Frédéric Vallier : « Le Congrès est une chambre d’invention de la démocratie locale »

Rappelant que « la démocratie locale et régionale n’est jamais définitive ni terminée », le Secrétaire Général du Conseil des Communes et Régions d’Europe (CCRE), Frédéric Vallier, se félicite du recentrage du Congrès sur la promotion et la défense de la démocratie territoriale. Dans son interview, il souligne le volonté du CCRE de collaborer avec le Congrès dans ce domaine.

Interview – 16 septembre 2010

Question : La plus ancienne association de communes d’Europe, vous avez été les premiers, dès 1951, à jumeler  des communes de pays différents, puis à faire entendre la voix des élus locaux en Europe. Ayant suivi l’évolution du Congrès depuis ses débuts, comment voyez-vous son avenir ?

Frédéric Vallier : La réforme actuelle du Congrès nous intéresse d’autant plus que nous sommes nous-mêmes en train de réfléchir à l’avenir de notre structure. Nous sommes arrivés à un point d’équilibre, et nous devons trouver les moyens de continuer à progresser, d’autant que la démocratie locale et régionale est un combat permanent. Dans de nombreux pays, y compris dans les « vieilles démocraties », on assiste à des tentatives de recentralisation de certains secteurs, ce qui est préoccupant. Le Congrès doit donc se montrer particulièrement vigilant sur ces questions, et dispose des outils pour cela, à l’image du monitoring qu’il faut développer encore.

Question : Les projets du Congrès vous semblent-ils répondre à ces objectifs ?

Frédéric Vallier : L’âme et la spécificité du Congrès, c’est la promotion de la démocratie locale et régionale, sur laquelle il doit se concentrer, plutôt que de traiter des sujets abordés ailleurs. Le Congrès a pour vocation d’être une chambre d’invention de la démocratie locale. Nous souhaitons aussi qu’il participe encore plus à la formation des élus locaux des nouvelles démocraties, ainsi qu’ à la formation des formateurs qui travailleront avec ceux-ci. Il est indispensable que la démocratie locale s’établisse solidement dans les nouveaux pays européens, car  un échec y serait dramatique.

Question : Comment voyez vous l’avenir de votre coopération avec le Congrès ?

Frédéric Vallier : Nous ne sommes pas une institution européenne, mais nous sommes « cousins » du Congrès et proches de lui. Nous disposons de nombreux experts prêts à travailler avec lui pour renforcer la démocratie locale et sommes prêts à l’aider. Il y a, par exemple, encore trop de pays qui ne savent pas bâtir une administration locale de manière durable : à chaque élection, on change tout le personnel, ce qui n’est ni efficace ni souhaitable. Et, bien sur, il faut amplifier la lutte contre la corruption au niveau local. Celle-ci n’est pas seulement moralement condamnable, mais bloque aussi tout développement économique. Il faut apprendre à mieux l’identifier pour mieux la prévenir, et nous avons pour cela  un savoir-faire que nous proposons au Congrès. Il est d’autant plus nécessaire de travailler tous ensemble à la promotion de la démocratie locale que nos moyens, séparés, sont et resteront limités !