Keith Whitmore : « Les autorités locales peuvent souvent mener des actions que les autorités centrales ne sont pas à même de réaliser»

Coordinateur national de la « Semaine Européenne de la Démocratie Locale » (SEDL), Keith Whitmore (Royaume Uni) se félicite du succès croissant de cet événement. Chaque année au mois d’octobre, les manifestations organisées dans les pays européens permettent aux citoyens de mieux connaître le travail concret des élus locaux et régionaux. L’édition 2010, placée sous le thème « ''Le changement climatique et les communautés durables'', permettra d’initier des débats et des rencontres entre les populations et leurs élus.

Interview : 03 août 2010

Question : Vous soutenez depuis le début l’initiative de la SEDL, lancée en 2007 par le  Congrès. Comment se présente l’édition 2010?

Keith Whitmore : J’avoue être fier de son succès, qui se renforce chaque année depuis 2007. L’an dernier, plus de 400 municipalités européennes y ont participé, et ce chiffre devrait être dépassé cette année. En 2009, ce sont les villes belges, et notamment la région de Bruxelles-capitale, ainsi que les villes ukrainiennes, dont Odessa, qui ont été les plus actives autour de cette semaine. Le « feedback » des citoyens est généralement positif, d’autant plus que nous organisons des rencontres et des réunions avec eux autour de thèmes fédérateurs : en octobre 2010, ce sera le changement climatique et la manière dont les collectivités locales et régionales peuvent y répondre. Les jeunes sont particulièrement sensibles à ces problèmes de climat et d’environnement, et il faut donc leur montrer ce que font les municipalités face à ces défis, par exemple en matière de transports, d’énergie ou de recyclage des déchets. C’est aussi une bonne occasion de mieux dialoguer avec eux. Le rôle de la SEDL, ce n’est pas en soi de se préoccuper d’environnement, mais c’est clairement de montrer aux citoyens le rôle que jouent les élus locaux dans ce domaine, comme dans d’autres !

Question : Quel est l’apport de la SEDL pour la démocratie locale et régionale en Europe ?

Keith Whitmore :  C’est avant tout, bien sûr, de rapprocher les citoyens et les pouvoirs locaux, mais aussi d’encourager ceux-ci à mieux coopérer au niveau européen, car les problèmes sont souvent les mêmes d’un pays à l’autre. La SEDL rappelle aux élus locaux européens que nous faisons tous partie de la même « famille ». Par ailleurs, les autorités locales peuvent souvent mener des actions que les autorités centrales ne sont pas à même de réaliser, y compris pour le dialogue entre les communautés… Par exemple, la SEDL incite les élus locaux et les citoyens des communes de Bruxelles à mieux se parler, par delà les clivages politiques entre les communautés française et flamande. Souvent, les politiciens locaux peuvent aller là où les politiciens nationaux ne pénètrent pas ! D’ailleurs, bien avant la SEDL, le Congrès fut aussi, dans des circonstances plus dramatiques, le premier à œuvrer pour restaurer le dialogue local dans les pays de l’ex-Yougoslavie.

Question : Le Congrès travaille actuellement à une réforme de ses structures. Que pensez-vous de ce projet?

Keith Whitmore : Je suis heureux de cette évolution, car le Congrès devait absolument se recentrer sur le cœur de ses activités, qui sont la promotion et le suivi de la démocratie locale en Europe. Ces travaux ont souffert de la diversification excessive du Congrès depuis quelques années, et il était vraiment temps de remédier à cela. Cette année, par exemple, nous avons programmé une quinzaine de visites de monitoring : c’est la première fois depuis 12 ans que nous en ferons autant, et il faut continuer dans cette direction.