24ème Session du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe (19-21 mars 2013)

L’avenir de la démocratie locale est lié au développement des formes de gouvernance électroniques

Strasbourg, 20.03.2013 – Le mercredi 20 mars, la Chambre des pouvoirs locaux a conclu sa séance du matin par un débat intitulé « Villes intelligentes : les nouvelles technologies au service de la démocratie », dont les grands points étaient le pouvoir des médias sociaux pour le traitement des questions locales et les outils électroniques et de téléphonie mobile qui permettent à la population d’influencer les pouvoirs locaux.

À Tartu, la deuxième ville d’Estonie, la municipalité collabore avec le « secteur prospectif des technologies de l’information et des communications » au développement de moyens permettant d’associer le grand public aux processus décisionnels locaux. Le maire-adjoint de la ville, M. Raymond TAMM, a cité à cet égard l’exemple des textos adressés par des citoyens aux autorités locales afin de leur signaler des problèmes tels que des bancs abîmés ou des éclairages publics défectueux. Ces initiatives s’étendent même jusqu’au secteur des loisirs : l’une d’elles, citée par M. TAMM, concerne la réactivation de l’éclairage dans un équipement sportif public pour les personnes qui souhaitent l’utiliser en-dehors des horaires normaux. Ces initiatives doivent beaucoup au haut niveau de pénétration des téléphones portables en Estonie. D’après M. TAMM, il y a actuellement dans ce pays 139 abonnements de téléphone portable pour 100 habitants. Il est ainsi possible d’atteindre un échantillon de population diversifié (environ 1 % d’après ses estimations).

Le débat a ensuite porté sur les médias sociaux, qui selon M. Raimond TAMM « donnent à la population un pouvoir bien plus important ». Les médias sociaux sont utilisés dans de nombreuses villes pour entretenir l’implication des citoyens ; en Europe, ils ont contribué à renforcer la participation citoyenne, à développer l’offre de services et à réduire les coûts administratifs. Aux Pays-Bas, il existe même des lignes directrices dans ce domaine, et des personnes ont été formées pour s’occuper des réseaux sociaux.

Le deuxième intervenant de la matinée, M. Ilmar REEPALU, maire de Malmö (Suède), a lui aussi souligné l’utilité des plates-formes en ligne pour l’implication des citoyens. Sa ville a mis au point deux programmes innovants destinés à aider les citoyens à s’impliquer dans les politiques locales. Premièrement, l’initiative de Malmö fournit à ses habitants une plate-forme où ils peuvent exprimer des idées et proposer des mesures. « Un aspect important de cette initiative », a déclaré M. REEPALU, « est que vous pouvez soutenir les propositions d’autres habitants et montrer qu’un plus grand nombre de personnes partagent un point de vue sur une question donnée ». La deuxième initiative concerne un vote anonyme, impliquant quelque 1 600 personnes, qui a lieu approximativement deux fois par an. Le but est de recueillir le sentiment général de l’opinion locale. Les autorités locales voient ainsi quelles mesures et quels plans ont reçu un accueil favorable, et lesquels doivent être réexaminés.

M. REEPALU, en introduction de son allocution, a indiqué que son premier objectif lors du lancement de ces initiatives était d’associer davantage de jeunes aux processus démocratiques. En Europe, « entre 25 et plus de 50 % des jeunes pensent que la démocratie n’est pas le bon régime pour diriger une société ». Dans le cadre d’une session ayant pour thème « L’Europe en crise – les défis de la démocratie locale et régionale », l’idée de la participation des citoyens aux politiques locales est d’une importance capitale. Les chiffres cités par M. REEPALU montrent que les jeunes se sentent exclus de la société démocratique, cette désillusion tenant pour une grande part à leur haut niveau de chômage. Les médias sociaux, internet et la téléphonie mobile sont un moyen d’associer ces jeunes aux processus décisionnels et de leur donner ainsi le sentiment qu’ils peuvent peser sur les décisions, et ceci même en ces temps difficiles. Pour autant, les deux intervenants et les différentes personnes qui ont pris la parole lors du débat ont souligné qu’il était important que ces méthodes de communication ne remplacent pas des médias traditionnels tels que la presse, la radio et la télévision, et même la participation physique à des réunions, afin de ne pas exclure les personnes qui maîtrisent moins bien les nouvelles technologies ou n’ont pas accès à internet.