Nick McPartlan : « Une agence multiservice est la meilleure réponse pour lutter contre l’exploitation sexuelle»

Travailleur social à Blackburn (Royaume-Uni), Nick McPartlan a présenté, lors du séminaire du Congrès « UN sur CINQ » sur la lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants aux niveaux local et régional, le dispositif mis en place dans cette ville pour mieux dépister ces violences et y mettre fin.

09.02.2012

Vous êtes responsable du projet « Engage » qui a consisté à mobiliser tous les services municipaux autour de la lutte contre l’exploitation sexuelle, et à mieux sensibiliser les jeunes et les familles à ces dangers. Comment travaillez-vous concrètement ?

Nick McPartlan : Les services de la protection de l’enfance, de la santé et la police sont réunis dans un bâtiment commun qui favorise les échanges multidisciplinaires. Si un enfant nous semble menacé, soit que nous l’ayons décelé soit qu’il soit venu de lui-même vers nous, nous lui proposons un soutien adapté avec, si nécessaire, un travailleur social qui le suivra personnellement. En cas de besoin, nous engageons des poursuites contre l’adulte qui l’exploite sexuellement.

Comment décelez-vous qu’un enfant peut avoir besoin de vos services ?

Nick McPartlan : Nous avons mis au point une « grille de risque » qui nous sert à déceler les changements suspects dans le comportement d’un enfant, et qui peuvent donner à penser qu’il est victime de violences sexuelles. Parmi les indices identifiés, la consommation récente d’alcool ou de drogues, les fugues, les changements soudains de styles vestimentaires, la baisse des résultats scolaires. Cela nous permet souvent de découvrir des violences cachées, et d’agir contre elles. Certains enfants sont plus vulnérables que d’autres et ceux-là doivent être protégés en premier. Mais nous menons aussi des actions de communication en direction des jeunes, pour les pousser à s’exprimer sur ces sujets. De même, nous voulons que toute la population parle ouvertement de ces problèmes, car c’est en parlant des problèmes qu’on les résoudra, et non en fermant les yeux ! Nous avons par exemple organisé, en février 2012, une exposition de photos sur ce thème dans un grand centre commercial, pour mieux interpeller la population

Les élus locaux sont-ils assez conscients des enjeux de la lutte contre les violences sexuelles infligées aux mineurs ?

Nick McPartlan : En Angleterre, nous sommes quasiment les seuls à avoir développé un système de coopération et de dépistage comme Engage. Une étude récente a montré que seul un tiers des communes britanniques s’intéresse vraiment à la prévention de ces violences et prend des mesures contre elles. Mais celles qui travaillent de manière efficace et coordonnée sont hélas encore moins nombreuses ! Les élus locaux doivent être beaucoup plus sensibilisés à ces violences qu’ils ne le sont actuellement, et préparer des réponses efficaces, aussi bien punitives que préventives et éducatives. C’est pour cela qu’une agence multiservice comme la nôtre, plaçant l’enfant au centre de ses activités, nous semble être une réponse efficace. La campagne « UN sur CINQ » du Conseil de l’Europe correspond parfaitement à notre vision des choses, et c’est pour cela que nous sommes heureux d’y présenter notre expérience locale pour la première fois au niveau international.