bureau de l’article premier », en référence à la Constitution qui garantit à tous un traitement égal, sans discrimination. Les personnes qui se sentent discriminées, quelle qu’en soit la raison, peuvent y exposer leur cas et y trouver de l’aide. Mais nous travaillons aussi au maintien du dialogue entre toutes les communautés, ce qui est important dans notre ville de 70 000 habitants qui compte près de 150 nationalités ! Il y a des réseaux de rencontres, des débats réguliers et, par exemple, j’ai participé récemment, dans une mosquée qui comprend quelques membres radicaux, à un débat unique et public sur  la liberté religieuse  : se parler et échanger, c’est le meilleur moyen de prévenir les conflits.

Question : Votre engagement pour les droits de l’homme, sur le terrain, correspond bien aux nouvelles priorités du Congrès dans ce domaine. Tous les élus locaux sont-ils assez sensibilisés à leur importance ?

Onno van Veldhuizen : Je crois qu’ils devraient être plus conscients que tout ce que l’on dit et fait, en tant que responsable politique, a des conséquences immédiates au niveau des droits de l’homme. Le droit à l’enseignement, la question du mariage homosexuel, la naturalisation des étrangers, constituent par exemple autant de questions de droits de l’homme. Je suis inquiet pour l’avenir de ces droits, y compris dans mon pays, et il faut vraiment que les élus locaux les intègrent plus étroitement  dans leur action quotidienne. Il faut rappeler aussi que droits de l’homme et démocratie sont étroitement liés et que l’un ne va pas sans l’autre. Je suis d’ailleurs très heureux que le Conseil de l’Europe ait choisi de s’occuper maintenant activement des problèmes des Roms.

Question : Le Congrès a décidé de recentrer ses activités sur le monitoring et les observations d’élections : cette nouvelle stratégie vous parait-elle appropriée, et suffisante pour assurer son avenir ?

Onno van Veldhuizen : Elle est tout à fait justifiée, le Congrès ne peut pas fonctionner comme un supermarché offrant une multitude d’activités ! Cela étant, il faut aussi renforcer sa visibilité. Il faudrait faire une enquête auprès de tous les élus locaux d’Europe pour voir combien d’entre eux connaissent le Congrès et la Charte de l’autonomie locale, et agir en fonction des résultats de ce travail. Si nous ne sommes pas assez connus, notre influence ne pourra jamais être ce qu’elle devrait être. Et, je le dis clairement, si nous ne sommes pas assez visibles, nous finirons par perdre notre raison d’être.