P-PG/MinConf (2010) 2

11 octobre 2010

Résumé des résultats et réalisations du Groupe Pompidou entre 2007 et 2010

Avant-propos de la Présidence

Répondre aux besoins des décideurs politiques

Nous ne cessons de nous poser la question : qu'est-ce qui ressort du travail du Groupe Pompidou ? - quelle est son utilité pour nos gouvernements ? Afin d’apporter un élément de réponse, le gouvernement polonais s’est efforcé, au cours de ses quatre années à la présidence du Groupe, de 2007 à 2010, de mieux répondre aux besoins des décideurs politiques.

L’instauration d’une coopération régulière avec les organisations européennes et internationales constituait, pour la présidence polonaise, une priorité. Afin d’éviter tout double emploi et dans l’espoir de créer des synergies, nous nous sommes employés – avec succès – à réunir régulièrement les principales parties prenantes, à savoir la Commission européenne, les présidences et troïkas de l’UE, l’OEDT, l’ONUDC et l’OMS. Ce groupe interinstitutionnel a lancé le débat sur « Spice » et les euphorisants légaux au sein du Groupe Pompidou, a contribué à promouvoir le Registre européen sur la recherche, a participé à l’étude de faisabilité sur une éventuelle convention-cadre sur la santé publique et a ouvert le dialogue sur la dimension des droits de l’homme dans les politiques en matière de drogues.

Formation pilote 2010

A la suite de discussions tenues lors de la Conférence de mi-mandat, dont il est ressorti que les politiques en matière de drogues ont tendance à manquer de cohérence et que leur application effective répond rarement aux attentes, la Présidence polonaise du Groupe Pompidou s’est attachée à étudier le problème. Nous sommes convaincus que le Groupe Pompidou est tout particulièrement compétent pour contribuer à améliorer la situation. La nouvelle « Formation pilote » du Groupe Pompidou lancée par la Présidence vise à donner les moyens aux Etats membres d’obtenir des résultats plus concrets et vérifiables en matière de conception et de mise en œuvre des politiques de lutte contre les drogues. En 2010, nous avons mis en place un cours de formation pilote pour les responsables des politiques antidrogue, le but étant d’ajouter une nouvelle dimension permanente au renforcement des capacités, domaine dans lequel le Groupe Pompidou a fait preuve de sa compétence.

En outre, nous avons également dû nous interroger sur la pertinence du Groupe Pompidou par rapport aux besoins et sur la question de savoir si nous répondions toujours aux attentes de nos gouvernements.

Modifier les structures et les méthodes de travail

Afin d’évaluer la capacité du Groupe Pompidou à répondre aux besoins des décideurs politiques, et donc de voir nos activités se concrétiser dans les Etats membres, une analyse SWOT sur les forces, les faiblesses, les opportunités et les menaces a été lancée et effectuée sous la direction de notre Présidence. Cette analyse a permis aux correspondants permanents de conclure que si les « plateformes », dans leur concept, leur structure et leurs méthodes de travail actuelles, ont bien rempli leur fonction, un ajustement est nécessaire si l'on veut mieux répondre aux besoins des décideurs politiques dans nos capitales.

Par conséquent, de nouvelles méthodes de travail ont été adoptées, en vertu desquelles les correspondants permanents, qui sont les plus proches des décideurs politiques, reprennent les commandes en matière de décision sur les activités concrètes à mener et les résultats attendus. Un programme de travail plus souple, tenant compte de la flexibilité du Groupe – atout reconnu -, ainsi que des structures moins lourdes et un Bureau plus proche des correspondants permanents permettront au Groupe de mener ses activités en suivant étroitement les évolutions en temps réel.

L’avenir du Groupe Pompidou

Je suis convaincu qu’en rénovant la structure et les méthodes de travail du Groupe Pompidou, nous avons redonné à celui-ci les moyens qui s’imposaient pour répondre aux besoins des décideurs politiques et offrir un cadre où les gouvernements puissent continuer à œuvrer activement en faveur d’une vision et de principes communs.

De toute évidence, cette réorientation exige des ressources et une gestion efficiente de ces dernières.  Or, on ne saurait cacher que les ressources du Groupe Pompidou sont quelque peu limitées. Mais cette situation montre clairement la voie à suivre : il faut concentrer les efforts et mettre en commun les ressources. Le Groupe Pompidou peut renforcer son impact en définissant une ligne d’action précise pour ses travaux et en instaurant une coopération plus étroite avec ses partenaires clés. Le plus logique semblerait de mettre au point un programme de travail cohérent qui serait placé sous un thème global, unique au Groupe Pompidou et au Conseil de l’Europe, et de mettre en œuvre ce programme en étroite coopération avec l’UE et ses institutions.

Mettre les droits de l’homme au premier plan

Récemment, de nombreuses personnalités éminentes, spécialistes ou membres d’organisations internationales, ont plaidé en faveur de la nécessité de placer les droits de l’homme au cœur de ces politiques. Je partage cette vision des choses et suis convaincu que des politiques de lutte contre la drogue fondées sur les droits de l’homme :

-          peuvent sauver des vies, car elles contribuent à prévenir les décès par overdose et les problèmes de santé liés à l’usage de drogues en mettant en place des interventions de première ligne fondées sur les besoins ;

-          peuvent proposer des mesures de traitement et de désintoxication plus efficaces en se focalisant sur les besoins individuels, réduisant ainsi le nombre d’usagers de drogue ;

-          faciliteront plus efficacement la conception de solutions de prise en charge globale, réduisant le risque élevé de récidive et de rechute après l’incarcération ;

-          offriront un éventail plus large de formules spécifiques qui permettront à un plus grand nombre d’usagers de drogue d’accéder à une prise en charge et à un traitement et d’être réinsérés, au lieu de rester dans la rue ou en prison ;

-          clarifieront, pour les services répressifs et la justice, les normes des droits de l’homme et les renseigneront ainsi plus clairement sur les mesures qu’ils peuvent prendre, ce qui leur permettra en retour d’agir plus promptement ;

-          feront de la société civile et des groupes cibles, notamment des usagers de drogue, des partenaires actifs de l’élaboration des politiques en matière de drogues, renforçant ainsi la dimension de cohésion sociale dans ces politiques et limitant le risque de marginalisation des groupes à risque ;

-          constituent un point de départ pour dépasser les visions conservatrices d’un équilibre nécessaire entre répression et prévention, permettant ainsi aux gouvernements de faire un pas de plus en avant dans la lutte contre les drogues illicites.

Par «  droits de l’homme », il faudrait entendre les droits juridiques consacrés par les conventions existantes du Conseil de l’Europe. C’est seulement si l’on fait cette distinction que les débats aboutiront à des résultats concrets pour les décideurs politiques, au lieu de s’étendre sans fin sur la question de l’interdiction ou de la légalisation.

En s’engageant sur cette voie, le Groupe Pompidou contribuera de manière essentielle à façonner l’ère post-UNGASS aujourd’hui. Qui plus est, il montrera que l’application effective des droits de l’homme dans les politiques en matière de drogues peut concourir à réduire l’usage de substances psychoactives. Le Groupe Pompidou est l’endroit idéal pour entreprendre ce travail puisqu’il a été la première organisation à étudier les questions éthiques et de droits de l’homme en relation avec les politiques en matière de drogues. 

Dr. Piotr Jablonski

Président des Correspondants permanents                                             Varsovie, novembre 2010


Principales réalisations 2007 - 2010

Au cours des 30 dernières années, le Groupe Pompidou a élaboré des outils qui ont permis aux décideurs et aux responsables politiques de mettre en œuvre des politiques pour lutter contre l'abus et le trafic de drogues illicites et les problèmes qui y sont associés. Étant donné que les réponses politiques ne sauraient reposer uniquement sur des preuves scientifiques mais doivent aussi prendre en compte les cadres juridiques, l'opinion publique et les spécificités culturelles, le Groupe Pompidou constitue l'unique forum en Europe où tous ces aspects font l'objet de débats ouverts. La capacité du Groupe à faire le lien entre la politique, la pratique et la recherche, associée à un degré élevé de flexibilité, est très appréciée des Etats membres et a conduit à de nombreuses initiatives importantes au fil du temps, qui continuent d’apporter une grande valeur ajoutée dans l'élaboration des politiques de lutte contre la drogue. Ce qui suit est un résumé des principales réalisations dans le cadre du programme de travail 2007 – 2010.

La prévention

Deux publications ont été produites pour soutenir les décideurs politiques : un manuel à l'intention des autorités locales et régionales sur l'organisation de la prévention de la toxicomanie dans les environnements de loisirs et une publication sur l’évaluation de la prévention de la toxicomanie. Le Groupe Pompidou a mis au point des Programmes de formation aux aptitudes à la vie quotidienne comme moyen de réduire la consommation de drogues et a mis en œuvre des projets pilotes en Lituanie, en Fédération de Russie et en Ukraine. Dans le cadre de ces projets pilotes, plus de 150 multiplicateurs ont été formés et ont commencé à transmettre leurs connaissances. La méthodologie des aptitudes à la vie quotidienne reste l'une des interventions les plus efficaces mises en œuvre en Europe.

Le Groupe Pompidou a montré qu'il était possible d'utiliser de manière efficace la participation de la société civile dans les efforts de prévention. Le Forum consultatif européen de la jeunesse et le Prix européen de la prévention des drogues engagent des jeunes, en particulier ceux appartenant à des groupes à risques, en tant qu'acteurs dans la prévention de la consommation de drogues parmi les jeunes et la promotion d’un style de vie sain. Le Prix européen de la prévention des drogues a été décerné en 2008 et pendant la conférence ministérielle de 2010 à six exemples de bonnes pratiques, à la suite de la nomination de 120 projets d'initiative populaire au total, intéressants et novateurs, à travers toute l'Europe.

Le traitement

Grâce aux travaux du Groupe Pompidou dans le domaine du traitement, des connaissances plus approfondies sont aujourd'hui disponibles sur la façon dont les systèmes de traitement et les services de désintoxication sont organisés à travers toute l'Europe. Le travail effectué par le Groupe Pompidou révèle l'importance de la prise en compte des spécificités nationales et culturelles dans les systèmes de traitement afin de garantir qu'ils pourront développer leur plein potentiel. Le Groupe Pompidou a mis en avant l'importance d’impliquer les usagers des services dans l'élaboration de lignes directrices sur le traitement des toxicomanies. L’aperçu analytique des systèmes de traitement dans les différents pays d'Europe est une ressource précieuse pour développer davantage et restructurer les systèmes de traitement.

En étudiant les procédures et les acteurs impliqués dans l'élaboration et la mise en œuvre de lignes directrices relatives au traitement en Europe, les variations qui existent dans l'élaboration et l'utilisation de ces lignes directrices pourraient être analysées. Ainsi, des informations et des connaissances peuvent être transmises quant à l'élaboration et la mise en œuvre effectives des lignes directrices sur le traitement.

La justice pénale

Le Groupe Pompidou a longuement analysé des expériences liées au détournement, ainsi que les mesures alternatives à la privation de liberté, notamment les systèmes existants de traitement quasi-forcé, offrant maintenant aux Etats membres des exemples de bonnes pratiques et un aperçu des conditions préalables permettant d’introduire avec succès ce type de modèles dans les politiques nationales.  

Les activités visant à réduire le détournement des précurseurs chimiques utilisés pour produire des drogues de synthèse ont abouti à une amélioration de la coordination entre agences nationales, ainsi qu’avec l’industrie chimique. Pour la première fois, le Groupe Pompidou a offert un forum unique auquel ont pu participer les agences nationales et des représentants des industries chimiques du secteur privé.


Aéroports et aviation civile

Le contrôle du trafic de drogue dans l'aviation civile grâce à la coopération entre les douanes et les services répressifs dans tous les Etats membres s'est matérialisé par le Groupe Aéroports. Il s'agit du seul organe interdisciplinaire dans ce domaine qui rassemble des représentants de la police, des services de contrôle aux frontières et des douanes. De manière confidentielle, cet organe fournit régulièrement aux Etats membres les connaissances les plus récentes sur les modes opératoires des trafiquants de drogue dans l'aviation civile, ainsi que sur les mesures techniques nécessaires pour réagir. Entre 2007 et 2010, le travail s'est essentiellement attaché à améliorer les modes de communication directs transnationaux et a comporté un projet de livraison surveillée avec l'Asie centrale.

Coopération entre les acteurs de première ligne

Depuis sa création en 2007, le Réseau EXASS pour partenariats interinstitutionnels qui traitent en première ligne des problèmes liés à la drogue, rassemblant des parties prenantes telles qu’institutions, municipalités, prestataires de services, ONG et experts, met à la disposition des responsables politiques des points de vue fondés sur l'expérience de professionnels. À intervalles réguliers, le Réseau EXASS transmet des informations « en temps réel » et des conclusions aux responsables politiques grâce à des produits spécifiques en ligne ou imprimés. Le présent cycle de travail fournit des exemples de bonnes pratiques sur les manières de surmonter les obstacles et sur la coopération interinstitutionnelle sur les thèmes suivants : traiter la consommation de cannabis, implication effective des usagers dans les politiques en matière de drogues, vie nocturne et fêtes plus sûres, lutte contre les problèmes de santé liés à la drogue, et enfin, utilisation efficace de l'intervention précoce.

Le Réseau EXASS a été récompensé en tant que projet novateur réussi dans le rapport 2008 de l'OICS.

Recherche

Les politiques visant à créer une plus grande cohérence dans les approches des drogues licites et illicites ont fait l'objet de sondages dans 17 Etats membres, fournissant aux gouvernements une meilleure compréhension des implications d'approches politiques divergentes dans le domaine des drogues et des substances psychoactives.

Les évolutions récentes en biomédecine, en psychologie et en sciences sociales sont régulièrement analysées à partir des besoins des décideurs politiques. Dans la publication sur les « tendances des de la recherche sur les drogues », les responsables politiques peuvent trouver les derniers développements et les implications attendues au niveau politique.

Afin d'améliorer l'interaction et la communication entre le domaine de la recherche scientifique d'un côté et les décideurs et les gouvernements de l'autre, un ensemble de publications développées en coopération avec l’ESSD (European Society for Social Drug Research/Société européenne de recherche en sociologie sur les drogues) fournit aux décideurs un aperçu des liens entre l’évolution des politiques, les théories, les méthodes de recherche et les modes de consommation de drogues.

Depuis 2007, le Groupe Pompidou, avec la participation de l'OEDT, a mis au point un registre en ligne sur « qui fait quoi » en matière de recherche sur la toxicomanie en Europe. Après une phase pilote, une nouvelle version pleinement opérationnelle est actuellement exploitée, avec un répertoire de 620 contacts incluant 443 chercheurs et 143 projets de recherche dans les Etats membres.

Ethique et droits de l'homme

Le Groupe Pompidou a été en première ligne pour traiter des questions éthiques et de droits de l'homme liées aux politiques de lutte contre la drogue. Comme résultats du programme de travail actuel, les Etats membres se voient fournir des conseils sur le dépistage de la toxicomanie sur les lieux de travail, les conséquences et les dilemmes éthiques des nouvelles méthodes de « protection contre l'attrait des drogues », comme les « vaccinations » contre la consommation de cocaïne.

Les avis et recommandations d’experts résultant des travaux d'experts nationaux éminents fournissent des informations précieuses sur les aspects éthiques et des droits de l'homme dans les domaines analysés. Cela aidera à éviter les atteintes aux droits individuels lorsque l'on développe des outils d'intervention comme des programmes de dépistage ou des « vaccinations de protection contre l'attrait des drogues ».


Initiative Formation

A la suite d'une initiative de sa Présidence, le Groupe Pompidou a proposé une formation et une spécialisation dans le soutien pour la gestion des politiques en matière de drogues. Le cours de formation pilote de 2010 a transmis le savoir-faire en matière de mise en œuvre et de gestion effectives des politiques pour les responsables des politiques antidrogue de 28 pays.

Passerelles

La capacité du Groupe Pompidou à faciliter le dialogue entre l'Europe et ses régions voisines grâce à la coopération, aux échanges et au renforcement des capacités a encore une fois été démontrée avec la création et la consolidation du Réseau méditerranéen pour la coopération dans les pays méditerranéens sur les drogues et les toxicomanies (MedNET), dont les membres sont passés de 5 à 11 pays. Outre le vaste éventail d'activités de formation et de développement des capacités, une étude de faisabilité sur la création d’observatoires a été menée dans quatre pays, des sondages ont été organisés dans des écoles dans deux pays, avec l'expertise et le soutien du Groupe Pompidou et du réseau MedNET, et la première conférence à haut niveau du MedNET s'est tenue à Strasbourg en décembre 2009.


Conclusions et observations des Correspondants permanents

Il convient de rappeler que les réponses politiques à la drogue et aux problèmes qui en découlent ne peuvent reposer uniquement sur les preuves scientifiques et la fermeté ; elles doivent aussi prendre en compte les influences culturelles, les structures de la société et l’opinion publique. Mais il convient également de noter que les résultats de la recherche semblent assez rarement exercer une influence sur les politiques en matière de drogues. Ces résultats sont fréquemment exploités à des fins politiques (c’est-à-dire sélectionnés, simplifiés et interprétés selon les intérêts du groupe concerné) pour appuyer certaines prises de position.

Maladie chronique :l’usage abusif de drogue est souvent un problème de longue durée et la dépendance est une maladie chronique. Or, ce fait a régulièrement été sous-estimé ces dernières années. Ainsi, dans de nombreux cas, les concepts d’intervention et, partant, la planification des ressources s’inscrivent sur le court et moyen terme, dans le vague espoir d’une guérison et d’une réinsertion sociale. A des fins d’efficacité, il faudrait réajuster les échelles temporelles des interventions et des services par rapport à cette réalité. Dans le même ordre d’idées, les politiques et les services devraient également tenir compte du fait que le nombre d’usagers de drogue plus âgés va aller croissant et qu’il sera nécessaire de concevoir des réponses médicales et sociales appropriées.

Participation :la participation active et la mobilisation des jeunes dans le domaine de la prévention contre la drogue est une réalité en Europe et devrait être au cœur des politiques de prévention. La participation des jeunes apporte une valeur ajoutée aux efforts déployés par les gouvernements et la société civile pour faire face aux problèmes liés à la drogue ; elle peut renforcer les facteurs de protection tout en influant sur les comportements à risque.

Enregistrement des usagers de drogues : les systèmes d’enregistrement des usagers de drogue ont impérativement besoin d’être rénovés car les systèmes d’enregistrement des patients constituent une source importante d’informations pour concevoir des solutions ciblées en matière de traitement.  Il convient, lors de la mise en place de ces systèmes, de prêter dûment attention à la protection des données relatives aux clients. Si celle-ci ne peut être garantie ou n’est pas avérée, l’enregistrement des usagers de drogue peut devenir, par crainte des conséquences négatives, un obstacle pour les personnes ayant pourtant besoin d’un traitement.

Systèmes de traitement : le traitement des toxicomanies dans les pays d’Europe devrait se fonder sur des preuves scientifiques et sur les bonnes pratiques plutôt que sur les traditions, les croyances et des attentes irréalistes.Le point de vue des toxicomanes, de leurs familles et d’autres personnes touchées par l’usage de drogue et les problèmes qui en découlent n’est pas suffisamment pris en compte. C’est là un obstacle de taille à l’apport d’un traitement adapté et réussi. En contrôlant la mise en œuvre effective des traitements proposés et en prenant en compte les résultats des recherches dans le domaine des drogues, on pourra en savoir plus sur ce qui fonctionne et sur les effets obtenus.

Réduction de l’offre : intervenir précocement, en amont de la chaîne de production, afin d’enrayer la production de drogues de synthèse est difficile. Il convient d’accorder une attention particulière au risque potentiel que représente le personnel des aéroports impliqué dans le trafic de drogue. Seule une approche harmonisée, internationale et interinstitutionnelle peut permettre de contrôler ce type de criminalité. Si l’on veut continuer à maîtriser les risques en matière de criminalité aéroportuaire, il convient de mettre en place de nouvelles formes de coopération avec les sociétés privées dûment autorisées qui sont représentées dans les aéroports.

Coopération : les partenariats entre les parties prenantes qui se trouvent en première ligne ne permettent pas de répondre à tous les problèmes de drogue mais peuvent constituer un moyen plus efficace et rentable que les méthodes traditionnelles pour mettre en œuvre les politiques en matière de drogues. Les approches intégrées, conjuguant répression des infractions, traitement et prévention, peuvent améliorer l’impact de ces politiques. La mise en œuvre de politiques intégrées dépend nécessairement de la capacité à coopérer des partenaires qui se trouvent en première ligne.

Outils virtuels : les technologies de l’information et de la communication apporteront une réelle valeur ajoutée dans la lutte contre les drogues et les addictions si elles deviennent des outils interactifs qui mettent en relation les usagers, les professionnels et les organismes chargés de traiter les problèmes liés à la drogue. Le rôle que joueront les technologies de l’information, soit comme outil de prévention de la consommation de drogue chez les jeunes, soit, au contraire, comme outil de  promotion de cette consommation, dépendra du soutien apporté aux jeunes dans le développement de leurs capacités à réagir à cela de manière adéquate. En reconnaissant les capacités, les ressources et l’énergie de la jeunesse, on renforcera le rôle positif qu’elle peut jouer dans la réduction ou la prévention de la consommation de drogues.

Choix en toute connaissance de cause : la question de faire des choix en toute connaissance de cause est essentielle dès lors qu’il s’agit de prendre des décisions liées à l’adoption de politiques, à la mise en place d’interventions et à l’orientation de la recherche sur les drogues. Les choix à faire sont des facteurs décisifs dans les décisions d’ordre législatif, juridique et personnel. La notion de choix éclairé, qui repose sur celle du libre-arbitre, doit constamment être réexaminée à la lumière des derniers résultats des recherches en neurosciences et en génétique concernant les facteurs qui conditionnent le comportement humain.

Evaluation : c’est un aspect qui doit être davantage étendu et appliqué en Europe. Il faut comprendre que c’est avant tout un outil qui permet de mesurer l’impact sur la qualité et d’apporter des améliorations. Le réduire à un simple argument pour convaincre les bailleurs de fonds ou obtenir des ressources en altère la portée et l’utilité et, partant, diminue l’impact de ses résultats.

Renforcement des capacités : Le Groupe Pompidou a fait preuve, à travers diverses activités, notamment le réseau de coopération MedNET et les programmes de formation aux aptitudes à la vie quotidienne, de sa capacité à contribuer à la conception et à la mise en œuvre de différentes interventions ainsi qu’à l’élaboration de stratégies et d’actions. Les travaux du Groupe peuvent ainsi avoir un impact avéré sur les politiques de lutte contre les drogues, complétant idéalement l'action menée par l'UE dans le cadre de sa politique de voisinage et autres programmes connexes. Les décideurs ne devraient pas oublier ce potentiel, qu’ils devraient exploiter, le cas échéant, pour aider des pays non membres de l’UE à élaborer des stratégies et des politiques en matière de drogues. 

Droits de l’homme :L’intégration d’une dimension des droits de l’homme dans les politiques de lutte contre les drogues contribuera à souligner la nature pluridimensionnelle de l’usage de substances psychoactives et des addictions, c’est-à-dire l’existence dans la société de facteurs interdépendants se renforçant mutuellement. Par ailleurs, la dimension droits de l'homme permettra de  les ramener sur le devant de la scène. L’intégration d’une telle dimension dans les approches fondées sur des connaissances scientifiques validées peut être un moyen de ré-axer les politiques en matière de drogues sur la nécessité de réduire la demande et, ainsi, de replacer la santé publique, en tant que premier principe de base, au cœur des politiques de lutte contre les drogues.


Résumé des signaux d’experts et de praticiens des plateformes du Groupe Pompidou

Conclusions et propositions sur…

…. la prévention

La Plateforme Prévention identifie les nouvelles approches et méthodologies qui permettent d’accroître l’impact et l’efficacité des efforts de prévention des toxicomanies.

Implication des groupes cibles

Si l’on veut élaborer et mettre en œuvre des programmes de prévention efficaces, il convient de tenir compte des facteurs suivants :

Ü  Implication de l’école, de la famille et de la communauté et définition claire de leurs responsabilités respectives,

Ü  Reconnaissance des différences culturelles,

Ü  Les activités de prévention de la toxicomanie portent particulièrement leurs fruits lorsqu’elles se conjuguent avec des activités qui traitent également d’autres problèmes sociaux.

Le Forum consultatif européen (de la jeunesse) sur la prévention des toxicomanies et le Prix européen de la prévention des drogues du Groupe Pompidou sont aujourd’hui des activités qui peuvent servir de modèles pour faire participer efficacement les jeunes et montrer l’intérêt de leur contribution dans l’élaboration et la mise en œuvre de réponses aux problèmes liés à la drogue.

Participation des jeunes

La participation active et la mobilisation des jeunes dans le domaine de la prévention contre la drogue est une réalité en Europe et devrait être au cœur des politiques de prévention. La participation des jeunes apporte une valeur ajoutée aux efforts déployés par les gouvernements et la société civile pour faire face aux problèmes liés à la drogue car :

Ü  les jeunes sont des experts en matière de jeunesse et de cultures des jeunes,

Ü  elle accroît la pertinence, l’opportunité, l’ingéniosité et l’attrait des interventions,

Ü  c’est la meilleure façon de se rapprocher de groupes cibles difficiles à atteindre.

Il faut que les jeunes aient accès à des structures de loisirs qui leur offrent un large éventail d'activités et la possibilité de se développer. Les jeunes se félicitent de toute occasion qui leur est donnée de s’investir dans le sport, la culture, l’éducation et d’autres domaines où ils peuvent exploiter leur potentiel créatif en concevant et en définissant eux-mêmes des activités.

Afin de toucher plus efficacement les jeunes, il faudrait utiliser davantage les nouvelles technologies (TI) auxquelles ils ont recours pour se divertir, s’informer, communiquer, constituer des réseaux et se lier d’amitié. Les jeunes non seulement utilisent les nouvelles technologies mais participent également intensément au développement de nouvelles tendances dans le domaine des TI, qu’ils sont capables d’utiliser de manière innovante.

 

Le rôle que joueront les TI, soit comme outil de prévention de la consommation de drogues chez les jeunes, soit, au contraire, comme outil de promotion des drogues, dépendra de l’intérêt que manifesteront les gouvernements et la société civile pour aider les jeunes à développer leur potentiel créatif. En reconnaissant les capacités, l’ingéniosité et l’énergie de la jeunesse, on renforcera le rôle positif qu’elle peut jouer dans la réduction ou la prévention de la toxicomanie.

Evaluation

L’innovation et l’expérimentation font encore défaut dans le domaine de la prévention ; on manque en effet de connaissances sur la question de savoir comment et dans quelles circonstances la prévention peut produire les résultats anticipés. En particulier, le suivi et l’évaluation des projets restent insuffisants et doivent être améliorés ; ainsi pourra-t-on en savoir plus sur ce qui fonctionne dans les approches utilisées en matière de prévention.

L’évaluation devrait essentiellement servir à apporter des améliorations d’ordre pratique aux interventions ; réduire cet instrument à un simple argument pour convaincre les bailleurs de fonds ou obtenir des ressources en altère la portée et l’utilité et, partant, diminue l’impact de ses résultats.

… le traitement

La Plateforme Traitement fournit des lignes directrices et des informations sur les systèmes et les méthodes qui sont susceptibles de renforcer l'efficacité et le ciblage des différents traitements proposés, l'analyse des systèmes de traitement et l'élaboration de lignes directrices en la matière ayant constitué son principal axe de travail.

Le traitement des toxicomanies dans les pays d’Europe devrait se fonder sur des preuves scientifiques et sur les bonnes pratiques plutôt que sur les traditions, les croyances et sur des attentes irréalistes. Le point de vue des toxicomanes, de leurs familles et d’autres personnes touchées par l’usage de drogues et les problèmes qui en découlent n’est pas suffisamment pris en compte. C’est là un obstacle de taille à l’apport d’un traitement adapté et réussi.

Les principes de la médecine fondée sur des connaissances validées jouent un rôle important dans le traitement des toxicomanies, tout comme dans les autres domaines médicaux ; ils constituent également un point de départ pour élaborer des lignes directrices en la matière.

Afin de constituer un corpus de connaissances adéquat à partir des systèmes d’enregistrement, il faudrait établir une corrélation entre les résultats des différents traitements pour comprendre quelles sont les conditions nécessaires qui devraient figurer dans les lignes directrices.

Les patients qui ont des problèmes de dépendance à la drogue souffrent souvent d’une multitude de troubles d’ordre médical, psychologique et social, ce qui exige une panoplie d’interventions à long terme ; or, la plupart des recherches actuelles sur l’efficacité des traitements portent avant tout sur des interventions à relativement court terme visant principalement la dépendance aux substances.

La plupart des données disponibles sur les traitements de substitution concernent la partie pharmacologique de ces traitements. Néanmoins, la plupart des traitements de substitution proposés prévoient des interventions psychosociales dans le cadre du plan individuel de prise en charge, aspect du traitement dont la portée, associée au traitement de substitution lui-même, devrait être étudiée.

L’élaboration de lignes directrices en matière de traitement nécessite de mettre intensivement en commun les connaissances issues de la recherche, de la pratique professionnelle et de la science concernant tous les aspects pertinents de l’état actuel des connaissances et des pratiques.

Les systèmes d’enregistrement des patients constituent la principale source d’information pour concevoir des systèmes de traitement ciblés. En contrôlant la mise en œuvre effective des traitements proposés et en tenant compte des résultats des recherches dans le domaine des drogues, on pourra en savoir plus sur ce qui fonctionne et sur les effets obtenus. Ces deux aspects réunis constituent le stock de connaissances nécessaires pour élaborer des lignes directrices en la matière.

Si l’on veut garantir l’application effective et l’impact de lignes directrices dans le domaine du traitement, il est indispensable de mettre en place un dispositif à long terme qui permette de procéder à un suivi permanent.

L’établissement d’un rapport entre les règles de financement et les règlementations relatives au traitement, d’une part, et les exigences posées par les lignes directrices, d’autre part, s’est avéré efficace pour accroître le niveau d’acceptation et d’application des lignes directrices.

La législation joue un rôle important en matière d’offre de traitement des toxicomanies. Il est donc important qu’elle soit cohérente avec les méthodes de traitement fondées sur des connaissances scientifiques validées ; à défaut, les résultats attendus ne se concrétiseront pas entièrement.


… la justice pénale

La Plateforme Justice pénale a analysé les autres alternatives à la détention des délinquants toxicomanes, notamment le traitement « quasi-forcé », et étudié les moyens de lutter contre la récidive des auteurs d’infractions liées à la drogue, ainsi que les moyens de prévenir le détournement des précurseurs chimiques pour la production de drogue.

Le succès des mesures alternatives proposées aux délinquants dépendants de drogues, notamment le traitement « quasi-forcé », dépend du niveau de qualité du traitement. Le traitement en tant qu’alternative à l’emprisonnement peut encore être amélioré en :

Ü  mettant davantage l’accent sur la réinsertion, le suivi et l’évaluation,

Ü  améliorant les procédures d’évaluation et d’orientation vers les spécialistes,

Ü  évaluant la pertinence des options de traitement,

Ü  vérifiant la cohérence des procédures et des contrôles,

Ü  facilitant la mise en place d’un dispositif post-traitement effectif. 

La récidive des auteurs d'infractions liées à la drogue doit être traitée à différents niveaux.

Les services répressifs devraient davantage prêter attention à la question du détournement des précurseurs chimiques afin d’empêcher la production de drogues de synthèse et autres. Les enquêtes de traçage doivent être généralisées et améliorées. A cet égard, l’échange d’informations entre les forces de l’ordre et les autorités de contrôle doit se renforcer, tout comme la coopération, notamment par des contacts directs entre personnes.

… le Groupe Aéroports et l’aviation civile

La Plateforme Aéroports facilite la coopération technique et pratique en vue de réduire l’offre de drogue dans les aéroports européens et dans l’aviation civile, et fait le lien entre les douanes et les services répressifs œuvrant dans ce domaine.

Le personnel des aéroports joue un rôle central en tant que facilitateur du trafic de drogue. Seule une approche harmonisée, internationale et interinstitutionnelle peut permettre de contrôler ce type de criminalité.

Si l’on veut continuer à maîtriser les risques en matière de criminalité aéroportuaire, il convient de mettre en place de nouvelles formes de coopération avec les sociétés privées dûment autorisées qui sont représentées dans les aéroports.

Il est nécessaire de systématiser le profilage des passagers des vols réguliers et low-cost et du fret aérien.  Ce ciblage sera facilité par :

Ü  un accès légal aux données des compagnies aériennes ;

Ü  la collecte de données représentatives ;

Ü  l’échange rapide de données entre les différents services chargés de lutter contre le trafic de drogue.

Le Groupe Aéroports a montré qu’il pouvait jouer un rôle essentiel pour faciliter les livraisons transnationales contrôlées en apportant sa contribution, notamment du point de vue du cadre juridique et de la mise en œuvre opérationnelle.

La comparaison des modes opératoires dans le domaine de la traite des êtres humains, du blanchiment d’argent et du trafic de drogues et de précurseurs de drogue et en adoptant une perspective pluridisciplinaire (police, douanes, gardes-frontières) permet d’identifier les organisations criminelles responsables.

 

Pour mettre fin à la production de drogues de synthèse, il est crucial d’intervenir en amont de la chaîne de production (« Pas de narcotiques sans produits chimiques »). Si l’on veut réussir à empêcher le détournement des précurseurs chimiques, il faut que les agences compétentes, au niveau national comme international, soient capables de coopérer les unes avec les autres.


…. la coopération entre les acteurs de première ligne

EXASS Net est un réseau transversal du Groupe Pompidou qui fait le lien entre les partenariats entre les acteurs de première ligne qui répondent aux problèmes liés à la drogue. EXASS Net apporte expérience et assistance en matière de coopération intersectorielle.

Les rapports des praticiens, corroborés par des indicateurs statistiques sur l’usage de la drogue et la criminalité, suggèrent que cette approche, ainsi que la coopération intersectorielle entre les acteurs de première ligne depuis ces 15 dernières années, continuent à porter leurs fruits.

Les approches qui forcent les toxicomanes à accéder à des services ou des traitements donnent peu de résultats durables. Il est plus efficace d’adopter des méthodes et des structures qui proposent une infrastructure de services et d’interventions permettant aux usagers de drogue de se prendre en charge au sein du système. Ce type d’infrastructure propose différents points d’accès en vue d’une stabilisation, d’un maintien, d’un traitement et, finalement, de l’abstinence.

On peut parvenir à ce que les usagers de drogue respectent attentivement les règles d’un programme si :

Ü  les règles sont claires et simples, 

Ü  les règles ne sont pas trop nombreuses,

Ü  les sanctions restent raisonnables,

Ü  en cas d’échec, on peut toujours recommencer.

Avant tout, le concept de participation volontaire et le fait que les services proposent une réelle amélioration de la situation des usagers de drogue conduisent à un comportement globalement plus discipliné.

La multiplication du nombre de groupes ethniques cibles, en raison d’une mobilité accrue au sein de l’Europe et avec les régions voisines, exigent un personnel plus qualifié doté de compétences interculturelles et linguistiques. Le recrutement de professionnels issus des mêmes groupes ethniques que les toxicomanes s’est révélé être une option très limitée. Aussi est-il nécessaire de renforcer les échanges professionnels entre les pays et d’établir des contacts directs entre les professionnels européens qui se trouvent en première ligne. C’est là un point particulièrement important si l’on a l’intention de rapatrier les usagers de drogue vers leur pays d’origine.

En général, le recrutement de personnel pour travailler dans ce domaine devient de plus en plus difficile. Dans le domaine social, les services chargés des problèmes liés à la drogue ont de plus en plus de mal à recruter de jeunes professionnels. En revanche, dans les services organisés sous forme de partenariats relevant d’une coopération intersectorielle, les emplois semblent être caractérisés par un haut niveau de motivation et une satisfaction professionnelle durable. 

La participation active des organisations de défense des droits de l’homme à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques en matière de drogues peut entraîner une meilleure acceptation de ces politiques chez les usagers de drogue et peut contribuer à atteindre des groupes cibles difficiles. En outre, une approche fondée sur les droits de l’homme et sur la compassion renforce l’acceptation, au sein de la communauté, des politiques et services liés aux questions de drogue et permet de mieux comprendre pourquoi il est nécessaire de prendre telle ou telle mesure.

Les politiques ont tendance à être plus durables et à donner de meilleurs résultats lorsque les approches, méthodologies et actions s'appuient sur une expérience sérieuse et des données probantes tout en évitant de susciter des attentes irréalistes. Ces approches nécessitent néanmoins de déployer des efforts soutenus pour suivre le succès des politiques et des interventions en engageant parallèlement un processus de recherche et de développement d’un ensemble de données  probantes. 

La capacité à établir des réseaux et à dialoguer, ainsi qu’à résoudre les problèmes, et la volonté de coopérer avec l’ensemble des acteurs locaux concernés sont essentielles à une mise en œuvre effective des politiques et des programmes.


… la recherche 

La Plateforme Recherche met l’accent sur les dernières découvertes en neurosciences, en psychologie et en biomédecine et propose des moyens d’établir de meilleures connexions entre la recherche, la politique et la pratique afin de répondre aux enjeux de l’avenir, facilitant ainsi l’élaboration de politiques fondées sur des connaissances scientifiques.

Interaction entre recherche et politique : comment la recherche influence-t-elle la politique ?

La science et la recherche disposent d’un nombre très limité de données tangibles et incontestables sur l’usage de drogues qui peuvent contribuer au processus d’élaboration des politiques :

Ü  plus tôt on commence à se droguer, plus on risque de devenir dépendant,

Ü  plus on prend de la drogue longtemps, plus il est difficile de s’arrêter,

Ü  il y a des toxicomanes qui arrêtent de consommer de la drogue avec une prise en charge médicale,

Ü  il y a des toxicomanes qui n’arrivent pas à arrêter de consommer de la drogue malgré une prise en charge médicale,

Ü  il y a des toxicomanes qui arrêtent de consommer de la drogue sans aucune prise en charge médicale.

Etablir un lien entre les politiques et la recherche demeure un défi. Il semble que les données scientifiques soient rarement utilisées dans les politiques en matière de drogues. Ces données sont essentiellement tirées de rapports présentés aux parlementaires ou dans le cadre du débat public. Les conclusions scientifiques sont alors traduites par des « vulgarisateurs » dans la langue de l’opinion publique.

Une étude réalisée auprès de 17 pays montre que différents facteurs influent sur les politiques. Il ressort que la science en général joue un rôle mineur dans le processus décisionnel politique, alors que l’opinion publique, les valeurs culturelles et les idéologies sont des facteurs déterminants beaucoup plus importants.

Conclusions de la psychologie, de la sociologie et de la biomédecine

En psychologie, la notion de personnalité addictive est désormais largement rejetée et plusieurs traits de personnalité généralement observés chez les toxicomanes ne sont pas systématiquement considérés comme l’expression de processus pathologiques inévitables.

La désinhibition comportementale est aujourd’hui incontestablement considérée comme le trait de personnalité le plus important en matière de toxicomanie. En outre, les traits de personnalité désinhibiteurs sont également liés à l’apparition de la toxicomanie à un stade plus précoce, à la polytoxicomanie, à l’usage chronique/intensif de drogues, aux troubles du comportement et de la personnalité antisociale, à la dépendance lourde vis-à-vis des substances, aux comportements à risque concernant le VIH et aux symptômes psychiatriques.

La recherche de sensations et l’impulsivité sont des traits de personnalité qui permettent de mieux prédire les modes de consommation des drogues. L’impulsivité représente le changement rapide de comportement, quelles que soient les conséquences négatives. La recherche de sensations vise de nouvelles sensations et expériences.  Il est recommandé d’intégrer les conclusions des sciences de l’éducation mais aussi de la recherche en psychologie pour concevoir des interventions ou des modèles éducatifs visant à réduire l’usage de drogues lié à la recherche de sensations et à l’impulsivité.

Des découvertes récentes dans le domaine de la biomédecine montrent que les troubles psychiatriques sont inextricablement liés à l’usage de substances, les premiers apparaissant d’abord. En conséquence, l’usage de drogue doit dans ce cas être imputé principalement à des raisons liées à la présence d’anxiété et, dans une moindre mesure, à la dépression, plutôt qu’au mode de vie.


… l’éthique et la déontologie

La Plateforme Ethique a évalué les problèmes d’éthique posés par le dépistage des drogues dans différents environnements et étudié la dimension éthique des conclusions de la recherche scientifique.

Dépistage des drogues

La récurrence du débat sur le dépistage dans de nombreux pays européens illustre l’importance de cette question en termes de choix disponibles, de liberté et de sécurité.

A ce jour, il n’existe pas de données scientifiques qui indiquent que le dépistage des drogues à l’école ait une fonction préventive. Si l’on ne peut pas considérer que le dépistage des drogues à l’école permet de prévenir l’usage de substances psychoactives par les jeunes, il est par contre évident qu’il augmente le risque de stigmatisation et d’exclusion.

Le dépistage des drogues sur le lieu de travail peut être qualifié d’intrusion dans la vie privée des employés ; il est donc recommandé de définir des règles de base concernant les catégories de situations à risque et les professions où le dépistage pourrait être autorisé, l’utilisation des résultats du dépistage et la procédure à suivre, ainsi que l’intervenant compétent (médecin du travail par exemple) qui l’effectuerait.

L’utilisation des résultats du dépistage des drogues sur le lieu de travail doit être déterminée en tenant compte des instruments internationaux existants contre la discrimination au travail. Il convient également de garder présent à l’esprit que le chômage peut entraîner une consommation accrue et problématique de substances psychoactives.

Le niveau de la plupart des méthodes et tests de dépistage rapides reste limité et les résultats qu’ils fournissent sont difficiles à interpréter par des non-spécialistes.

Le dépistage des drogues par les compagnies d’assurance est pratiqué à des degrés divers en Europe. L’analyse des pratiques existantes en la matière a fait ressortir que ces compagnies ne conciliaient pas comme elles le devaient leurs intérêts avec les normes de protection des droits fondamentaux des personnes.

Ethique et recherche

La question de faire des choix en toute connaissance de cause est essentielle dès lors qu’il s’agit de prendre des décisions liées à l’adoption de politiques, à la mise en place d’interventions et à l’orientation de la recherche sur les drogues. Les choix à faire sont des facteurs décisifs dans les décisions d’ordre législatif, juridique et personnel. La notion de choix éclairé, qui repose sur celle du libre arbitre, doit constamment être réexaminée à la lumière des derniers résultats des recherches en neurosciences et en génétique concernant les facteurs qui conditionnent le comportement humain.

Les praticiens, dans le domaine juridique comme médical, ainsi que les responsables politiques, doivent dûment tenir compte du fait que le niveau de conscience des personnes qui souffrent d’addictions, en particulier dans le cas d’une dépendance à plusieurs substances, est fortement influencé par ces addictions, qui affectent leur capacité à exercer leur libre arbitre.

Les soi-disant « vaccins » contre la toxicomanie sont destinés à modifier temporairement la sensibilité des êtres humains à certaines substances. A l’heure actuelle, la plupart des expériences portent sur la cocaïne et la nicotine. La perspective de leur lancement sur le marché soulève des problèmes, en particulier car ces vaccins ont la capacité de modifier les préférences des personnes, ainsi que leur intégrité mentale et physique. Un article récent de médias de premier plan y a vu un avenir plein d’espérance pour les sociétés, mais la recherche scientifique n’indique rien de tel pour le moment.


Restructuration du Groupe Pompidou

La Conférence de mi-mandat du Groupe Pompidou et l’évaluation ultérieure de ses forces et de ses faiblesses, ainsi que des menaces existantes et des opportunités naissantes, ont réaffirmé, en tant qu’atout, la capacité du Groupe à s’adapter au contexte en évolution rapide des drogues et des problèmes associés, qui exige des réponses politiques.

Il est également devenu évident que le Groupe Pompidou continue à occuper une place à part en offrant un cadre de dialogue ouvert, avantage qui, de l'avis de nombreuses délégations, n'est néanmoins pas suffisant pour assurer l'avenir du Groupe. Par ailleurs, il est largement estimé que les résultats des travaux du Groupe ne sont pas suffisamment transposés dans les mécanismes politiques nationaux, ce qui en limite parfois l’impact visible. Par conséquent, ces résultats et ces produits, qui risquent fortement d’être déterminants pour répondre aux besoins des décideurs politiques et sont donc destinés à être intégrés dans les politiques nationales en matière de drogues, devraient être poursuivis.

Le Groupe Pompidou se démarque également des autres organisations en mettant l'accent sur l'éthique et les droits de l'homme et en anticipant l'impact des résultats émergents des neurosciences et de la biomédecine, expertise qui, regrette-t-on, n'est pas toujours pleinement reconnue. Ce travail doit impérativement être validé et valorisé, en commençant notamment par transformer les plateformes Recherche et Ethique en véritables comités d'experts. 

La capacité à dialoguer et à coopérer avec des pays européens voisins qui ne sont pas membres de l’UE ou avec d’autres pays du monde est un autre domaine où le Groupe Pompidou a incontestablement fait preuve de sa compétence. Les activités de coopération avec l’Europe de l’Est et l’Afrique du Nord montrent que le Groupe est non seulement compétent dans le domaine du renforcement des capacités mais aussi très compétitif en raison de sa grande efficience.

Etablir des liens entre les politiques, la pratique et la recherche est un autre atout unique du Groupe Pompidou. Les plateformes, qui existent depuis 2003, ne se sont pas toujours révélées être l’instrument le plus efficace pour faire participer les praticiens. Les réseaux professionnels tels que le Groupe Aéroports et EXASS Net se sont avérés plus prometteurs pour transmettre les messages des praticiens à l’attention des responsables politiques. Par conséquent, les plateformes actuelles dans les domaines de la prévention, du traitement et de la justice pénale ne poursuivront pas leurs activités au-delà de 2010 au profit de la constitution de groupes d’experts ad hoc, qui s’acquitteront de tâches spécifiques définies par les correspondants permanents.

En résumé, les comités d’experts et les groupes d’experts ad hoc répondent aux besoins d’information des CP. Ils transmettent, sur demande, des connaissances, des expériences et des données issues de la  recherche et de la pratique.

Le programme de travail du Groupe Pompidou pour 2011-2014 reflète ces changements de structure et de méthodes de travail. Visant une plus grande cohésion et mettant l’accent sur les valeurs fondamentales du Conseil de l’Europe, il est placé sous le thème global des droits de l’homme dans les politiques antidrogue. Cet axe servira de fil conducteur pour les correspondants permanents, chargés d’élaborer des programmes annuels d’activités. C’est là une autre nouveauté dont l’objet est d’une part d’assurer la souplesse nécessaire pour répondre en temps utile aux besoins des décideurs, d’autre part de garantir que le Groupe Pompidou reste en phase avec les problèmes émergents et apporte des réponses opportunes.

Afin de renforcer les synergies et d’éviter les doubles emplois, mais aussi afin de tenir compte des dangers que représente le manque de ressources, le Groupe Pompidou intensifiera la coopération et la coordination avec les institutions et les agences de l’Union européenne, notamment la Commission européenne et l’OEDT.

La structure et les méthodes de travail révisées du Groupe Pompidou ont été adoptées par les correspondants permanents (CP) lors de leur 64e réunion, suivant une proposition de la Présidence du Groupe  (P-PG BUR (2009) 15). Le nouveau concept s’inspire du « diagnostic » et des conclusions de l’analyse SWOT (doc. P-PG BUR (2009) 9 rev), des conclusions de la Conférence de mi-mandat de 2008 et des discussions qui se sont tenues lors des 63e et 64e réunions des CP. Cette restructuration du GP, qui prendra effet avec le nouveau Programme de travail 2011-2014, devrait être suffisante pour permettre au Groupe de répondre encore plus efficacement aux besoins des décideurs à l’avenir.


Présentation des résultats 2007 - 2010

Plateforme Prévention :

activités/ thèmes

Résultats & produits

Conférence sur les familles, les styles de vie et la prévention de la toxicomanie, Porto, 2007

2  Rapport de la Conférence

2  3 propositions pour des projets pilote matière de prévention  

: Extraits des présentations de la conférence disponibles sur le site internet du Groupe Pompidou

        

Groupe d'experts développant des projets pilote pour atteindre les familles vulnérables en matière de prévention de la toxicomanie et des bonnes pratiques en matière de prévention dans les zones touristiques (suivi de la conférence de 2007)

2 Manuel à l’intention des municipalités et des autorités régionales relatif à la prévention dans un environnement de loisirs

Prix européen de la prévention des drogues 2008

Ü  Engagement actif de groupes cible dans des activités de prévention de la toxicomanie pour les jeunes

Ü  34 candidatures reçues de 15 pays

Ü  3 prix décernés lors de la conférence de mi-mandat de 2008 du GP

 

Conférence sur les concepts et les méthodes visant à évaluer l'impact et les succès des programmes de prévention, Prague, 2010

Ü  Propositions pour le futur programme de travail du Groupe Pompidou sur les méthodes d'évaluation et la transférabilité des bonnes pratiques

2  Rapport de la Conférence

Prix européen de la prévention des drogues 2010

Ü  Engagement actif de groupes cible dans des activités de prévention de la toxicomanie pour les jeunes

Ü  81 candidatures reçues de 25 pays

Ü  3 prix décernés lors de la conférence ministérielle de 2010 et liste de projets novateurs en matière de prévention des drogues impliquant des jeunes

Plateforme Traitement : activités/thèmes

Résultats & produits

Rendre disponibles les connaissances sur la manière dont les systèmes de traitement et les centres de désintoxication sont organisés dans toute l'Europe

2 Publication sur les systèmes de traitement en Europe

Conférence sur les procédures et les acteurs élaborant et mettant en œuvre les lignes directrices sur le traitement en Europe, Nicosie, 2009

: Matériel pour la conférence

      (disponible sur le site internet du Groupe Pompidou)

Conférence sur le traitement ciblé pour les consommateurs de stimulants, Strasbourg, 2010

 

2  Rapport de la Conférence

 

Plateforme Aéroports : activités/thèmes

Résultats & produits

Réunion annuelle du Groupe Aéroports 2007

2 Annuaire mis à jour des bureaux des contacts nationaux de l'aviation civile

2 Liste mise à jour des responsables du contrôle des stupéfiants dans les aéroports européens

Réunion annuelle du Groupe Aéroports 2008

 

Réunion annuelle du Groupe Aéroports 2009

Réunion annuelle du Groupe Aéroports 2010

Plateforme Justice pénale : activités/thèmes

Résultats & produits

Conférence sur le traitement quasi-forcé, Bucarest, 2007

Ü  Bonnes pratiques en matière de méthodes de détournement et conditions préalables de la mise en œuvre au niveau national

2  Rapport de la Conférence

Conférence sur le trafic des précurseurs et de produits médicaux, Bucarest, 2009

Ü  Participation du secteur privé de la fabrication pour renforcer la coopération en matière de contrôle des précurseurs

Ü  Proposition d’activité du Groupe Pompidou sur le contrôle des précurseurs dans les aéroports et l'aviation

2  Rapport de la Conférence

Plateforme Recherche : activités/thèmes

Résultats & produits

Cohérence ou approches différentes entre substances licites et illicites en matière de prévention, d'application des lois et de traitement

2  Publication sur la situation dans 17 pays européens

Suivi des évolutions en biomédecine, en psychologie et en sciences sociales

2  Publication « Tendances de la recherche sur les drogues »

Interaction et communication entre la science et la politique

(en coopération avec l’ESSD)

2 Publication sur les drogues et la société, 2007

2 Publication sur le cannabis, 2008

2 Publication sur les anciennes nouvelles politiques, les théories, les méthodes de recherche et les consommateurs de drogue, 2009

Registre en ligne sur qui fait quoi en matière de recherche sur les drogues

: www.pgregister.coe.int/pompidou

620 professionnels et 144 projets  

Plateforme Ethique : activités/thèmes

Résultats & produits

Aspects éthiques du dépistage de la toxicomanie au travail et à l'école

: Page web avec rapports et recommandations d'experts

2 Publication avec recommandations d'experts

Aspects éthiques de la recherche

2  Conclusions des discussions de tables rondes

Conséquences et dilemme éthique des nouvelles méthodes « contre l’attrait des drogues » comme les « vaccinations » contre la consommation de cocaïne

2  Documents du Groupe Pompidou avec avis d'experts sur les aspects éthiques des « vaccinations contre l’attrait des drogues »

Aspects éthiques des traitements quasi-forcés

2  Contribution à la publication de la justice pénale

Autres activités

Résultats & produits

Groupe interinstitutionnel (GP, UE Com, Troïka  de l’UE, OEDT, ONUDC, OMS)

Ü  Débat thématique des CP sur les « euphorisants légaux »

Ü  Réexamen du  Mémorandum d’accord entre le GP et l’OEDT

Réseau méditerranéen MedNET

2 Étude de faisabilité sur l'observatoire méditerranéen de drogues

2 Enquête MedSPAD auprès des écoliers au Liban

2 Actes de 4 séminaires sur le traitement en Algérie

2 Actes d’une conférence sur le rôle de la recherche

      dans la politique en Algérie

Ü  3 programmes de formations annuels, visites d’études et enquêtes en matière de prévention, de traitement, de recherche et d’application des lois

Ü  8 réunions annuelles

Ü  Liban, Egypte, Jordanie impliqués

Ü  4 missions d’observation pour des études de faisabilité

Ü  2 cours d’addictologie créés au Maroc

Ü  Conférence de haut niveau sur la toxicomanie en 2009

Réseau EXASS

222 7 rapports thématiques sur les réunions et visites du réseau EXASS à Amsterdam, Budapest, Helsinki, Francfort, Lancashire, Moscou, Oslo

: Création du site internet à l’adresse :

       www.exass.net

: Ressources internet et téléchargements sur une vie nocture plus sûre

: Ressources internet et téléchargements sur la participation des usagers

Programme Santé en prison (HIPP)

Ü  Contributions à trois réunions annuelles de l’OMS

Enquêtes scolaires européennes (ESPAD) (soutien à des pays non membres de l’UE pour la coordination de projets)

2 Reconnaissance dans le rapport ESPAD 2007

2 Communiqué de presse pour le rapport international

Programmes de coopération technique pour la prévention en milieu scolaire (Ukraine et Lituanie)

2 Matériel de formation

Ü  Formations et visites d’études effectuées

Ü  150 multiplicateurs formés

Ü  Accord avec les autorités locales pour mettre en œuvre des formations LS (life skills, réadaptation à la vie quotidienne)

Ü  Programme de transmission des connaissances avec le ministère de l’Intérieur lancé

Coopération technique sur les drogues et la sécurité routière

: Vidéo clip du GP produit en coopération avec la Présidence du Groupe Pompidou

Formation de jeunes chercheurs dans le domaine de la recherche qualitative sur les drogues et sur la communication des résultats aux décideurs politiques  

Ü  24 chercheurs formés et accrédités en 2008 et 2009