26ème Session du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe

Quelle place pour les jeunes dans la démocratie locale et régionale ?

25.03.2014

Parfois accusés de se désintéresser de la vie politique, les jeunes sont, au contraire, prêts à s’y engager, dès lors qu’ils peuvent s’exprimer, avec des moyens différents de ceux de leurs aînés. Ouvrant une série de plusieurs discussions sur la place des jeunes dans la société, organisées tout au long de la session du Congrès, un débat sur la place des jeunes dans la démocratie locale et régionale, organisé le 25 mars 2014, a permis à trois d’entre eux de présenter leurs actions et de préciser leurs attentes.

A 22 ans, Martina Jöbstl est la plus jeune élue régionale d’Autriche, et siège au Parlement du Land de Salzbourg après avoir découvert, comme nombre de ses compatriotes, la démocratie et la participation dans le cadre des conseils d’école puis des lycées. « C’est là que j’ai appris à m’engager dans la vie publique », explique cette élue régionale pour qui les jeunes peuvent « rajeunir la société par leur action, mais à condition de ne pas s’occuper que de la jeunesse, mais de tous les sujets qui concernent l’ensemble de la population ». Pour elle, les jeunes attendent un parler franc et des réponses claires, et c’est aussi comme cela que l’on peut les réconcilier avec la politique. « Certes, on me prend parfois pour une secrétaire, parce que trop de gens se figurent que les politiciens sont tous des hommes mûrs, mais j’ai appris à me faire accepter », à l’image d’ailleurs de plusieurs autres jeunes qui, selon elle, témoignent du renouveau politique qui se dessine en Autriche.

« Arrêtez de parler et écoutez nous ! »

Jacob Sakil a été, lui, « maire des jeunes du Conseil de Lewisham » près de Londres, au Royaume-Uni. Il y a appris à présenter les visions des jeunes face aux décideurs, et continue à les aider à concrétiser leurs projets. Dans cette ville fortement multiculturelle, la moitié des 11-17 ans participent à l’élection du « maire des jeunes », un taux bien supérieur aux votes des  adultes. C’est la preuve, pour lui, que les jeunes s’expriment quand ils en ont la possibilité, et qu’ils ont beaucoup à dire : « Nous sommes directement concernés par l’éducation et l’emploi, mais aussi par les problèmes de santé et de stress » rappelle-t-il, en soulignant que « pour donner leur chance aux jeunes, les adultes doivent arrêter de parler à leur place et les écouter ».

Mais l’engagement politique des jeunes passe surtout par des canaux moins conventionnels, en premier lieu Internet qui, « s’il ne remplace pas les contacts directs, permet de toucher un grand nombre de gens, là où ils se trouvent », a expliqué Adriana Delgado, « militante en ligne » portugaise, engagée notamment dans la « Campagne contre le discours de haine » du Conseil de l’Europe, et dans plusieurs projets pour l’égalité des droits et des genres. « Il ne suffit pas, rappelle-t-elle, d’augmenter les sources d’information, mais il faut savoir les utiliser et s’y faire entendre : les nouvelles technologies doivent s’intégrer dans un ensemble d’actions plus larges. »

L’accès à l’éducation et à l’emploi sont les priorités des jeunes

« Les élus locaux et régionaux doivent connaître le langage et les besoins des jeunes », a estimé Emil Boc, maire de Cluj-Napoca, ville roumaine qui sera capitale européenne de la jeunesse en 2015. De nombreuses associations de jeunes travaillent avec la municipalité au succès de cette manifestation, placée sous le signe du partage, avec « Share » comme slogan. Dans le même temps, la ville multiplie les initiatives pour mieux s’ouvrir à la jeunesse, et se donne comme priorité l’accès à l’éducation et à l’emploi. Elle répond aussi à leurs attentes par des mesures pratiques, étoffant par exemple ses projets numériques ou invitant les habitants à planter des arbres et à améliorer leur cadre de vie. Mais M. Boc rappelle aussi aux jeunes que « la démocratie et l’Europe constituent leur avenir et sont les garants de la paix ».

A l’issue des exposés, plusieurs membres du Congrès ont présenté des expériences locales pour encourager le dialogue et la participation : en Pologne par exemple, 130 villes disposent actuellement de « conseils municipaux des jeunes », tandis qu’il existe un « parlement régional des jeunes » en Rhénanie du Nord-Westphalie (Allemagne), qui permet de rendre « la politique plus attirante pour les jeunes ».