Wolfgang Schuster: « La politique des sports de la ville contribue à l'intégration et au bien-être des jeunes»

Maire de Stuttgart (Allemagne) et initiateur d’un vaste programme municipal destiné à améliorer le bien-être des enfants dans les villes, Wolfgang Schuster souligne la nécessité de développer les infrastructures sportives dans les villes. Sa ville a obtenu en 2007 le titre de Capitale européenne du sport et a été chargée de décider du lieu de la compétition pour 2012. « Une ville démontre en particulier qu'elle est accueillante pour les enfants et les jeunes par son offre dans les domaines du sport et de l'exercice. C'est pourquoi Stuttgart met l'accent sur les enfants et les jeunes dans ses directives en matière de promotion du sport. » explique-t-il dans une interview.

Interview – 07 octobre 2010

Question: Depuis 1999, l'Association des capitales européennes du sport (ACES) récompense une grande ville ou une capitale par le titre de Capitale européenne du sport. Que représente concrètement ce titre, et que doivent faire les décideurs locaux pour porter la candidature de leur ville?

Wolfgang Schuster: L'Association des capitales européennes du sport (ACES) fait partie du mouvement olympique. Les villes candidates doivent promouvoir ces valeurs. A l’instar des anneaux olympiques qui sont liés entre eux, les objectifs des villes membres de l'ACES le sont également liés. Il s'agit du plaisir de l'exercice, de l'engagement, de l'expérience de la collectivité, du Fair play et, bien évidemment, de la promotion de la santé. Les villes désireuses d'obtenir le titre de "Capitale européenne du sport" doivent  financer de manière soutenue un large éventail d'activités sportives sur leur territoire. De ce point de vue, nous serons particulièrement attentifs à l'intégration par le sport de groupes socialement défavorisés. Le développement des infrastructures sportives et les projets novateurs dans le domaine du sport jouent également un rôle. Le dossier de candidature remis aux villes candidates comprend un questionnaire qui aborde clairement ces points.

Question: La ville de Stuttgart est connue depuis longtemps pour sa politique dynamique en faveur de l'enfance et de la jeunesse. Comment envisagez-vous dans ce contexte le concours pour le titre de capitale du sport?

Wolfgang Schuster: Les villes d'Europe sont confrontées à deux défis: d’une part, les changements induits par la mondialisation et, d’autre part, l'évolution démographique. Ils se traduisent par une internationalisation croissante de nos sociétés urbaines et par une augmentation du nombre d'enfants issus de l'immigration. Parallèlement, nos concitoyens vieillissent et le nombre d'enfants est en diminution constante depuis de nombreuses années. Pourtant, nos villes n'ont aucun avenir sans les enfants! Nous avons besoin de sociétés urbaines mieux adaptées aux enfants, et offrant des conditions générales où il sera à nouveau plus facile pour les jeunes de choisir d'avoir des enfants: il faut donc une politique familiale au plan national avec les prestations correspondantes, mais aussi un cadre propice au niveau des villes. Stuttgart s'est fixée il y a plusieurs années l'objectif de devenir la ville la plus accueillante d'Allemagne pour les enfants. Conjointement avec la fondation Robert Bosch, j'ai fondé le réseau des "villes accueillantes pour les enfants" afin de promouvoir les échanges avec d'autres communes d'Europe qui ont inscrit l'accueil des enfants au nombre de leurs priorités. Une ville démontre en particulier qu'elle est accueillante pour les enfants et les jeunes par son offre dans les domaines du sport et de l'exercice. C'est pourquoi Stuttgart met l'accent sur les enfants et les jeunes dans ses directives en matière de promotion du sport. De par son statut de capitale du sport, Stuttgart doit évidemment satisfaire à de nombreuses exigences. Elle doit en fait offrir à toutes ses citoyennes et à tous ses citoyens, quel que soit leur âge, des solutions adaptées pour faire de l'exercice et profiter de leurs loisirs. Notre ville a d'ailleurs une offre très attractive pour les catégories les plus âgées de sa population.

Question: Quels avantages concrets les responsables des villes qui s'investissent particulièrement en faveur de la politique du sport espèrent-ils en retirer?

Wolfgang Schuster: Le sport est une activité idéale pour lancer une dynamique dans le domaine social, dans la collectivité et dans les rapports entre les personnes. La ville de Stuttgart mène avec succès, depuis 1995, un programme centré sur l'expérience sociale engendrée par le sport. Il associe des événements sportifs à des thèmes relevant de l'intégration sociale. La volonté de s'occuper tout spécialement des groupes de jeunes défavorisés pour leur proposer des offres intéressantes a permis de constituer un réseau de 180 partenaires (écoles, organismes d'aides à l'enfance et à la jeunesse, associations sportives, police, pompiers, etc.).

Question: Par quels messages les villes candidates à ce titre font-elles campagne ? Et comment ces villes peuvent-elles apprendre de l'expérience acquise par Stuttgart?

Wolfgang Schuster: Chaque ville a ses points forts, y compris dans le domaine du sport. Les anciens lauréats entretiennent des contacts très étroits. En outre, nous constituons actuellement une banque de données (www.citiesforsports.eu) à partir de notre expérience de lauréats, mais aussi dans le domaine du développement du sport en général. L'initiative la plus actuelle est le projet de l'UE baptisé „You need Exercise“, que nous menons conjointement avec Athènes, Innsbruck, Copenhague et Rotterdam. Il vise à modifier les habitudes des enfants des villes d'Europe pour leur donner une culture du mouvement, car les enfants de la plupart de nos pays sont de plus en plus sédentaires, et beaucoup sont obèses. A mon sens, il est important que les communes apprennent des réalisations des autres et tournent le regard vers l'extérieur. Les bonnes idées fonctionnent un peu partout. Dans le cadre d'un grand congrès européen qui a eu lieu à Stuttgart, les villes ont partagé leurs expériences et bonnes pratiques pour lutter contre la sédentarité des enfants. Leurs travaux ont abouti à l'adoption de recommandations pratiques pour renforcer les habitudes quotidiennes des enfants en matière d'exercice.