Rosita Wenzl: “A Stuttgart, nous considérons que la ville a un rôle à jouer, aux côtés des parents, dans l’éducation des enfants»

L’instrument juridique de référence sur lequel repose la lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants, à savoir la Convention du Conseil de l'Europe appelée « Convention de Lanzarote » suggère de confier à une personne ou une instance la mission de sensibiliser le grand public à l’exploitation et aux abus sexuels dont sont victimes les enfants. C’est la démarche qu’a entreprise la ville de Stuttgart, en Allemagne, en nommant Rosita Wenzl, Commissaire aux enfants. Dans une interview, elle souligne la nécessité de créer dans les villes un cadre à la fois protecteur et accueillant pour les enfants.

09.02.2012

Comment voyez-vous votre rôle en tant que Commissaire aux enfants ?

Rosita Wenzl: Depuis 2003, le Conseil municipal, l’Administration et les citoyens eux-mêmes ont beaucoup contribué à améliorer les conditions de vie des enfants et des familles à Stuttgart. A l’initiative du Maire, M. Schuster, la Ville a mis en place un plan d'action baptisé « Une ville pour les enfants », qui cherche à rendre l’environnement plus accueillant pour les enfants ; elle a aussi publié un rapport qui recense les multiples projets, initiatives et mesures lancés à ce jour. Cette démarche est aussi à l’origine de la création d’un réseau de Villes pour les enfants qui regroupe des municipalités européennes.

Mais nous savons aussi les difficultés qui peuvent surgir au quotidien. C’est pourquoi nous voulons éviter de laisser aux seuls parents le soin d’élever leurs enfants - d’autant que le nombre de familles monoparentales a augmenté ces dernières années. Nous avons donc choisi pour notre campagne une devise très explicite, à savoir un proverbe africain qui dit “Il faut tout un village pour élever un enfant". Pour que la ville elle-même puisse comprendre que l’accueil des enfants est une tâche qui touche toutes les couches de la société, j’ai été nommée Commissaire aux enfants, poste rattaché au Bureau du Maire. En ma qualité de coordinatrice, d’agent de contact et, bien souvent aussi, de « destinataire du courrier des lecteurs », je suis chargée de toutes les améliorations qui concernent les enfants et les familles à Stuttgart.

Que faites-vous pour aider ceux qui sont victimes de mauvais traitements et viennent vous demander de l'aide?

Rosita Wenzl: La santé et la sécurité des enfants et des adolescents sont l’un des cinq objectifs majeurs de notre programme. Nous voulons mettre chaque enfant et chaque adolescent à l’abri de la délinquance, et nous avons des contacts avec de nombreuses organisations de Stuttgart qui savent ce qu’exploitation sexuelle et abus sexuels veulent dire. Notre partenariat pour la sécurité et la sûreté qui a vu le jour en 1997 et qui implique différents acteurs – police et société civile en tête - est un bon exemple des résultats que l’on peut obtenir lorsque l’on coordonne et rassemble différentes institutions qui travaillent dans un même but.

Quel type de coopération pourriez-vous envisager avec le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe?

Rosita Wenzl: En juin 2007, la Ville de Stuttgart et la Fondation Robert Bosch ont mis sur pied le Réseau européen des Villes pour les enfants, l'idée étant de renforcer les échanges internationaux sur la question de l’accueil des enfants dans les grandes métropoles européennes et de servir de plateforme européenne pour mettre en commun les bonnes pratiques concernant les projets et stratégies respectueux des enfants. Le Réseau réunit aujourd’hui 72 villes dans 32 pays.

Le Congrès du Conseil de l’Europe, le Conseil des communes et régions d’Europe, la Fondation Robert Bosch et la Ville de Stuttgart sont partenaires de ce Réseau. Le Congrès en particulier participe au jury de notre Prix européen d’excellence « Ville pour les enfants » que nous décernons chaque année, ainsi qu’aux conférences annuelles du Réseau consacrées à des thèmes spécifiques; le Réseau a aussi été invité à prendre part à des débats du Congrès, notamment celui sur la prévention de l’exploitation sexuelle des enfants, qui s'est tenu lors de la session d'octobre l'an dernier. Nous avons relayé les informations sur la campagne UN sur CINQ auprès de nos membres et avons déjà reçu plusieurs réactions positives. Nous souhaitons vivement poursuivre notre coopération pour partager et promouvoir des exemples de bonnes pratiques entre les municipalités, et développer notre action de sensibilisation.