EUROPE 2000 - La participation des jeunes: une jeunesse citoyenne - CG (6) 7 – Partie II

Rapporteur: M. Venturini (Saint-Marin)

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EXPOSE DES MOTIFS

Le Congrès des Pouvoirs Locaux et Régionaux d'Europe est appelé à adopter une prise de position sur la participation des jeunes.

En effet, quelques années après l'adoption en 1992 par la Résolution 237 d'une Charte européenne sur la participation des jeunes à la vie municipale et régionale, il était opportun de faire le point sur la question de la relation des jeunes à la sphère publique.

D'une part, et c'est une observation de bon sens, la qualité de nos libertés et de notre démocratie ainsi que le développement de la citoyenneté dépendent du degré de participation des citoyens à la chose publique et, d'autre part, leur avenir est étroitement lié à l'engagement des nouvelles générations.

Les années 90 ont été particulièrement riches en événements sur le plan politique, social et économique à la suite des changements majeurs intervenus en 1989.

Nous avons maintenant suffisamment de recul pour évaluer la situation et se demander si la période qui vient de s'écouler peut être considérée comme un laboratoire d'expériences pour un avenir désormais proche (Europe 2000).

En particulier, avec la mise en œuvre de la Charte, y-a-t-il du nouveau dans le domaine de la participation des jeunes? Quelle sera l'évolution dans les pays membres du Conseil de l'Europe, et notamment dans les pays de l'Europe centrale et orientale?

Ainsi, c'est pour répondre à ces questions que le Groupe Jeunesse du CPLRE a décidé d'organiser une Conférence sur "Europe 2000 - Les Jeunes et leurs villes: quelle participation? Une confrontation de politiques (23-25 octobre 1997)" au Centre européen de la Jeunesse à Budapest, en coopération avec l'Assemblée parlementaire, le Conseil de Direction des CEJ/FEJ, le Comité directeur européen pour la coopération intergouvernementale dans le domaine de la jeunesse.

Environ 200 personnes ont participé à la Conférence au cours de laquelle se sont exprimés des responsables politiques adultes mais aussi des représentants des jeunes.
Ce qui suit, vise à donner à la fois un bref compte rendu du déroulement de la Conférence et une description des arguments qui inspirent le projet de résolution.

I INTRODUCTION

Dans son allocution d'ouverture, le jeudi 23 octobre 1997, jour d'anniversaire de la Révolution de 1956, le Maire de Budapest, M. Gabor DEMSZKY, a souligné le rôle et l'héroïsme des étudiants et jeunes travailleurs de Budapest et des campagnes hongroises, quarante ans auparavant. Tout au long de la période de résistance et lors de combats en 1956, 1968 et 1980-81 la jeunesse a agi comme un catalyseur. Les jeunes d'aujourd'hui sont vraiment les héritiers de leurs aînés car ils jouissent des libertés pour lesquelles ceux-ci ont lutté.

Néanmoins, le rôle des pouvoirs publics pour l'intégration des jeunes à la vie locale reste important. Comment la ville de Budapest, en particulier, envisage-t-elle la mise en œuvre de la Charte?

La formation professionnelle a été totalement réformée pour lutter contre le chômage des jeunes, l'esprit d'initiative des jeunes et la création d'entreprises sont soutenus par l'implication de la Fondation "Entreprise 2000", la liberté d'expression et de communication est facilitée (journaux de jeunes dans les institutions scolaires, Internet, etc.), des bourses d'études sont octroyées.

La municipalité ne ferme pas les yeux devant les dangers qui menacent la jeunesse: ainsi, elle applique un programme complexe de prévention et de prise de conscience en liaison avec d'autres acteurs sociaux. Un programme d'éveil à l'écologie est mis sur pied par plusieurs écoles de Budapest. Bref, la ville de Budapest vise l'intégration des jeunes dans la vie locale mais la ville, centre social, politique et économique du pays, veut aussi conduire la Hongrie en Europe. Les deux exigences sont complémentaires.

M. O'BRIEN, Vice-Président du CPLRE, a replacé la Conférence dans le contexte du Conseil de l'Europe et de son évolution récente, et plus particulièrement dans celui du CPLRE et des textes fondamentaux qu'il a adoptés. Ainsi, la Charte européenne de l'autonomie locale considère, dans son Préambule, que les collectivités locales sont l'un des principaux fondements de tout régime démocratique et que le droit des citoyens de participer à la gestion des affaires publiques fait partie des principes démocratiques communs à tous les Etats membres du Conseil de l'Europe. C'est au niveau local que ce droit peut être exercé le plus directement et l'existence de collectivités locales investies de responsabilités effectives permet une administration à la fois efficace et proche du citoyen. Si la Charte de la participation des jeunes à la vie municipale et régionale, adoptée en 1992, n'est pas comme la Charte européenne de l'autonomie locale ou encore la Convention sur la participation des étrangers à la vie locale, un texte juridique contraignant sous réserve de ratification, son statut moral est cependant élevé et son importance est grandissante. La participation des jeunes n'est pas uniquement un concept à la mode, mais également une nécessité dans la conjoncture économique et sociale actuelle. Sa mise en œuvre ne peut pas être dissociée du contexte général actuel et de son impact sur la condition juvénile.

En 1994, le CPLRE a proposé dans sa Recommandation 5 sur l'Europe et ses personnes âgées, un « Pacte intergénérations » soulignant les responsabilités et obligations réciproques entre groupes de population d'âges différents. Le pacte, si justifié soit-il, doit être maintenant complété par un pacte institutionnel: une "jeunesse citoyenne". Nous ne pouvons pas demander aux jeunes de porter le poids croissant de l'avenir sans leur donner le pouvoir d'agir pour façonner notre monde commun. Il s'agit alors d'aider les jeunes à développer leur engagement civique et notamment des projets dans les domaines culturel et social, des loisirs, du sport, de la solidarité et de l'environnement.

La Résolution 43, adoptée par le CPLRE en 1997, sur présentation de son groupe jeunesse, recommande l'ouverture de l'Europe à tous les jeunes issus de toute condition sociale, notamment sous forme de "voyage" conçu comme le résultat d'un véritable "projet de groupe" où les plus jeunes apprennent à travailler ensemble, à partager leur temps et leurs intérêts, à pratiquer l'amitié et la solidarité. Il serait aussi opportun de donner aux jeunes davantage de chances de mobilité et d'occupations diverses en leur offrant une réelle éducation plurilinguistique, source d'activités nouvelles et d'emplois futurs (comme l'envisage, entre autres, la Recommandation 25 (1996) du CPLRE sur le "Chômage/Emploi: activités et professions nouvelles"). Il y a lieu de souligner, dans ce contexte, que le CPLRE n'envisage pas une Europe élitiste: la Résolution 236 sur une politique d'intégration multiculturelle, la Déclaration de Charleroi et la Résolution 243 sur l'exclusion sociale et la citoyenneté, sont là pour le rappeler.

Si la démocratie locale est tout d'abord un "projet de citoyenneté", l'engagement civique et la libre action commune sont alors nécessaires pour préserver, renouveler et développer nos institutions locales. Le moment est peut-être arrivé pour les autorités locales et régionales de reconnaître les jeunes comme des partenaires dans les affaires de la cité et d'appuyer la création d'organes ad hoc de discussion démocratique et de proposition comme ceux qui existent déjà dans certaines villes ou régions au titre de "Conseils de jeunes", parlements de jeunes, forums de jeunes, lieux publiques et organes adéquats où les jeunes apprennent à devenir des citoyens adultes responsables. Dès le commencement toutefois, les institutions des adultes devraient confier aux jeunes la tâche de contribuer à un projet de ville ou de territoire démocratique et s'ouvrir aux jeunes dans un esprit complémentaire de partage des décisions.

Le Directeur de la Jeunesse du Conseil de l'Europe, M. Franco MARZIALE, le Président de la sous-commission de la Jeunesse et du sport de l'Assemblée parlementaire, M. Mikko ELO et la Présidente du Comité directeur européen pour la coopération intergouvernementale dans le domaine de la jeunesse, Mme Francine MEYER, ont ensuite présenté le point de vue de leurs institutions réciproques sur la condition des jeunes en Europe d'une part, et sur la question de la participation des jeunes à la vie politique, d'autre part.

En particulier, l'accent a été mis sur la Recommandation (97) 3 du Comité des Ministres sur la participation des jeunes et l'avenir de la société civile. Cette participation, notamment celle des jeunes défavorisés "est un facteur déterminant pour assurer la cohésion sociale et pour vivre la démocratie et les valeurs d'une société multiculturelle". Ce texte "rappelle la nécessité pour toute politique nationale de se décliner au niveau local pour réagir de manière appropriée et souple aux besoins, aux souhaits et à la culture d'une population spécifique, et de faire de la participation des jeunes l'un des principes directeurs des politiques locales de jeunesse". Le Comité des Ministres recommande aux gouvernements des Etats membres du Conseil de l'Europe de stimuler la participation des jeunes à la vie associative et de soutenir le développement aux niveaux local et régional de structures appropriées de participation politique et civique, d'encourager la mise en œuvre de la Charte européenne de la participation des jeunes à la vie municipale et régionale.

II. LA CHARTE EUROPEENNE DE LA PARTICIPATION DES JEUNES A LA VIE MUNICIPALE ET REGIONALE ET SA MISE EN ŒUVRE

M. Claude CASAGRANDE (France), Président du groupe « Jeunesse » du CPLRE, a présenté le premier rapport introductif à la Conférence.

Dans la perspective de la Conférence de Budapest, le Groupe Jeunesse avait lancé une enquête par questionnaire adressé aux villes et régions d'Europe sur les politiques de participation des jeunes et sur la mise en œuvre de la Charte. Un rapport d'évaluation a ainsi été rédigé à la lumière de 407 réponses émanant de 30 pays, par M. Alain ROY, expert consultant du CPLRE (Université des Sciences Humaines de Strasbourg).

Les résultats de l'enquête ont été communiqués à l'ensemble des participants à la Conférence, par écrit (voir Doc. Conf. Jeunes (97) 1) et oralement. Avant de les résumer brièvement, il convient de rappeler succinctement le contenu de la Charte européenne.

Le Titre I qui porte sur les "politiques sectorielles", souligne que la participation des jeunes à la vie municipale et/ou régionale s'inscrit dans le cadre d'une politique globale basée sur l'articulation cohérente de politiques relatives aux loisirs et à la vie associative, à l'emploi, à l'habitat et à l'environnement urbain, à la formation et à l'éducation, à la mobilité, à la prévention sociale et sanitaire, à l'information, à l'égalité de traitement, aux régions rurales, à la culture, à l'environnement.

Ces politiques doivent être mises en œuvre en concertation avec les jeunes et leurs représentants. Ainsi, le Titre II énumère les différentes formes de participation institutionnelle que les municipalités et autres collectivités territoriales s'engagent à introduire: un(e) délégué(e) jeune, une structure de cogestion de projets et une structure de concertation comme un lieu d'élaboration et de suivi des politiques sectorielles.

Ces deux aspects, à savoir politiques sectorielles et formes de participation sont étroitement liés dans le questionnaire qui a été adressé aux villes et régions.

Les réponses concernant les structures municipales et régionales de participation des jeunes révèlent une grande diversité de formes non seulement entre les pays, mais aussi à l'intérieur des pays mêmes. Toutefois, on peut dire, en général, que deux grands espaces de participation se présentent: d'une part, celui occupé par les organisations de jeunesse qui apparaissent comme des structures de coordination, voire de codécision sur les politiques de jeunesse et, d'autre part, plus récemment, des structures consultatives ad hoc ayant le cas échéant un pouvoir de décision sur certains projets gérés d'une façon autonome dans le cadre d'une enveloppe financière: conseils municipaux de jeunes, parlements de jeunes, etc. Beaucoup de réponses font apparaître l'existence d'un soutien public aux clubs de jeunes, groupes de pairs, forum de jeunes, etc.

Il ne semble pas y avoir de concurrence mais plutôt complémentarité entre formes traditionnelles et formes récentes de participation: elles visent, toutes, à développer le sens des responsabilités des jeunes. Il est certain, cependant, que les structures mises en place par les municipalités s'appuient davantage sur l'implication des jeunes dans l'espace local et quotidien, la gestion de projets locaux de proximité et l'apprentissage de la citoyenneté. Les réponses soulignent aussi les finalités de la participation soit du côté des jeunes que du côté des élus et fonctionnaires et les obstacles qui rendent difficile l'épanouissement de la participation des jeunes.

Le questionnaire essaye de mesurer l'impact de la Charte européenne. Ainsi, environ 50 % des réponses disent connaître la Charte qui existe maintenant en plusieurs langues1 et donnent des indications sur les axes politiques prioritaires (politiques sectorielles).

Il appert que la Charte donne aux élus et décideurs politiques des repères à l'organisation d'une politique de jeunesse. Elle permet une meilleure consistance dans le travail avec les jeunes et une planification plus opérationnelle des activités de jeunesse. Elle favorise les processus de participation des jeunes en offrant un cadre de travail approprié et clarifie les différents types de structures de participation potentielles au sein d'une municipalité ou d'une région.

Pour les organisations de jeunesse, la Charte offre un cadre qui permet une approche opérationnelle et donne un contenu aux politiques municipales et régionales de jeunesse. Environ 22 % des réponses souligne qu'elle a aidé à la création d'un Conseil de jeunes. Elle stimule en général la motivation des jeunes déjà engagés dans des structures de participation.

L'enquête a mis en lumière que la Charte ne remplace pas la volonté politique de créer/soutenir des structures de participation des jeunes au niveau local ou régional ni la motivation des jeunes pour les "affaires politiques" ainsi que l'intérêt pour la "chose publique". L'absence de motivation pour le débat politique et l'image négative de la politique chez les jeunes sont soulignés dans 87 % des réponses.

YOUTH PLANET: La naissance d'un réseau européen

Marton BEKE, un jeune hongrois de 20 ans a annoncé la naissance d'une nouvelle structure européenne de coopération: "Youth Planet" (la participation des jeunes dans les réseaux de pouvoirs locaux dans l'Europe d'aujourd'hui).

L'idée est née lors d'une réunion organisée conjointement par l'ANACEJ (Association nationale de Conseils de jeunes (France)) et l'INJEP (Institut national de la Jeunesse et de l'Education populaire (France)), à Marly-le-Roi (France) le 6 février 1995. Il s'agissait d'une réunion préparatoire d'une Conférence sur "la participation des jeunes européens à la vie locale", qui devait se tenir à Strasbourg le mois de novembre suivant, à l'invitation de la municipalité et avec l'appui du Conseil de l'Europe. Environ 100 représentants de 17 pays ont participé à la Conférence de Strasbourg qui a jeté les bases d'une coopération européenne. En effet, immédiatement après, les participants ont créé ou développé des fédérations nationales de coordination des différents types de structures municipales de participation ou d'organisations de jeunes élues par les jeunes au niveau local.

Non seulement l'idée mais aussi les finalités, les objectifs et la structure d'une fédération européenne ont été décidés lors de deux réunions successives entre cinq pays européens ayant déjà organisé une fédération nationale: France, Hongrie, Italie, Roumanie et Suisse.

Il a été décidé d'enregistrer la nouvelle fédération européenne appelée Youth Planet en France, le siège ayant été placé dans les locaux de l'ANACEJ à Paris2 et de demander en même temps la qualité de membre du Forum européen de jeunesse en tant que ONG internationale. Il a été aussi décidé de créer trois commissions: celle des associations nationales, celle des représentants des enfants et des jeunes et celle des adultes et professionnels qui appuient l'initiative. Deux projets ont été envisagés: d'une part, des programmes de formation pour les représentants élus, les professionnels et les adultes-assistants et, d'autre part, la création d'un centre-ressources qui, pour l'instant, contient des informations sur Youth Planet et les associations nationales.

La première assemblée du Youth Planet a eu lieu à Budapest au CEJ le 22 octobre 1997. Les membres actifs sont les suivants:

- ANACEJ (Siège de Youth Planet, Paris);
- Fondation Pal-Tin (Bucarest);
- Democrazia in Erba (Rome);
- FSPJ (Rüfenacht, Suisse);
- Gyermek-és Itfùsàgi Önkormànyati Tàrsasàg (Budapest)

Les membres associés sont:

- Devon Youth Council (Exeter, GB)

Les observateurs sont:

- Nigel Hillier (Exeter, GB);
- Bernard Abrignani (Marly le Roi, France)

Le Président de la nouvelle association est M. Claude CASAGRANDE, le Vice-Président, M. Marton BEKE, le Secrétaire Général, M. Ion OLTEANU et le Trésorier, M. Giovanni CASTELLANI.

III - UNE CONFRONTATION DE POLITIQUES DE VILLES

Le vendredi 24 octobre, une première séance a été consacrée aux expériences de participation de quelques villes européennes, sous la présidence de M. Karl Christian ZAHN, membre du CPLRE, Maire de Dorsten (Allemagne).

Pour la municipalité de Budapest (environ 2 millions d'habitants), M. Andras SZABO a tout d'abord précisé que la capitale hongroise est divisée en 23 arrondissements, chacun ayant compétence dans le domaine de la jeunesse. La municipalité joue surtout un rôle d'initiation et de coordination. Cependant, des interventions directes dans certains domaines sont possibles, en association avec d'autres instances. Il n'en reste pas moins que la municipalité doit mieux remplir son rôle si la politique de la jeunesse entend devenir un véritable pont pour permettre le passage à l'âge adulte. Un programme d'action et un concept d'optimisation des ressources sont hautement souhaitables. Il s'agit de dynamiser l'ensemble des acteurs, y compris les jeunes. Dans l'attente, la municipalité a proposé aux organisations de jeunesse de se structurer elles-mêmes à l'échelon municipal pour leur permettre de s'exprimer et de participer à la discussion au niveau de l'ensemble de la ville. En même temps, l'échelon central a mis en chantier un projet destiné à améliorer la situation et les possibilités des jeunes qui démarrent dans la vie.

En conclusion, la situation à Budapest est à l'heure actuelle en évolution sur les deux aspects étroitement liés qui sont les politiques de jeunesse, globale et sectorielle, d'une part, et la participation, d'autre part.

M. Jean-Claude RICHEZ, Adjoint au Maire, Conseiller communautaire, a présenté la situation d'une ville, Strasbourg (environ 250 000 habitants), qui a désormais une expérience de quelques années dans le domaine de la participation des jeunes à la vie locale. Les relations centre/périphérie dans l'agglomération urbaine (environ 430 000 habitants) sont en train de changer dans le sens d'un moindre cloisonnement. Les jeunes interrogés recherchent des activités conviviales informelles dans des petites structures animées et gérées par eux-mêmes, mais quand ils y parviennent, ils échouent souvent devant les inconduites et les vandalismes. Ils semblent estimer que les clubs de prévention et les centres socio-culturels traditionnels ne sont pas adaptés à leurs besoins. Ce sont surtout les enfants des cadres qui fréquentent les activités formelles et sont membres des associations.

Les actions publiques visant la jeunesse traduisent d'abord les obligations juridiques de la ville: équipements scolaires de 2 à 11 ans et action sociale de proximité, réalisée pour le compte du Département (jeunes de 13 à 26 ans). Ces mesures relèvent en France de la commune, du département, de la région et de l'Etat.

Dans le domaine de l'animation urbaine, les interlocuteurs principaux de la ville sont les centres socio-culturels (convention triennale, mise à disposition de locaux, cofinancement). Des postes d'animateurs-jeunes sont cofinancés avec le département. Ce dispositif tend à la diversité des expériences en profitant de l'inventivité et de la capacité de renouvellement du tissu associatif. Depuis peu, la ville a pris des initiatives dans les domaines de l'insertion des jeunes par l'économique, la création de lieux culturels et musicaux, l'offre de loisirs pendant les vacances scolaires, la création de Conseils de Jeunes, l'animation sportive.

Cependant, le fonctionnement et le coût des structures socio-culturelles posent problème et la qualité du personnel en souffre. L'insertion des jeunes en difficulté et la prévention de l'exclusion ne sont pas prioritaires et s'avèrent affaiblies par le désengagement du Département dans le domaine du travail de rue des équipes de prévention. Ce vide d'animation globale dans les milieux défavorisés va inévitablement revenir à la ville.

Quelles sont les perspectives de contribuer réellement, à côté de la famille et de l'école, à ce que chaque jeune devienne un adulte responsable, actif et critique? Il conviendrait de valoriser la richesse associative par contractualisation sur objectifs coordonnés, non seulement dans le domaine des loisirs mais aussi dans celui de l'emploi et dans tout ce qui touche à la reconnaissance, à l'appartenance à la communauté, la relation à autrui, l'accès aux décisions. L'enjeu véritable est de toucher ceux qui actuellement échappent aux actions qui leur sont destinées.

Dans ce contexte général, le Conseil des jeunes installé en 1993-1994 dans sept quartiers de la ville, concerne les jeunes de 13 à 17 ans dont les représentants restent en exercice pendant deux ans et transmettent aux élus du conseil municipal souhaits et propositions. Ce dispositif vise à une véritable participation sociale des jeunes et répond à deux logiques: civique et pédagogique. On peut compter, entre autres réalisations, un journal, des terrains multisport dans les quartiers, une approche à la toxicomanie, des rencontres, etc.

4322 adolescents (35 % des jeunes scolarisés) ont participé en 1996 à l'échelle de l'agglomération à l'élection de 185 représentants répartis au sein de 10 conseils de quartier. 70 % de ceux-ci demeurent dans les quartiers périphériques et 50 % sont issus de l'immigration. Les zones urbaines concernées sont très différentes entre elles. Cependant, la découverte mutuelle ouvre peut-être la voie à une articulation personnelle et territoriale. En effet, la formation octroyée aux jeunes "élus" considère leur appréhension de leur environnement dans son ensemble et une connaissance suffisante comme préalables à une appropriation de la structure et du fonctionnement du Conseil des Jeunes (rôle et fonction d'un élu, travail de groupe, communication, culture citoyenne, conduite d'une réunion et expression publique). Ces jeunes sont amenés à apprendre à bâtir des projets qui doivent être présentés et défendus devant les élus adultes qui, seuls, ont le pouvoir de décision.

Les dix conseils de quartier ont créé des commissions transversales communes traitant d'un thème relatif à toute la ville ou à la jeunesse en général. Elles sont co-animées par l'équipe en charge du conseil et par ses partenaires extérieurs. Des commissions thématiques composées d'élus d'un même quartier ont été créées. Trois séances plénières entre jeunes élus, maire et l'ensemble de la municipalité, sont prévues pendant la durée du mandat du conseil: ce travail a rejailli sur le fonctionnement de certains services de la municipalité.

Cependant, la question d'un meilleur lien entre les jeunes élus et le reste de la population jeune et non jeune reste posée: certains quartiers ont installé une boîte aux lettres "Conseil des Jeunes", mais une collaboration avec les établissements scolaires reste à inventer. Les adolescents siègent aussi aux "comités de quartiers" où ils peuvent introduire des points à l'ordre du jour. Il est primordial que les jeunes élus arrivent à réaliser quelque chose de concret.

Si les commissions ont un axe de travail, encore faut-il que les jeunes comprennent que sans eux, sans une véritable implication de chacun, les projets ne peuvent pas aboutir. La participation est un objectif politique ambitieux, mais la réalité est plus modeste. Nous risquons de nous cantonner à des projets dits d'animation ou des projets cadrés d'avance. Quoi qu'il en soit, la politique ne peut se résigner à abandonner l'ambition de la participation du jeune citoyen à la vie de la cité.

L'expérience de Newham (Borough de Londres), présentée par Martin TILBURY, révèle des données caractéristiques: l’analyse détaillée de la situation de la population (25.000 habitants environ) et des jeunes de moins de 16 ans, en particulier (60.500 en 1996) montre, en effet, que ce Borough de la capitale possède à la fois la population la plus jeune du pays (25 %) et la plus diversifiée sur le plan ethnique (51 %).

Le niveau de pauvreté est élevé et le chômage, qui touche plus directement les hommes que les femmes, concerne plus particulièrement la tranche d’âge des 18-24 ans. Le recensement de 1991 fait apparaître de graves carences dans les conditions de logements des enfants de moins de 16 ans. Cependant, on a constaté que le nombre de jeunes de 16 à 24 ans, suivant un enseignement à temps plein ou partiel, avait considérablement augmenté au cours des cinq dernières années.

Les Forums de quartier sont des carrefours de discussion qui recueillent les avis des jeunes et les propositions de nouvelles initiatives. Ils sont ouverts aux jeunes de 14 à 19 ans et, dans certains cas, de 11 à 21 ans. Quatre jeunes par « secteur » participent au Forum et font apparaître la diversité du travail effectué dans leur secteur ainsi que les besoins du quartier. Le nombre de ces représentants peut cependant varier en fonction des besoins du quartier.

Le Forum se réunit au moins une fois par trimestre, quelques semaines avant le « Groupe consultatif des jeunes ». Ses réunions sont coordonnées par un conseiller de la jeunesse.

Le groupe consultatif des jeunes est l’organe de liaison entre le Conseil de Newham et les jeunes. Sa composition est mixte : 12 jeunes élus par les Forums de quartier et deux conseillers désignés annuellement par le Conseil. Il est assisté par quatre conseillers de la jeunesse (un par quartier). Il a surtout un rôle d’évaluation et de mise en œuvre des mesures adoptées par le Conseil, mais il assiste et coordonne les activités pour la jeunesse de ce même Conseil. Il peut formuler des recommandations, y compris sur les propositions budgétaires et de subventions, et élabore des projets.

Pour la municipalité de Turin (Italie), ville de presque un million d’habitants, Mme Rosanna BALBO, a illustré les principes essentiels du « Projet Jeunes », qui est mis en œuvre depuis quelques années.

En tout premier lieu, ce projet est fondé sur le principe du partage ou du partenariat : les services sont mis à la disposition des jeunes dans le cadre d’une relation de type contractuel. Le projet, qui a l’ambition d’atteindre le plus grand nombre possible de jeunes, est structuré en une série de forums pour la consultation des jeunes, d’une part, et, d’autre part, d’un conseil de monitorage, composé d’autorités diverses, y compris les organisations de jeunesse.

Le concept d’« éducation au bien-être » semble être plus adéquat que celui de « prévention du malaise » pour lutter contre des phénomènes de marginalisation de la jeunesse. Cependant, à cet effet, une information ponctuelle doit être largement disponible et s’accompagner d’une mise à disposition de services spécifiques, d’espaces et d’occasions qui favorisent l’initiative autonome des jeunes. Certaines initiatives couvrent l’ensemble de la ville, d’autres concernent des territoires spécifiques : l’équilibre entre le centre et la périphérie est un souci constant.

Le projet propose aux jeunes une participation volontaire et bénévole à des actions ou événements qui intéressent l’ensemble des citoyens. S’il assure la formation des médiateurs adultes pour les jeunes, il ne néglige pas l’attitude générale qu’il essaie de dégager grâce à une observation permanente axée sur le « profil » dominant du jeune. A l’observation s’ajoutent des fonctions de recherche, conception, réalisation et évaluation.

Pour terminer, quelques exemples de participation à la vie communautaire. 1000 « acheteurs » de produits proposés par 2000 jeunes (11 à 14 ans) ont participé à la Foire de l’imagination : l’argent encaissé a été dépensé pour remettre en état un parc public et pour « meubler » des espaces publics avec des objets permanents. L’initiative « Jeunes pour Turin » a permis aux 16-26 ans de promouvoir des visites aux musées de la ville ; « échange Kids » vise le maintien des liens acquis par les jeunes qui ont participé à des échanges. Les écoles secondaires (14-19) ont organisé en 1997 des voyages/contacts avec Lisbonne, Marseille et Strasbourg. Pour 1998, il est prévu d’axer ce programme sur la lutte contre le racisme et la xénophobie.

Le maire de Baia Mare (Roumanie), M. Cristian ANGHEL, a souligné que les dernières élections générales qui se sont déroulées en Roumanie, caractérisées par une faible participation des jeunes, alors que les personnes âgées ont participé massivement, ont prouvé la nécessité de développer l'éducation et la compréhension des mécanismes démocratiques. La ville a ainsi appuyé le projet "PAL-TIN" (participation à l'administration locale de la jeunesse), initié par l'ONG « Master Forum » et qui concerne maintenant des jeunes de 13 à 17 ans.

Le projet fonctionne comme un catalyseur pour les jeunes, l'administration communale et les adultes en général.

Un conseil de jeunes, composé de conseillers représentant les jeunes et les quartiers, a été élu à la suite d'élections organisées dans les écoles et les lycées de la ville. Une fois élu, ce Conseil a créé cinq commissions dans les domaines suivants: environnement, sport-loisirs, enseignement-culture, médias et relations externes, budget-finances. Les projets d'activités présentés par les conseillers-jeunes en liaison avec leur base électorale ont été discutés et approuvés en séance plénière. Ces projets ont entraîné des milliers d'enfants dans plusieurs actions de terrain. A cet égard, il y a lieu de remarquer la spontanéité et l'inventivité dont les jeunes ont fait preuve. De même, ils ont montré une remarquable capacité d'autogestion depuis l'organisation des élections jusqu'à la gestion des actions sur le terrain. L'autonomie budgétaire est garantie grâce aux contributions de divers donateurs, y compris la municipalité. L'ouverture de la municipalité aux jeunes et la coordination sont assurées par le service des relations sociales de la ville. Le contact étroit avec le fonctionnement de la municipalité et la confrontation avec les problèmes de la ville ont abouti à une interaction dynamique entre le Conseil municipal et le Conseil des jeunes. Il en est résulté un effet entraînant la coopération entre écoles et la participation des jeunes à tous les événements majeurs de la vie de la commune.

Les jeunes de Baia Mare sont en contact avec les jeunes d'autres municipalités de Roumanie qui soutiennent maintenant le même projet PALTIN, ainsi qu'avec des conseils de jeunes à l'étranger. En conclusion, les jeunes ont appris beaucoup sur le fonctionnement de l'administration locale et sur l'appréhension des problèmes majeurs. Ils ont accumulé une expérience précieuse qu'ils laissent en héritage à leurs successeurs. Ils ont véritablement pratiqué l'information, la participation et la tolérance et seront dès lors des citoyens mieux armés que leurs aînés.

Le conseiller de la ville de Leeds (Royaume-Uni), M. Gerard HARPER, a souligné que le conseil municipal donne depuis des années la parole aux jeunes de Leeds. Plus récemment, en 1994, donnant suite à une étude relative aux services visant les jeunes, le Conseil a élaboré une stratégie pour la jeunesse appelée « Vu, Entendu et Ecouté  - Les jeunes à Leeds ». En 1995, un sondage a permis aux jeunes de s’exprimer sur les conditions de vie dans leur ville : les résultats ont été consignés dans le rapport « Leeds donne la parole à ses jeunes gens » (1995) et une nouvelle commission municipale pour la jeunesse a été créée.

Composée d’élus, la commission permet aux jeunes d’avoir leur mot à dire sur les services qui leur sont proposés et coordonne les politiques des différents départements municipaux. Sur le territoire de la ville, des « Forums de jeunes », qui ont leurs propres règles et structures, préparent et gèrent leurs propres budgets et entreprennent des projets profitables à la communauté. Ces Forums (qui seront au nombre de 50 en 1998) vont être regroupés en huit quartiers qui procéderont à l’élection de jeunes représentants pour siéger à la commission municipale.

Cependant, les jeunes participent à d’autres manifestations et activités, notamment par l’entremise des « Clubs de jeunes » et de projets spécifiques. Une semaine de la jeunesse, organisée entièrement par les jeunes, aura lieu du 3 au 9 novembre 1998 sur le thème « donner la parole aux jeunes ». Entre autres événements, une audience avec des élus locaux et nationaux va permettre aux jeunes d’engager une discussion sur toute une gamme de questions relatives à la jeunesse.

La municipalité de Lyon (France) compte 425.000 habitants et 100.000 étudiants. A l’instigation du maire, Mme Bernadette BERTRIX, conseillère municipale et communautaire, a lancé le conseil municipal des jeunes de Lyon en novembre 1996. Les candidats à l’élection de 73 conseillers-jeunes ont été désignés par l’Assemblée des grands électeurs, composée de délégués, d’élèves des classes de troisième et de seconde (c’est-à-dire de 14 à 16 ans) de tous les établissements scolaires de la ville. Les élections ont eu lieu à l’Hôtel de Ville.

Les jeunes élus travaillent en commissions thématiques, encadrés par deux animateurs sur des sujets et des projets librement choisis et gérés qui sont financés par l’adjoint au maire chaque fois concerné. Voici quelques-unes des actions les plus significatives des commissions : l’édition d’un livre d’orientation à la vie active ; la rédaction d’une Charte contre la violence et la réalisation d’un clip pour la prévention ; la solidarité avec les personnes sans domicile fixe en voie de réinsertion invitées à des spectacles ou manifestations sportives ; l’organisation de spectacles dans les hôpitaux gériatriques ; la création d’un « roller-parc ».

Le Conseil des jeunes va être étendu à tous les arrondissements de la ville. Il sera sur Internet, avec l’organisation de forums thématiques. Récemment, une cellule de réflexion composée d’élus adultes et de jeunes ainsi que de chefs d’établissements scolaires, se penche sur les moyens visant l’implication des jeunes dans la vie de la cité.

LE TEMOIGNAGE DES JEUNES

Après les responsables des sept villes, sous la présidence de M. VENTURINI, membre du CPLRE (Saint-Marin), s'est déroulée une séance qui a donné la parole aux représentants des conseils des jeunes de cinq villes européennes appartenant à autant de pays différents.

Pour le Conseil des jeunes de Baia Mare (Roumanie), M. Bogdan ANDRONESI a rappelé que les premières élections du Conseil des jeunes ont eu lieu en octobre 1995, lorsque 4000 élèves de 12 à 15 ans ont participé à l'élection dans les écoles de la ville de 40 conseillers à partir de 150 candidats. Une deuxième élection, pour un deuxième mandat, a eu lieu en février 1997.

Les projets retenus par le Conseil des jeunes parmi ceux présentés pendant la campagne électorale et les activités auxquelles ils ont donné lieu, peuvent être classés en quatre groupes. Il y a tout d'abord des projets qui ont été conçus d'une façon assez autonome par les jeunes, mais qui nécessitent l'accord sinon l'appui de structures externes: la création de stations-radio dans les écoles, des concours de peinture et de dessin de rue, la création d'une ligne téléphonique à l'écoute des enfants. Bon nombre d'actions sont soit conçues soit menées conjointement avec les municipalités: activités pour les personnes âgées, les enfants en orphelinat, sauvegarde de l'environnement, notamment le nettoyage d'une rivière (1200 jeunes ont participé à cette action). Le Conseil des jeunes garde le contact avec d'autres conseils de jeunes ou associations en Roumanie (Budapest, Calafat, l'association Master Forum) et d'ailleurs (Berlin, Brest, etc.). Il a contribué à la création, en tant que membre fondateur, de la Fédération roumaine des Conseils de jeunes, a participé à une réunion de la Fédération des villes de Roumanie et aux conférences internationales de Leipzig et Rotterdam.

En conclusion, si l'institution du Conseil des Jeunes vise au premier chef, l'apprentissage et la formation des jeunes à la citoyenneté démocratique, elle s'adresse aussi bien aux adultes: fonctionnaires, enseignants, parents, associations civiques et de jeunesse. En effet, il s'agit d'un projet qui ne peut pas s'épanouir sans la promotion et le partenariat des adultes. Ceux-ci sont alors amenés à établir une nouvelle forme de communication avec la jeunesse et à dialoguer et collaborer avec d'autres adultes. Le Conseil des jeunes remplit par conséquent la véritable fonction de pont entre les générations.

Melle Yolande TAGBOR-CLAVEL, présente l'expérience du premier Conseil de Jeunes de Strasbourg (France), mis en place depuis 1993. Une fois les commissions créées, elle a choisi celle consacrée aux problèmes de son quartier, l'Elsau. Il s'agissait, en particulier, d'attirer l'attention des plus jeunes sur les dangers de la toxicomanie. Un film-document a été produit à cet égard. Mais elle a participé aussi aux travaux des commissions inter-conseils de quartier, y compris aux jumelages avec les conseils de Cracovie et Leicester.

En général, on peut dire que les conseils de jeunes ont permis aux jeunes de comprendre qu'il y a des moyens de devenir acteurs de la vie en société encore que tous les jeunes n'aient pas l'intention de poursuivre une carrière politique. En effet, la politique n'a pas bonne réputation auprès des jeunes.

L'expérience vécue lui a permis de développer une responsabilité personnelle quant à ses propres actes et revendications, de connaître les rouages administratifs, de s'ouvrir aux autres et au monde. La liberté de parole vis-à-vis des adultes exerçant une responsabilité politique est source de connaissance et d'autosatisfaction!

Si les jeunes ne participent pas à la construction de la société de l'avenir, c'est l'avenir de la politique elle-même qui est alors en question. C'est ainsi que Mme Charlotte WHITTAKER a introduit son exposé relatif à l'expérience du Conseil des Jeunes du comté du Devon (Royaume-Uni) dont elle est la présidente.

Créé en 1993, seul conseil de ce type démocratiquement élu à fonctionner entièrement grâce aux jeunes et pour les jeunes, il se présente comme une instance autonome fortement soutenue par les pouvoirs locaux.

Entre le Conseil du comté et le conseil des jeunes, les contacts et les liaisons sont multiples, étroits et constants: les jeunes procèdent à des échanges d'informations avec la sous-commission chargée de la politique générale, la participation réciproque aux séances des deux conseils permet aux jeunes de mesurer l'impact des initiatives et de réagir, des liaisons quotidiennes et des réunions périodiques ont lieu avec les différents départements du comté, des contacts sont maintenus avec le groupe consultatif composé d'acteurs dans le domaine de la jeunesse qui donnent un soutien, des informations et des directives au Conseil des Jeunes. Une commission mixte du Conseil du comté, chargée de suivre la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies relative au droit des enfants, est convoquée et présidée par le Conseil des Jeunes du Devon.

Le Conseil des Jeunes a tissé des liens serrés avec la police, les services sanitaires, les magistrats, les députés nationaux et européens, les conseils des jeunes du Royaume-Uni et de l'étranger. Il est très écouté au sein du British Youth Council et auprès d'autorités diverses au Royaume-Uni.

La force du conseil tient aussi à ses contacts permanents avec la base, grâce à des réunions organisées à l'échelle du comté et à un niveau inférieur. Les jeunes sont encouragés à organiser des rencontres-débats entre eux, avec le Conseil des Jeunes et avec les décideurs locaux. Des suites sont données à cette activité: conférences, recherches, informations, projets à long terme.

Cependant, la qualité du partenariat jeunes-adultes reste la clé de toute réussite. Pour la crédibilité du conseil auprès des jeunes, tout d'abord, pour la prise en compte par le Conseil des Adultes, ensuite, des bonnes idées que les jeunes peuvent avoir et la pertinence des décisions politiques et pratiques.

Le Conseil des Jeunes encourage véritablement les jeunes à acquérir des responsabilités et apprendre à devenir des citoyens. Il importe alors de donner aux jeunes les moyens d'agir. C'est pourquoi, le Conseil de comté des jeunes, qui rassemble globalement les jeunes du Devon, a été complété par la création dans chaque communauté de "forums de jeunes" capables de fonctionner efficacement. A présent, ces forums sont au nombre de 30 avec, à sa tête, un forum de comté. Un autre forum participe à des organisations bénévoles et les écoles du comté sont étroitement aidées et encouragées à créer des conseils scolaires efficaces.
En conclusion, d'une part les jeunes sont plus enclins à respecter les décisions si on les consulte et on les écoute. Le Conseil en offre la possibilité. D'autre part, les autorités du Devon ont bénéficié de l'apport des jeunes et le Devon ne s'en porte que mieux.

Le Maire du Conseil des Jeunes du XXe arrondissement de Budapest (Pesterzsèbet), Mlle Zsòfia ANGELI, a pu présenter le bilan du premier mandat du conseil élu le 11 novembre 1995. Le Conseil comprend 20 jeunes délégués de chaque école ou collège de l'arrondissement. Six commissions ont été créées. Le budget de l'institution est alimenté par des ministères et fondations et le Conseil d'arrondissement des adultes. En effet, les relations entre les deux conseils sont maintenues grâce à la participation réciproque des présidents aux sessions de chaque conseil.

Ce Conseil des Jeunes a aidé à la création en 1997 d'une deuxième structure de participation des jeunes qui se trouve dans un quartier proche de Budapest. Les activités des Conseils des Jeunes hongrois couvrent une gamme très large de domaines (culture, sport, loisirs, social, environnement, communication). Melle ANGELI a mis particulièrement l'accent sur l'organisation de camps de vacances (pour 23 lauréats d'un concours de rédaction et de poésie et pour ceux qui manifestent un intérêt pour les Conseils de Jeunes).

Le Président du Conseil des Jeunes de Genk (Belgique), M. Filip MEYTEN, a présenté les politiques relatives au travail de jeunesse en Belgique qui sont distribuées entre plusieurs autorités tant au niveau communautaire (flamand et francophone) que fédéral (Flandres, Wallonie et Bruxelles capitale).

Pour illustrer ce propos, le rôle du ministère flamand de la Culture, compétent en matière de loisirs de jeunes, a été choisi à titre d'exemple. Au niveau communautaire, les autorités flamandes se bornent, d'une part, à garantir aux jeunes le choix le plus large possible de loisirs sans perturber le dynamisme des initiatives privées et, d'autre part, à jouer un rôle de stimulation (et, si nécessaire, d'aide et de soutien) aux offres disponibles tout en garantissant la protection des valeurs d'ouverture, de tolérance et de démocratie. Les autorités sont dans l'obligation permanente d'évaluer leur politique de jeunesse à la lumière des opinions et des attentes. Les politiques récentes visent l'intégration et l'éducation.

Les activités générales des organisations de jeunesse flamandes sont subventionnées par décret (environ 550.000.000 francs belges en 1997): il s'agit de mouvements de jeunesse (à partir de 6 ans), de mouvements de jeunes adultes de plus de 14 ans (activités socioculturelles), de mouvements d'étudiants ainsi que des services d'assistance ou religieux. Toutes ces organisations sont membres du "Conseil flamand de la jeunesse" et jouent le rôle de conseillers des autorités flamandes.

Les collectivités locales, qui ont défini un projet local de travail de jeunesse sur trois ans, bénéficient de l'aide financière flamande (budget 1997: 550.000.000 francs belges). Les règles communes visent les procédures plutôt que les contenus des projets locaux, car l'objectif est d'encourager les acteurs intéressés, y compris les enfants et les jeunes, à participer à la définition et à la réalisation du projet plutôt que de laisser cette tâche aux seuls pouvoirs locaux.

Au cours des quatre premières années, le travail de jeunesse est toutefois orienté en priorité vers l'enfance et l'adolescence défavorisées. Les subventions sont affectées au fonctionnement, aux programmes de formation de responsables, aux salaires des éducateurs et aux infrastructures relatifs uniquement aux initiatives locales. En sont exclus les services de jeunesse des collectivités locales qui jouent de toute manière un rôle important dans la conception des programmes/projets de travail jeunesse, car bien placés pour garantir la participation la plus large possible des jeunes à la définition de ces programmes.

Dans ce schéma, qui semble privilégier le rôle joué par les organisations de jeunesse , le Conseil de jeunes doit être apparemment considéré chaque fois comme une initiative spécifique locale (et triennale) pour pouvoir éventuellement bénéficier de l'appui financier flamand, sans préjuger par ailleurs de l'aide directe, financière ou autre, des collectivités locales.

VILLES ET REGIONS : UNE DEUXIEME CONFRONTATION DES POLITIQUES

La troisième séance s'est déroulée sous la présidence de Mme Olga BENNETT, membre du CPLRE et conseillère à Dublin (Irlande). Cette séance a été consacrée aux politiques de participation des jeunes menées par cinq autres villes et régions d'Europe.

Malgorzata MORAWIEC, du Centre de la Jeunesse de Cracovie (Pologne), a illustré la politique de la ville qui revêt plusieurs dimensions. Ainsi, dans le domaine des loisirs et de l'éducation populaire, un réseau de onze centres et maisons de la culture vise les enfants et les jeunes de 5 à 18 ans. L'exemple type de cette activité est le Centre de la Jeunesse H. Jordan qui ambitionne le développement des intérêts et talents intellectuels, artistiques et sportifs des jeunes, y compris pendant le temps libre. Les activités de ce centre sont diverses: initiation au travail autonome, littérature, théâtre, cinéma, musées, manifestations musicales, concours, séminaires, coopération avec les jeunes polonais des pays proches et avec les jeunes des pays européens, y compris les échanges et les congés scolaires, le tourisme des jeunes.

La ville aide les jeunes, surtout les jeunes chômeurs, à s'introduire dans la société. Le Centre d'information de la jeunesse développe une action pédagogique: accueil, information, documentation, aide à l'inscription scolaire, aides juridiques diverses, actions entre le chômage des jeunes (fonctionnement du marché, rédaction de CV, rencontres, ateliers), conception de projets qui favorisent l'initiative, l'engagement social des jeunes, organisation de sondages.

Les autorités de la ville coopèrent avec les ONG pour favoriser la participation des jeunes dans la vie locale et la coopération internationale des jeunes. Elles ont participé à la création du Centre de la coopération européenne des jeunes qui sensibilise ces derniers à la citoyenneté européenne, lutte contre le racisme et l'intolérance, coopère avec les jeunes de l'Est et de l'Ouest et offre une formation aux acteurs des politiques de jeunesse.

En général, la Ville soutient l'activité culturelle des jeunes. Les demandes de financement peuvent être déposées par les organisations, les écoles, les paroisses. Elle finance aussi 80 % des échanges internationaux de jeunes.

Le représentant de la ville de Herne (173.000 habitants, en Allemagne dans la Rhénanie du Nord-Westphalie), l'adjoint au maire Olaf KLEFFMANN, souligne tout d'abord, que la participation des enfants et des jeunes est actuellement un sujet très à la mode, car cette partie de la population, soutenue par des adultes engagés, a su faire preuve de capacité à réfléchir à la planification de l'avenir. Les enfants/jeunes introduisent en effet dans la réflexion une dimension véritablement nouvelle. Il n'empêche, la participation signifie partage avec les adultes des décisions et des solutions envisagées, elle exige aussi une conscience claire de ses implications et doit aboutir à un processus de concrétisation adapté aux enfants ainsi qu'à une coordination par les adultes. Last but not least, la participation des jeunes peut aider à ouvrir la voie à celle des adultes: ce qui est bon pour les enfants l'est souvent aussi pour les adultes.

Depuis quelques années, en Allemagne, les formes de participation sont variées. Une forme ouverte de participation (forums, assemblées de quartier, tables rondes) permet l'accès à chacun qui y défend, seul ou avec d'autres, sa proposition. Une autre participation se matérialise à travers les médias (l'assemblée d'enfants de la radiodiffusion sarroise, l'action "Courage - Agis" du magazine Mücke (moustique), le sommet des enfants sur la nature, ou encore, les pages ouvertes aux classes des écoles dans quelques journaux locaux). Une forme de participation très adaptée aux enfants est celle liée à un projet spécifique, par exemple, l'aménagement d'aires de jeux.

Une dernière forme de participation est celle parlementaire: conseils municipaux des jeunes, conseils consultatifs des enfants, parlements des enfants et des jeunes. C’est la forme choisie à Herne. Chacune des écoles de la ville a désigné un délégué dont l'âge est compris entre 9 et 18 ans. La première séance s'est déroulée sous la présidence du maire et en présence d'administrateurs et de politiciens.

Le parlement étant convoqué une fois par semestre, les jeunes ont organisé quatre cercles de travail d'arrondissement, qui se réunissent toutes les deux à trois semaines. Il s'agit de faire en sorte que les enfants et les jeunes prennent effectivement la parole et soient écoutés. La mission essentielle du parlement est de rendre la ville plus agréable à vivre pour les enfants. On peut dire qu'il y est parvenu. La variété des thèmes traités explique ce succès: problèmes scolaires, loisirs, jeu, sport, circulation routière et environnement. Mais la protection directe du maire y est pour beaucoup, car elle empêche l'enlisement administratif des propositions formulées par les enfants.

Dès 1993, la commission scolaire du conseil municipal de Herne a octroyé aux jeunes du parlement la prise de parole, en présence des représentants de l'administration. En 1994, ce même conseil a accordé aux jeunes un droit de parole dans les commissions et les assemblées d'arrondissement. Les jeunes exercent régulièrement ce droit. En outre, l'administration de la ville a décidé de faire participer les enfants aux projets qui les concernent, notamment la création ou l'aménagement d'aires de jeu ou les mesures d'amélioration de l'environnement urbain. Un groupe de travail mixte coordonne les mesures et apporte un soutien administratif.

Parmi les acquis du parlement, il y a lieu de mentionner: la création de zones piétonnes, des équipements de jeu, le prêt gratuit de jeux, le guide de la ville pour les enfants, manifestations diverses, une page mensuelle dans le journal, des forums et des campagnes d'information. Le parlement dispose d'un bureau à la mairie, équipé avec un ordinateur et Internet. Le budget annuel est de 10.000 DM, mais des sociétés et entreprises diverses parrainent les jeunes. Des indemnités de représentation complètent l'aide.

Le modèle de participation réalisé à Herne peut être qualifié d'idéal. Après cinq ans, la politique de la jeunesse de Herne ne saurait se passer de cette institution, élément désormais intrinsèque à la ville. Depuis, le parlement ne cesse de gagner en autonomie et le soutien des "anciens" d'augmenter. Il est vrai aussi que d'autres villes n'ont pas eu la chance d'avoir, comme la ville de Herne, un soutien aussi direct et solide du maire.

Parmi les 26 cantons suisses, celui d'Appenzell-Rhodes extérieures est l'un des plus petits, avec ses 54.000 habitants. M. Ulrich WIDMER, membre du gouvernement (conseiller d'Etat) a tout d'abord placé le parlement de jeunes du canton dans le cadre du système suisse d'autonomies (fiscale, constitutionnelle, législative) et de démocratie directe. Tous les citoyens jouissent du droit de participation aux décisions politiques, qu'il s'agisse de questions importantes ou de détail.

Le parlement de jeunes voit le jour en 1991 (700e anniversaire de la Confédération), à l'initiative d'un groupe de jeunes. Les candidatures des jeunes de 15 à 22 ans ont été sollicitées auprès des écoles et les premiers 63 membres du parlement (le même nombre que les conseillers du canton), choisis par tirage au sort, ont pu se réunir immédiatement dans la salle du parlement de Heriseau.

En six ans de vie, le parlement de jeunes a réalisé une douzaine de projets. Si l'expérience est absolument positive, elle révèle cependant quelques points faibles qui méritent réflexion. En premier lieu, en l'absence de statut juridique, le parlement de jeunes est simplement invité à communiquer ses conclusions au gouvernement cantonal et aux partis politiques. Le financement annuel repose également sur la bonne volonté du gouvernement. A ces carences institutionnelles s'ajoute un degré élevé de mobilité des membres et l'alternance de moments forts et de moments faibles dans la vie du parlement. Il n'en reste pas moins que le soutien du canton au parlement de jeunes, qui a prolongé indéfiniment son existence, s’appuie sur la forte certitude qu'il est l'endroit où se prépare l'avenir immédiat de la communauté.

La participation des jeunes en Catalogne (région autonome espagnole d'environ 6,5 millions d'habitants), a fait l'objet de l'exposé de M. Antoni BIARNES I MAS, du Secrétariat général de la jeunesse.

Autonome, la Catalogne jouit d'un pouvoir exclusif en matière de jeunesse. Les fonctions du Secrétariat sont essentiellement au nombre de quatre et chacune comporte une dimension participative.

En premier lieu, il s'agit de concevoir une politique de jeunesse à inscrire dans un plan interministériel triennal. L'accent est mis particulièrement sur la formation des jeunes et sur la lutte contre les exclusions. Le plan est élaboré à partir de larges consultations et sa mise en œuvre par atelier englobe les représentants des jeunes.

Les jeunes sont encouragés à créer des associations; celles-ci sont regroupées, avec les conseils locaux de jeunesse, dans le Conseil national de la Jeunesse, qui est l'organe le plus proche du gouvernement catalan.

La gestion des services offerts aux jeunes (entre autres: l'eurocarte, 24 auberges de jeunesse, activités éducatives et récréatives, projets touristiques, salles d'expositions, programmes européens) va être progressivement transférée aux organisations de jeunesse, aux associations à but non lucratif et aux sociétés de service.

Enfin, la coopération avec les milieux locaux est essentiellement menée par l'entremise des 50 comtés catalans qui couvrent environ 1000 communes. Par ailleurs, les politiques poursuivies par les conseils municipaux sont souvent novatrices, car axées sur la proximité.

Une bonne participation exige que certaines conditions préalables relatives à la condition juvénile soient convenablement remplies. Il appartient aux pouvoirs politiques de jeter les bases de cette participation. Or, beaucoup d'efforts sont encore nécessaires pour lutter contre le chômage des jeunes, l'abandon scolaire, la cherté du logement, les explosions soudaines de violence, la progression du sida. Le message constamment diffusé par les pouvoirs publics vise l'engagement des jeunes et leur prise de responsabilité, le développement de l'esprit d'initiative. Cependant, la participation à la vie politique se résume au droit de vote et les adhésions aux ONG (un jeune sur trois) sont relativement faibles. D'autre part, des structures telles que les centres ou clubs de jeunesse ne donnent pas aux jeunes le sentiment que les espaces et les projets proposés leur appartiennent véritablement. Les conseils locaux de jeunesse soit ne sont pas assez représentatifs soit ils ont un rôle vaguement consultatif et de revendication.

Plus généralement, alors que la participation dans le monde de l'éducation gagne du terrain, le monde du travail est encore géré par le contrôle et l'autorité.

En conclusion, on peut dire que la mise en œuvre de la Charte européenne a réellement progressé en Catalogne, encore que l'on ne soit pas encore au bout du chemin.

Cette séance a été complétée par l'intervention de M. Werner WINTERSTEIN, de l'association Alpen Adria Alternativ de Villach (Autriche), qui a fait état de la création, au mois de mai 1997, du conseil municipal des jeunes de Villach (environ 50.000 habitants) et de l'élaboration du manifeste de la jeunesse européenne dans le cadre de la deuxième académie européenne de la jeunesse (1996). Rédigé par un groupe international de jeunes et adopté par un "Parlement de la jeunesse" et déjà présenté à des instances européennes et à l'UNESCO, le manifeste est un outil très utile pour la participation politique des jeunes à l'échelle européenne.

IV. LA PARTICIPATION DES JEUNES ET LE ROLE DES ASSOCIATIONS NATIONALES

La dernière séance de la journée de vendredi 24 octobre a été consacrée au rôle des associations nationales regroupant les structures de participation des jeunes. Elle a eu lieu sous la présidence de M. Martin HAAS, membre du CPLRE, Président de la ville de Winterthur (Suisse).

M. Ion OLTEANU, coordinateur à la Fondation PAL-TIN, a évoqué la participation des jeunes à la décision publique en Roumanie.

La transition démocratique en Roumanie a provoqué une reconstitution des concepts, en particulier le concept de participation, et des pratiques dont la signification avait été détruite ou déformée par le régime d’avant 1989. La liberté d’association, jointe à la liberté politique et de la presse a joué un rôle moteur pour les politiques de la jeunesse, alors que le secteur public a éprouvé des difficultés à dépasser les modèles autoritaires ou paternalistes du passé. La participation, le dialogue et le partenariat avec les jeunes sont restés des thèmes d’un discours théorique souvent à des fins électoralistes. Ce n’est qu’en 1997 que l’administration locale a été capable de financer quelques projets relatifs à la jeunesse, soumis par des ONG.

Au début, les structures associatives de jeunesse (ONG) ont exprimé une vague tendance de représentation générale des jeunes et se sont essentiellement consacrées à l’élaboration d’une politique nationale de jeunesse. Durant cette période, il ne s’agissait pas d’une véritable participation, mais d’une sorte d’encadrement de la jeunesse dans les différentes formations politiques. Depuis, les associations ont évolué vers une spécialisation par domaine d’action (environnement, loisir, culture, sport, tourisme, etc.) et la participation des jeunes est devenue une mécanique de leur fonctionnement interne.

Ce sont plutôt des associations civiques ou éducationnelles qui ont élaboré un concept de participation comme un objectif à atteindre (lutte contre l’absentéisme électoral, réforme de l’éducation civique, etc.). Les écoles et les administrations locales étaient visées en priorité. Grâce à l’aide de la Fondation suisse SOLON, le projet démarre en 1994 et obtient en 1995 le soutien du programme « Phare for Democracy » intéressant 27 conseils d’enfants et de jeunes dans une moitié de districts administratifs roumains. Les conseils élus par 65.000 jeunes élaborent et gèrent leurs propres projets. 700 jeunes ont déjà exercé la fonction de conseiller. Ils ont appris comment agir en citoyens responsables et ont contribué au changement de mentalité des adultes : en obtenant le soutien des administrations locales, l’animation de certains enseignants, le partenariat des ONG, le soutien financier des sponsors, l’admiration et le soutien de la population locale et des médias.

En 1997, la Fondation PAL-TIN a été créée pour aider à l’organisation des nouvelles élections et soutenir l’activité des conseils existants tandis que la Fédération des conseils d’enfants de Roumanie a vu le jour comme structure de représentation des conseils de jeunes et de promotion de leurs projets. A côté d’échanges européens bilatéraux avec des administrations locales (Berlin, Rotterdam, Munster, Brest, Putnok) et avec des associations (ANACEJ, Understanding Bus, Demo in Erba, Devon Youth Council, etc.), la création de « Youth Planet » devrait permettre maintenant l’extension de la collaboration et la réalisation d’échanges d’expériences à l’échelle européenne. En Roumanie, les autorités locales et la Fédération des municipalités ont appuyé la participation des jeunes. Au niveau européen, le CPLRE pourrait promouvoir et soutenir la participation de jeunes de différents pays européens aux projets communs. Youth Planet et les associations nationales des Conseils de jeunes pourraient être des excellents partenaires.

Depuis 1991 (date anniversaire de la Confédération), le mouvement de création des parlements de jeunes aux niveaux municipal et cantonal en Suisse s’accélère. En 1997, il y en a déjà une quarantaine (quelque 2000 jeunes sont concernés) et vingt autres sont en voie de constitution. C’est ainsi que Martina LUDESCHER, coprésidente du « Comité de liaison des parlements de jeunes » a introduit son exposé.

Comme il en est du parlement de Appenzell-Rhodes extérieures, les membres des parlements, élus ou volontaires, ont entre 15 et 24 ans ; le « Bureau » qui coordonne les actions et tient les relations publiques, comprend cinq à douze membres alors que les autres membres se regroupent par thème. Les budgets sont fonction de l’apport des cantons et des communes. Les femmes sont bien représentées.

Lors d’une conférence tenue à Appenzell-Rhodes en 1993, l’idée fut lancée d’une coordination confédérale des parlements de jeunes. Ainsi, en 1994 fut créé le Comité de liaison des parlements de jeunes (DSJ) ; ses fonctions sont les suivantes : information, coordination, soutien, conseil, aide à la création de parlements, liaison avec les pouvoirs confédéraux, conférence annuelle. Chaque parlement y est représenté par deux délégués. Un comité directeur de sept à onze membres est complété par deux groupes de travail. Le DSJ est financé par les cotisations de ses membres (3,5 % du budget de chaque parlement), mais il y a aussi des sources publiques de financement (le budget 1997 est d’environ 500.000 francs suisses).

Après une période consacrée à des tâches d’organisation, le Comité a organisé en 1997 une rencontre des présidents de parlements. Une visite annuelle aux membres vise à maintenir les contacts et à fournir informations et conseils. Le DSJ prend position sur des sujets d’actualité politique et des projets de loi ; il publie un bulletin d’information et vient de participer à la constitution à Budapest de Youth Planet.

Les jeunes savent qu’il existe une plate-forme commune et que leurs parlements ne sont pas isolés. Le Comité de liaison est désormais un puissant interlocuteur, incontournable, de la politique de jeunesse de la Suisse. Les parlements conçoivent et réalisent leurs projets et fonctionnent comme des centres d’apprentissage politique. En général, ils sont bien intégrés dans l’administration : certains ont un pouvoir consultatif, d’autres peuvent présenter des motions. La dynamique actuelle fait penser qu’ils correspondent aux besoins de nombreux jeunes. Leur indépendance par rapport aux partis politiques est un critère déterminant pour des jeunes qui souhaitent être politiquement actifs. Ils sont autonomes et les représentants des adultes n’ont qu’un simple rôle de conseil. Leur travail, axé sur des projets, correspond parfaitement aux caractéristiques de la vie des jeunes (mobilité, changements fréquents, spontanéité) et permet d’aboutir, après une période de temps limitée, à des résultats visibles. La motivation des jeunes s’en trouve accrue et l’apprentissage de la citoyenneté active peut alors s’inscrire dans la durée et la progression.

L’impulsion des parlements de jeunes à la politique de jeunesse est essentielle : plates-formes et bassins collecteurs d’idées, d’intérêts et de préoccupations. Les jeunes peuvent réellement influer leur cadre de vie et le modifier. L’avenir des parlements est assuré s’ils participent effectivement à la politique en place et s’ils sont vraiment intégrés dans les structures établies.

La directrice de l’Association nationale des conseils d’enfants et de jeunes (ANACEJ, France), Mme Claire JODRY, a tout d’abord souligné que la conférence de Budapest permet d’établir des concordances entre associations nationales d’une part, et entre celles-ci et une instance européenne, le CPLRE, d’autre part. Les liens et interactions entre différents niveaux sont certes utiles, mais supposent l’existence d’un travail assidu au niveau local.

La création en 1979 du premier conseil communal d’enfants (9-13 ans) dans la commune de Schiltigheim en Alsace, a eu un effet explosif. En 1997, les conseils d’enfants et de jeunes sont en effet au nombre de 940. Chaque conseil a essayé de s’inspirer de l’expérience de ceux qui l’ont précédé. La méthode alors suivie était purement empirique. Cependant, les difficultés et les questions étaient toujours les mêmes : en particulier, les meilleures modalités de fonctionnement des conseils, les conditions d’une réelle participation des jeunes, les objectifs à atteindre.

Ainsi, les communes mêmes ont souhaité la création d’une association nationale pour aider à créer des conseils, informer, améliorer la qualité, organiser des échanges, élaborer une méthodologie, constituer un groupe de pression. L’ANACEJ est née en 1991. Elle regroupe actuellement 413 communes qui cotisent ainsi que 10 Fédérations nationales d’éducation populaire et s’entoure de personnes et organismes qualifiés, particulièrement intéressés à la participation. Elle entretient des contacts avec chaque commune. Cependant, pour l’instant, il n’y a pas de jeunes dans le conseil d’administration de l’ANACEJ, mais cette lacune pourrait être comblée à l’avenir. Les finances sont relativement précaires car trop dépendantes des politiques nationales.

Quelques exemples concrets du rôle rempli par l’association : l’information (banques de données sur les conseils, synthèses, revue « Si jeune, civique », vidéos, notamment dans l’environnement), la valorisation de l’action des conseils (réflexion annuelle thématique, émissions de télévision sur les actions des citoyens dans leur environnement), la formation, y compris celle des accompagnateurs adultes, la mise en réseau des personnes et des expériences par thème et par région, la réflexion indépendante, les échanges bilatéraux pour les jeunes et les adultes, la participation au réseau européen de jeunes de 10 pays (« Dialogue pour l’avenir ») et maintenant la participation à l’association Youth Planet.

En conclusion, l’association a permis l’amélioration de la qualité de la participation des jeunes par le biais des conseils et la possibilité de participer est maintenant plus forte. La route est cependant encore longue. Tous ensemble, nous saurons cependant la parcourir.

Le coordinateur de l’association italienne de conseils d’enfants « Democrazia in Erba », M. Giovanni CASTELLANI, rappelle qu’en Italie les premiers conseils sont nés en 1991. Ils sont aujourd’hui 110.

Les conseils des enfants sont des facteurs d’interaction dans la vie des enfants : ils peuvent informer les familles afin d’obtenir leur soutien et leur collaboration ; ils aident les jeunes et les adultes à prendre conscience de leurs droits et responsabilités dans le cadre de l’école ; ils élargissent l’espace et la mobilité des enfants souvent limités au quartier qu’ils habitent.

Les conseils communaux sont, d’autre part, des lieux d’interaction générationnelle où les conseils des enfants peuvent soumettre des propositions tandis que les adultes mettent à la disposition des enfants demandeurs leurs connaissances et compétences.

Pédagogie de l’intention, stratégie de la participation et culture communautaire résument les idées générales de l’association.

Les plus jeunes doivent être accompagnés par des « facilitateurs », à savoir, des médiateurs entre les jeunes, l’école, le quartier et l’administration locale.

Le conseil d’enfants doit être perçu comme une sorte de jeu intéressant, qui ouvre une possibilité de contact avec les autres et comme un outil de développement personnel. Les maires et les conseillers municipaux doivent s’impliquer : il leur appartient de décider la création des conseils d’enfants. L’école doit identifier les enseignants facilitateurs, capables de constituer un réseau de soutien. Mais, tout adulte, membre d’associations ou remplissant un rôle dans la vie de la communauté, peut devenir médiateur.

Lors de la Convention tenue à Pérouse les 20 et 21 janvier 1995, les représentants des conseils municipaux d’enfants ont adopté une Charte qui fixe les objectifs fondamentaux (en particulier, l’amélioration des relations et des contacts jeunes-adultes) ainsi que les règles minima de fonctionnement de tels conseils : tous les jeunes résidant dans une localité peuvent devenir des représentants à condition d’avoir un programme reconnu. Le contenu et la durée du mandat peuvent varier selon la taille des communes. Le rôle des facilitateurs/médiateurs y est souligné ainsi que l’opportunité d’une phase préparatoire précédant la constitution du conseil. La Charte rejette : les tensions entre jeunes et adultes et entre majorité et minorités, les rivalités le manque de respect, le favoritisme, l’exploitation des jeunes par les adultes, l’imitation des modes d’action politique des adultes.

C’est essentiellement pour mettre en contact des adultes, des enfants, des adolescents et des institutions, en vue d’améliorer la vie en milieu urbain qu’a été créée à Rome l’association « Demo in Erba ». Elle regroupe des conseils d’enfants et d’adolescents ainsi que toute organisation, institution ou personne qui souscrit aux objectifs de l’association (promotion de la citoyenneté en favorisant une participation démocratique et directe de la jeunesse à la vie de la société ; développement d’activités pour les jeunes ; formation et coordination de réseaux ; aide à la création de conseils d’enfants et à leur fonctionnement adapté à l’âge de leurs membres). Les membres de l’association se distinguent entre membres fondateurs, pouvoirs locaux et régionaux ou toute autre instance élue démocratiquement ayant créé un conseil d’enfants ou souhaitant le faire, ainsi que toute institution, organisation, personne susceptible d’apporter un concours financier ou autre. Les ressources de l’association dépendent pour l’essentiel des cotisations. L’assemblée des membres est l’organe suprême de décision et elle est assistée par un comité directeur et un président.

La genèse et le développement de la Fédération des conseils d’adolescents et d’enfants de Hongrie ont été évoqués d’une façon particulièrement saisissante par Zsolt VARZEGI, Vice-Président.

Après l’effondrement de l’ancien système d’organisations de jeunesse, c’est à partir de l’école d’un village hongrois qu’a pris naissance en 1991 le mouvement qui devait aboutir, quelques années plus tard, à la création de conseils d’enfants et d’adolescents de plus en plus nombreux.

Les enfants de l’école du village de TÜRJE ont décidé de lancer une campagne pour la création d’un « gouvernement des élèves ». Les élections ont été précédées par une activité de plus en plus intense et enthousiasmante. L’équipe gagnante et le « maire » élu ont immédiatement procédé à la mise en œuvre du programme électoral : création d’un journal d’école conçu, réalisé et distribué par les élèves, récolte de fonds, négociations serrées avec le maire du village et le directeur de l’école pour obtenir deux jours de congés par an et l’abolition du « couvre-feu » pour les enfants le soir, l’usage facultatif de l’uniforme.

Une fois quittée l’école primaire, les enfants souhaitaient poursuivre l’expérience. Les chemins entre les adultes et les jeunes divergent et l’absence d’une communauté authentique rend les jeunes indifférents au sort de leur village. L’idée de créer « un gouvernement des adolescents » s’est alors rapidement imposée et vite réalisée suite à des élections organisées en décembre 1993.

Les adolescents peuvent en effet assumer un rôle dans la transformation de la vie socioculturelle de leur village. A Türje, ils ont participé à des initiatives sur le plan économique ; ils aident les personnes âgées dépendantes (distribution des repas de la cantine de l’école, on fait des courses, on coupe le bois, etc.) ; ils collectent des vêtements usagés pour lutter contre la pauvreté ; ils agissent pour la protection de l’environnement. En outre, ils ont dessiné, eux-mêmes, une salle de jeux construite en bois sculpté ; le cinéma du village a été rouvert ; deux groupes d’art dramatique viennent d’être constitués dont un groupe folklorique permanent. Ensemble, les enfants et adolescents renforcent l’attachement pour le village : les résultats des recherches sur l’histoire et les métiers disparus ont été exposés à l’occasion de la « Journée de Türje » à laquelle ont été conviés ceux qui n’habitent plus le village, pour y rencontrer les parents et amis.

Le représentant des adolescents siège au conseil communal des adultes. Il a été désigné à la fois par les jeunes et les familles. Grâce à lui, les jeunes espèrent obtenir l’aide financière de la commune car, actuellement, elle provient de bénévoles. En effet, le soutien financier aux conseils de jeunes varie beaucoup selon les localités.

Deux organisations œuvrent, à présent, en faveur des conseils municipaux de jeunes. Une association de soutien, créée en 1992, est composée d’adultes qui propagent l’idée au niveau national. La Fédération des conseils municipaux des enfants et des adolescents, créée en février 1996, assure la liaison des conseils qui existent désormais dans 25 localités hongroises. Sur le plan juridique, c’est une avancée importante car désormais les conseils deviennent des véritables organisations reconnues par l’Etat. Pour devenir membres de la Fédération, les conseils doivent être élus démocratiquement par l’ensemble des jeunes d’une localité (ou d’un quartier) et fonctionner effectivement.

Pour 1998, les activités de la Fédération comprennent des activités de formation pour les animateurs adultes, le lancement d’un réseau d’information sur l’association, des journées locales d’information dans les différentes régions hongroises, la poursuite des stages d’été, le maintien des relations internationales.

Les structures participatives initient à la citoyenneté. Mais elles ne restent mémorables que par l’optimisme, la gaieté et la compagnie amicale qu’elles véhiculent, bref, par le sentiment de satisfaction et de bonheur que les jeunes éprouvent lorsque l’effort, partagé avec d’autres, y compris les adultes, pour atteindre des objectifs intelligents, est couronné de succès.

V. CONCLUSIONS

Les conclusions de la Conférence ont été précédées par une TABLE RONDE à laquelle ont participé les représentants de toutes les diverses composantes des participants, parlementaires, élus locaux et régionaux, jeunes, fonctionnaires nationaux et européens.

Les discussions ont été structurées autour de quatre questions:

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Il a été constaté en premier lieu que le progrès économique n'ayant pas engendré le progrès social espéré, la permanence du taux fort de chômage et une certaine incapacité collective à le réduire durablement ont engendré une société dans laquelle, pour un grand nombre de jeunes,  les inégalités sociales et une perte de confiance en la capacité de pouvoir construire un projet à long terme s’accentuent, ce qui engendre un affaiblissement des motivations à participer aux enjeux sociaux, culturels et politiques.

En effet, il y a lieu de souligner à cet égard que dans les communes et régions, beaucoup de jeunes vivent un quotidien articulé sur le cycle «chômage - contrat de travail - formation - contrat de travail – chômage- … » et se perçoivent comme des prestataires de service face à un avenir perçu comme peu porteur d'une réelle insertion sociale et professionnelle.

D'autre part, un éloignement d’un grand nombre de jeunes de la sphère et de la classe politiques est justifié par une vision de la politique réduite à une affaire de professionnels et par la perte de crédibilité du discours politique, perçu comme peu porteur d’un projet de société et éloigné des préoccupations réelles vécues «sur le terrain».

Cette société duale engendre une série de comportements très prudents face à un avenir perçu comme non-maîtrisable, lesquels se traduisent par le repli sur soi ou l’individualisme, voire des comportements de violence ou de xénophobie. Cependant, émergent, de manière significative chez les jeunes, de nouvelles formes d’engagements construits sur des espaces de rencontre où ce qui est privilégié est moins l’appartenance sociale et l’adhésion à un projet global de société, mais plus ce qui permet de vivre des solidarités localisées et des valeurs relationnelles dans un rapport au temps court, notamment:

Malgré les incertitudes engendrées par la situation économique et sociale, les jeunes trouvent dans la construction européenne un vecteur fort d’identification qui leur permet d’investir dans l’avenir et s’engager dans des projets de mobilité. Les organisations de jeunesse sont toujours des espaces privilégiés de participation des jeunes car elles se montrent attentives aux préoccupations des jeunes et aptes à renouveler les modes d’engagement des jeunes. De nombreuses municipalités et des régions d’Europe développent sincèrement et/ou soutiennent des structures locales de participation des jeunes à la vie des communes, des quartiers, des régions, souvent en complément des organisations de jeunesse et leurs structures de coordination.

Il est certain que l’avenir des libertés démocratiques et de la construction européenne selon les idéaux du Conseil de l’Europe est étroitement lié à celui des nouvelles générations, il en découle que le développement de la citoyenneté se nourrit dans un double pacte :

En outre, la formation et, surtout l’éducation des jeunes à la citoyenneté, sont un enjeu essentiel pour l’avenir de la démocratie locale et régionale et une responsabilité à la fois culturelle et collective pour la construction d’une Europe démocratique. L’éducation à la citoyenneté ne doit pas être réduite à un impact fonctionnaliste, mais être une école du respect, de la liberté et de la solidarité, valeurs humanistes ancrées sur la relation à autrui, l’égalité entre femmes et hommes, le rapport à la loi, la justice sociale, la qualité de l’environnement, le mieux-vivre ensemble et la coopération entre les générations et les relations multiculturelles.

La Charte de la participation des jeunes à la vie municipale et régionale, à l’instar de la Charte européenne de l’autonomie locale et la Convention sur la participation des étrangers à la vie de la cité, est devenue l’un des textes fondamentaux qui affermit la démocratie locale et le droit des citoyens, notamment des jeunes, de participer à la gestion des affaires publiques. Aujourd’hui accessible aux jeunes en treize langues, la Charte de la participation des jeunes à la vie municipale et régionale est un instrument:

- sur lequel les jeunes peuvent s’appuyer dans leur dialogue avec les élus locaux et régionaux et qui, ce faisant, permet de redonner confiance aux jeunes dans la « affaires de la cité » et une meilleure responsabilisation des jeunes face à la gestion municipale,
- qui favorise les processus de participation des jeunes en offrant au sein des municipalités et des régions un cadre de travail approprié,
- qui permet de susciter ou de mettre en œuvre des formes de participation des jeunes au sein des municipalités et des régions ;

Si les organisations de jeunesse sont toujours des espaces adéquats pour le développement de politiques globales de jeunesse sur une commune ou une région, de nouvelles structures de participation des jeunes, notamment les Conseils municipaux ou régionaux de jeunes, qui ont pour vocation la gestion de projets locaux et l’apprentissage de la citoyenneté, sont de réels moteurs de l’engagement civique et politique des jeunes ;

L’ouverture des jeunes, de tous les jeunes, à l’Europe, dans le cadre d’un véritable projet politique, est l’une des tâches actuelles les plus urgentes.

Moins les jeunes ont les moyens de construire leur avenir et de participer aux décisions qui les concernent, plus on ouvre la porte à la désaffection des affaires de la cité et à des attitudes déviantes, notamment la violence et la xénophobie, la peur de l’autre se substituant ainsi au sens de l’autre.

Malgré les efforts notables accomplis par de nombreuses municipalités, le manque de moyens financiers, la lourdeur et le manque de souplesse des structures municipales, les problèmes de communication entre adultes et jeunes, le manque de personnel qualifié pour rencontrer les jeunes et les écouter, les délais souvent trop long entre la création d’un projet et sa réalisation, ainsi que la crainte des jeunes d’être récupéré politiquement par des adultes sont souvent percus comme des freins à la participation des jeunes à la vie municipale et régionale.

L’engagement volontaire de nombreux jeunes dans des organisations de jeunesse ou dans des groupes locaux de jeunes reste une valeur qui garantit l’avenir de la démocratie locale et régionale ainsi que la construction d’une Europe démocratique.

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Les considérations qui précèdent ont été reprises, structurées et, le cas échéant, développées dans les CONCLUSIONS adoptées à l'issue de la Conférence.

Les projets de Résolution et de Recommandation, qui sont soumis pour adoption au Congrès, prennent à leur tour appui sur l'ensemble des résultats de la Conférence de Budapest.

 

1 Anglais, français, allemand, italien, espagnol, russe, portugais, ukrainien, roumain, polonais, hongrois, bulgare, croate.

2 Adresse: 105, rue Lafayette, 75010 PARIS, tél. 00.33.1.56.35.05.35, fax 00.33.1.56.35.05.36