Interview - 29.09.2010

Roland Ries : « Strasbourg s’engage fortement pour les programmes et activités du Congrès »

Ville hôte du Conseil de l’Europe et du Congrès, Strasbourg est aussi une ville pilote en matière de politique européenne. Tout en concrétisant sur place les programmes établis par ces structures, elle se veut exemplaire en matière de participation des citoyens et de coopération transfrontalière, explique son maire Roland Ries dans une interview. 

Question :   Vous avez annoncé il y a quelques semaines la volonté de Strasbourg de renforcer sa participation à la « Semaine européenne de la démocratie locale » (SEDL), avec le statut de « ville aux 12 étoiles ». Concrètement, quelles seront les opérations menées par la ville au cours de la prochaine SEDL ?

Roland Ries : Cette année, nous  invitons tous les habitants à s’exercer à la démocratie à l’agora place Kléber. D’autre part, nous explorons le champ de la démocratie participative « sans frontières », à travers différentes initiatives dont  la 8ème rencontre du Club de Strasbourg sur l’accueil et l’intégration des populations Rom et des résidents étrangers dans les villes.  Les citoyens pourront aussi s’exprimer via un site internet sur leurs attentes concernant les services que l’Eurodistrict pourrait leur apporter. Nous lancerons également des actions au niveau national et international avec le club de Strasbourg et l’ensemble des instances représentatives de résidents étrangers de France et d’Europe qui se rassembleront à Strasbourg à cette occasion. Au total, une trentaine d’actions sont prévues.

Question :    Comment se déroule la coopération entre les élus locaux français et allemands dans le cadre de l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau, et qu’envisagez-vous pour renforcer cette dernière, mais aussi pour mieux associer les citoyens aux processus de décisions ?

Roland Ries : La création du Groupement européen de coopération territoriale ( GECT)  en février dernier a permis de franchir à une étape importante pour le renforcement de cette coopération. En outre, à coté du Bureau et du Conseil, nous allons installer des commissions thématiques d'élus qui relaieront le travail de groupes d'experts consacrés au sujet permettant d'améliorer la vie quotidienne dans l'Eurodistrict. Il existe aussi une commission Strasbourg-Kehl, avec une réunion commune des conseils municipaux.

D'ici un mois sera lancée la première plate-forme participative transfrontalière. Les citoyens pourront s'exprimer sur leur vision de l'Eurodistrict, leurs préoccupations, suggérer des améliorations et des idées. Ce temps fort de la construction de ce territoire pionnier sera relayé par des contacts directs avec les élus sous forme de "chats en ligne". Les résultats de ces échanges serviront à alimenter le projet de territoire de l'Eurodistrict  qui sera conçu prochainement.

Question :    En 2009, vous avez présenté au Congrès un projet de coopération entre les élus  locaux strasbourgeois et leurs homologues de plusieurs pays d’Europe du Sud-Est et du Caucase, qui portait notamment sur la formation et la démocratie.  Où en est ce projet et comment fonctionne-t-il ?

Roland Ries : Lors de la SEDL  2009, mon adjointe aux relations internationales et européennes, Nawel RAFIK-ELMRINI a  organisé une table ronde avec l’Association des Agences de la Démocratie Locale (ALDA), sur le thème : « La coopération transfrontalière et interrégionale : quel rôle joue le citoyen ?». Cet échange d’expériences avec nos homologues de Subotica  (Serbie) et de la Région Euro-Caucasus, entre l’Arménie et la Géorgie,  nous a montré que nous faisons face à des problématiques communes et que nous pouvons apprendre beaucoup des initiatives des uns et des autres.

Cette table ronde est à rapprocher des échanges entre élus qui ont eu lieu depuis 2003 dans le cadre du Club de Strasbourg,  réseau informel de 38 villes, capitales d’Etat et métropoles régionales, créé pour accompagner l’élargissement de l’Union européenne aux pays de l’Europe centrale et orientale. Ce réseau s’attache aujourd’hui à faire vivre les valeurs fondamentales de l’Europe dans les politiques publiques locales menées par les villes, en étroite coopération avec le Conseil de l’Europe. Il a vocation à s’élargir à toutes les villes européennes qui souhaitent apporter leurs expériences sur les thématiques abordées. La prochaine réunion se tiendra le 14 et 15 octobre prochains, dans le cadre de la SEDL.

Question :   En tant que ville hôte du Conseil de l’Europe et donc du Congrès, Strasbourg envisage-t- elle de promouvoir sur place d’autres actions menées par ce dernier – à l’image par exemple de la campagne contre la violence domestique- ,et si oui lesquelles ?

Roland Ries : Strasbourg  s’engage  fortement en faveur des politiques et programmes de ces institutions. La signature le 7 mai dernier d’un accord de partenariat entre la Ville de Strasbourg en est un récent témoin. Strasbourg fait partie des villes pilotes du label européen de la bonne gouvernance du Conseil de l’Europe, un outil développé par le Conseil de l’Europe pour récompenser les villes européennes pour leur engagement en faveur des 12 principes fondamentaux de la Stratégie sur l’Innovation et la Bonne Gouvernance locale.

Nous nous engageons par ailleurs aux côtés du Conseil de l’Europe et du Congrès pour améliorer l’accueil et l’intégration des populations Roms et des résidents étrangers au niveau local. La Ville de Strasbourg a aussi rejoint le réseau CLIP (Cities for Local Integration Policy) initié par le Congrès et y participe activement. 

Enfin, à l’occasion du 60ème anniversaire de la Convention européenne des droits de l’homme,  le 4 novembre, nous organisons avec nos villes partenaires un séminaire de jeunes dans le cadre du projet européen « Hurry up ! » et soutenons différentes actions au niveau local.