Andreas Kiefer : «La réforme du Congrès permettra à nos membres de mieux participer au suivi de la démocratie territoriale»

Elu Secrétaire Général du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux en mars 2010, Andreas Kiefer voit dans la réforme du Congrès, actuellement à l’étude, un moyen de mieux valoriser ses spécificités et ses points forts, au profit de l’ensemble de l’Europe. « Le Congrès possède des atouts uniques dans le paysage européen, en premier lieu sa Charte européenne de l’autonomie locale dont il évalue l’application à travers ses missions de monitoring et d’observation d’élections locales et régionales » explique-t-il dans une interview.

Interview - 03.08.2010

Question : La réforme prévoit de recentrer le Congrès sur le monitoring et les observations d’élections. Quelles seront les conséquences sur les activités et les structures du Congrès ?

Andreas Kiefer : Aujourd’hui, les pays européens attendent que les questions internationales soient traitées par une ou deux structures spécifiques, et non par toutes à la fois : pour eux, par exemple, le réchauffement climatique est l’affaire des Nations Unies et de l’Union européenne (U.E.), mais pas celle du Conseil de l’Europe. Notre spécificité repose sur les atouts uniques du Congrès dans le paysage européen, en premier lieu desquels sa Charte européenne de l’autonomie locale dont il évalue l’application à travers ses missions de monitoring et d’observation d’élections locales et régionales. C’est cela que nous allons valoriser et développer, ce qui implique bien sûr de réduire d’autres activités puisqu’aucune ressource additionnelle n’est disponible.

Question :Concrètement, comment fonctionnerez-vous après l’adoption définitive de la réforme, prévue d’ici cet automne ?

Andreas Kiefer : Nous allons renforcer notre commission institutionnelle et développer les missions de monitoring, qui auront lieu désormais tous les cinq ans dans tous les Etats ayant ratifié la Charte et qui seront suivies par des actions ciblées. Cela nous amènera à effectuer dès l’an prochain une quinzaine de missions par an. Il faudra, bien sûr, que plus de membres du Congrès prennent part activement à ces missions, vu l’augmentation de leur fréquence et de leur nombre. Le renforcement de la commission institutionnelle impliquera la disparition de l’une, voire de deux des quatre commissions actuelles, et une réorganisation des postes de travail au Congrès, mais sans aucune réduction d’effectif. Par ailleurs, nous conserverons, peut-être avec quelques modifications, le système actuel des deux chambres, et nous continuerons à tenir deux sessions plénières par an. Nous serons aussi amenés à revoir notre soutien financier à certaines organisations ainsi que le fonctionnement de certaines structures. Toutefois, le Congrès intensifiera sa coopération politique et thématique avec les principales associations européennes de pouvoirs locaux et régionaux.

Question : A l’heure de la rigueur économique, mais aussi d’une certaine défiance des citoyens vis-à-vis de la construction européenne, comment voyez vous l’avenir des politiques régionales en Europe et le rôle du Congrès?

Andreas Kiefer : Je crois que les processus de régionalisation qui se dessinent en Europe sont irréversibles, même s’ils sont en train de se stabiliser. Le Congrès a un rôle important à jouer dans l’évolution des régions et de la démocratie régionale, notamment en transmettant aux Etats d’une part, et aux autres institutions, comme le Comité des Régions (CdR), son savoir faire en matière de promotion de la démocratie et des droits de l’homme au niveau régional. Ce sont nos spécificités, nous sommes parfaitement placés pour cela et il nous appartient de mieux savoir les « vendre » à nos partenaires. Un exemple concret : les rapporteurs du Congrès et du CdR vont discuter, en septembre prochain, de la démocratie locale et régionale, et des questions relatives aux droits de l’homme afin de contribuer aux prochains avis du CdR sur les pays de l’Est participant à la politique de voisinage de l’UE. Par ailleurs, je pense que toutes les régions, et pas seulement les plus défavorisées, doivent bénéficier des politiques européennes, mais adaptées à leurs besoins. C’est aussi comme cela qu’on luttera contre « l’eurosepticisme ».