Kathrin Hilber: “Les pouvoirs locaux doivent prouver qu’ils attachent de l’importance à la participation des citoyens”

Kathrin Hilber (Suisse, SOC) Chef du Service de l’Intérieur at membre du Gouvernement du Canton St Gallen, représentait la Suisse à la conférence ministérielle de Utrecht, sur la bonne gouvernance aux niveaux local et régional en périodes difficiles: le défi du changement. Dans cette interview elle exprime sa vision sur les points forts de la conférence.

Interview, le 17 novembre 2009

L’un des grands thèmes de la conférence d’Utrecht a été la question du rôle des régions en Europe. Le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l'Europe souhaiterait que soit adopté un instrument juridiquement contraignant, comparable à la Charte européenne de l’autonomie locale, alors que les gouvernements des 47 Etats membres du Conseil de l'Europe se sont prononcés en faveur d’un accord-cadre dépourvu de tout caractère contraignant. Quel regard portez-vous sur cette situation, vous qui représentez un pays, la Suisse, où la décentralisation joue traditionnellement un grand rôle ?

Ma vision est avant tout pragmatique. Les régions n’ont d’avenir en Europe que si les pays disposent d’une marge de manœuvre suffisante pour adapter les mesures préconisées à leurs besoins. Agir avec pragmatisme, c’est procéder par domaine : par exemple, encourager la coopération transfrontalière entre les régions dans des domaines comme les transports, la sécurité ou la formation. En ce sens, je suis satisfaite de la solution qui a été trouvée ici, à Utrecht.

La participation des citoyens aux niveaux local et régional a été un autre grand thème de la conférence ministérielle d’Utrecht. Il y a deux ans, le Conseil de l'Europe a lancé la « Semaine Européenne de la Démocratie Locale » (SEDL). En quoi cette opération de relations publiques peut-elle encourager les citoyens à prendre des responsabilités dans leurs collectivités locales ?

Je pense qu’aujourd’hui, la politique ne peut plus se passer d’animations comme la SEDL. Mais nous devons aussi poser des actes concrets ; les autorités doivent prouver concrètement, sur le terrain, qu’elles attachent de l’importance à la participation des citoyens, en agissant dans des domaines bien précis. A mon avis, les domaines d’action à privilégier sont ceux qui sont liés à la société de l’information, tels que le vote électronique et la gouvernance électronique. J’estime que, à cet égard, l’Europe est bien placée et qu’elle va – et doit – utiliser ces nouveaux outils pour associer plus étroitement les citoyens à la gestion des affaires publiques.

La Suisse est sur le point de prendre la présidence du Comité des Ministres du Conseil de l'Europe. Que signifie cette responsabilité pour votre pays et quelles sont les priorités, du point de vue de quelqu’un qui défend des intérêts régionaux ?

C’est bien connu, pour la Suisse, la question de l’Europe n’est pas simple. C’est pourquoi je me réjouis de la possibilité qui nous est donnée, dans le cadre du Conseil de l'Europe, de participer à la promotion des droits de l'homme et de la démocratie au cours des six prochains mois. La présidence suisse va aussi aider le Conseil de l'Europe à se recentrer sur ses missions premières. En tant que représentante du gouvernement de Saint-Gall, je me réjouis bien sûr tout particulièrement que mon canton organise au printemps prochain, en collaboration avec l’université de Saint-Gall, une conférence sur le thème « démocratie et décentralisation ».