Antonella Cagnolati : « La réforme du Congrès permettra de consolider le rôle des collectivités»

En décidant de réformer son fonctionnement et de revoir ses priorités, le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe entend avant tout « faire moins, mais mieux ». Son objectif est d’aider les collectivités locales et régionales à travailler plus efficacement et à consolider leur influence et leur rôle, souligne la Directrice du Congrès, Antonella Cagnolati, dans une interview.

Interview – 07.09.2010

Question : Le Congrès s’apprête à revoir ses structures et à réorienter certaines de ses activités, au moment même où il doit faire face, tout comme le Conseil de l’Europe, à une situation budgétaire très stricte. Quelle sera l’orientation de cette réforme ?

Antonella Cagnolati : Le rôle important qu’ont désormais les collectivités territoriales, aussi bien au niveau national qu’européen, fait du Congrès une assemblée politique unique qui constitue une réelle valeur ajoutée pour le Conseil de l’Europe. Certes, il doit travailler avec un budget dix fois inférieur à celui du Comité des Régions de l’Union européenne, mais - par contre- il dispose de réels atouts, le premier d’entre eux étant celui d’être chargé du suivi de la Charte européenne de l’autonomie locale. Cette mission lui garantit un mandat unique en matière de monitoring, d’observation des élections et de suivi de la démocratie de terrain. C’est avant tout pour être plus efficaces et pour valoriser nos spécificités dans ces domaines que nous allons rationaliser nos activités, mais c’est aussi pour dégager des ressources supplémentaires indispensables.

Question : Concrètement, allez-vous abandonner certaines activités, ou modifier vos méthodes de travail ?

Antonella Cagnolati : Si les maires, à juste titre, se saisissent et ont des responsabilités en matière de réchauffement climatique, de migration ou de transport public, nous devons toutefois être réalistes: le Congrès n’est pas un centre d’expertise technique destiné à fournir des directives aux élus locaux. Par contre, le Congrès a vocation et est très bien armé pour aider les villes à travailler sur ces sujets, et pour les épauler et leur permettre de mieux faire entendre leurs besoins et leurs attentes… En clair, nous devons fournir aux collectivités territoriales les méthodes et les outils politiques qui leur permettront d’obtenir ce dont elles ont besoin pour assumer pleinement le rôle qui est le leur. Nous continuerons certes à nous exprimer sur des thématiques d’intérêt général, mais nous devrons être plus percutants et, en deux mots « faire moins mais mieux ».

Question : Le Congrès souhaite aussi mieux intégrer la dimension des droits de l’homme dans ses activités : quelle en sera la traduction concrète ?

Antonella Cagnolati : La promotion du dialogue interculturel et l’encouragement de la « diplomatie  des villes », de même que la lutte contre les exclusions sont autant de domaines où les droits de l’homme se vivent au niveau local, et ces activités seront poursuivies et développées.  De même, la promotion de l’éthique des élus locaux et la lutte contre la corruption sont des priorités indispensables pour réconcilier les citoyens avec la politique… et leur faire retrouver le chemin des urnes.