8e Rencontre du Club de Strasbourg

Strasbourg, 14 octobre 2010

Discours du Antonella Cagnolati,

Directrice du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux, Conseil de l’Europe

Madame l’Adjointe au maire de Strasbourg,

Mesdames et Messieurs les membres du Club de Strasbourg,

C’est avec un très grand plaisir que je m’adresse à cette Rencontre du Club de Strasbourg aujourd’hui. En tant que voix des villes et régions sur notre continent et défenseur de leurs intérêts, le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe s’associe étroitement aux réseaux municipaux – réseaux qui ont été créés pour faire avancer les aspects particuliers du développement démocratique de nos collectivités.

Le Club de Strasbourg trouve une place particulière parmi les réseaux-partenaires du Congrès, en tant qu’initiative de notre ville hôte avec qui nous entretenons tout naturellement des relations très proches et amicales. En effet, le Congrès suit de près les projets de la Ville de Strasbourg en matière d’autonomie territoriale et de participation des citoyens, et nous sommes très heureux que cette année encore, Strasbourg se soit pleinement engagée dans la Semaine européenne de la démocratie locale, en qualité de Villes des 12 étoiles. C’est dans le cadre de cette Semaine - initiative paneuropéenne dont le Congrès est coordonnateur au sein du Conseil de l’Europe - que votre Rencontre a lieu aujourd’hui.

La participation du Congrès aux travaux du Club de Strasbourg est devenue une excellente tradition, marquant le bon état de notre coopération avec la Ville. Ainsi, cette année, je suis d’autant plus intéressée à intervenir devant vous. En effet, le thème de vos débats aujourd’hui « L’intégration des populations Roms au niveau local » est d’une importance accrue pour les collectivités territoriales en Europe, dans le contexte de la situation actuelle.

C’est un thème qui figure à l’ordre du jour politique de l’ensemble du Conseil de l’Europe depuis très longtemps, mais qui a récemment pris de l’ampleur avec les mesures prises dans certains pays européens. Gardien de la démocratie pour tous nos citoyens, le Conseil de l’Europe a réagi vite et fort, avec l’initiative de son Secrétaire Général, Thorbjørn Jagland, qui a proposé de faire le bilan de la situation et d’initier des solutions lors d’une conférence à haut niveau, prévue le 20 octobre prochain ici même à Strasbourg.

Et c’est avant tout aux niveaux local et régional, au cœur de nos villes et régions, que les résultats de cette conférence sur les questions Roms doivent être mis en pratique. Parce que sans dialogue avec la communauté Roms et sans intégration des populations Roms au niveau local, au sein de nos collectivités, même la plus forte bonne volonté au niveau le plus haut ne suffira pas. C’est au niveau local que l’action concrète, immédiate et quotidienne est prise, allant de l’accueil initial dans la collectivité, de la question du logement, à l’accès aux soins de santé, à l’emploi et, en général, à l’assistance dans toutes les questions fondamentales pour l’intégration.

Convaincu du rôle crucial des pouvoirs locaux et régionaux dans l’action en faveur des Roms, le Congrès a lancé des travaux dans ce domaine dès 1993, avec l’adoption d’une résolution sur la responsabilité des collectivités territoriales concernant cette minorité. Entre 1993 et 1997, ce texte a été suivi par plusieurs résolutions et recommandations sur la contribution des Roms à la construction d’une Europe tolérante. Par exemple, notre recommandation de 1995 a proposé la création d’un réseau municipal paneuropéen pour améliorer la situation des Roms dans leurs collectivités à travers des échanges de bonnes pratiques.

Aujourd’hui, nous revenons à cette idée, forts de l’expérience gagnée à travers notre participation au réseau européen des villes pour la politique d’intégration locale (CLIP), et de leur action en faveur des migrants. Nous sommes convaincus qu’un tel réseau représente une plate-forme nécessaire pour la mise en œuvre des décisions de la conférence à haut niveau du Conseil de l’Europe, au sein de nos collectivités. C’est pourquoi nous proposons, suite à la conférence du 20 octobre, une rencontre des villes, et peut-être des régions engagées dans ce domaine, afin d’organiser ce cadre de coopération.

Ce réseau aura pour objectif d’aller au-delà des échanges de bonnes pratiques et d’établir des stratégies immédiates et concrètes qui pourraient augmenter la qualité des décisions prises au niveau locale concernant les Roms, et contribuer ainsi à une Stratégie paneuropéenne. Dans notre concept, les expériences de ce réseau municipal montreront ce qui marche en pratique sur le terrain, dans des contextes différents. C’est pourquoi nous aurons besoin des institutions de recherche impliquées dans ces travaux, pour élaborer des mesures transversales qui pourraient être mises en œuvre à court terme (six mois maximum) et avoir un impact immédiat sur la vie de la communauté Rom.

Je suis très heureuse que la Déclaration que vous allez adopter aujourd’hui soutienne cette initiative du Congrès et appelle les villes européennes à s’engager dans ce sens, autrement dit vers une politique commune européenne concernant les Roms. J’espère que vos villes, les villes du Club de Strasbourg, ainsi que les villes qui prennent part au réseau CLIP et aux autres réseaux existants répondront positivement à notre proposition, en se joignant à cette nouvelle plate-forme de coopération.

Mesdames et Messieurs,

Hormis notre action plus globale en faveur des minorités, des migrants et des résidents étrangers et leur intégration au niveau local – qui touche bien évidemment également les populations Roms – une action plus récente et significative du Congrès pour encourager les initiatives en faveur des Roms est représentée par notre Prix Dosta ! pour les municipalités, établi en 2007 dans le cadre de la campagne Dosta ! du Conseil de l’Europe.

Le concours pour le « Prix Dosta!-Congrès pour les municipalités » est organisé par le Congrès pour renforcer le rôle des collectivités locales en matière de protection des droits des Roms et des minorités. Le concours est ouvert aux municipalités et collectivités locales des Etats membres du Conseil de l’Europe qui ont mené des projets en faveur du peuple Roms et récompense les initiatives créatives et innovantes propres à assurer de façon effective la diversité dans la vie de la communauté et la participation démocratique active de la population Roms.

L’objectif du Prix est d’encourager, de récompenser et de diffuser largement l’attitude créative et innovante des villes face aux problèmes rencontrés par les Roms, parfois aussi face à un environnement marqué par les préjugés et la discrimination. Après 2007 et 2008, nous préparons actuellement la 3e édition du Prix, et j’espère voir les villes du Club de Strasbourg parmi les candidats et, bien sûr, parmi les lauréats de ce Prix.

Juste pour vous donner un exemple, en 2008 le Prix est allé aux projets visant à améliorer la situation des Roms dans les domaines du logement et des soins de santé, à éduquer les enfants, à offrir des services d’orientation et à créer des perspectives d’emploi au moyen de la formation professionnelle. Les villes gagnantes étaient Mostar et Prijedor en Bosnie-Herzégovine, Volos en Grèce et Lom en Bulgarie. Un an avant, en 2007, les lauréats étaient Vitez et Banja Luka en Bosnie-Herzégovine et Novi Sad en Serbie. Nous espérons que la participation à ce concours ne restera pas limitée à l’Europe du Sud-est et sera élargie à une échelle véritablement paneuropéenne.

Enfin, en avril 2009, le Congrès a nommé son Rapporteur thématique sur les questions Roms, John Warmisham, qui est aussi notre représentant au Comité d’experts du Conseil de l’Europe sur les Roms et les Voyageurs et représentera le Congrès à la réunion de Haut niveau du 20 octobre.

Mesdames et Messieurs,

Nous sommes convaincus que ces différentes activités aux niveaux local et régional doivent faire partie d’un Plan d’action plus global, à l’échelle européenne, un Plan que nous espérons voir établi après la rencontre du 20 octobre et qui comprendra une dimension territoriale forte : celle de nos collectivités. Comme je l’ai déjà indiqué, l’action en faveur des Roms apporte les résultats les plus tangibles au niveau le plus proche des citoyens.

En fait, la tâche de la construction d’une collectivité véritablement cohésive, où tous les citoyens – qu’ils appartiennent ou pas à une minorité – se sentent impliqués, respectés et entendus, est une des tâches les plus importantes pour les pouvoirs locaux. Cette tâche comprend leur obligation de lutter contre les stéréotypes et les préjugés envers les Roms.

Je sais que c’est une conviction qui est également partagée par vous, villes du Club de Strasbourg, et vos travaux aujourd’hui en constituent une preuve solide. Je vous souhaite à vous, et à nous tous, à l’ensemble des collectivités européennes, beaucoup de succès dans ces initiatives.

Je vous remercie.