Cette interview est libre de droits pour publication par votre média

Zlata Plostajner: ''Le système de suivi du Congrès de l'autonomie locale est un guide important pour chaque Etat membre''

Dans son interview, Zlata Plostajner, Ministre slovène de l'autonomie locale et du développement régional, explique le développement d'un système d'autonomie locale dans son pays au cours des 15 dernières années, ainsi que les mesures qui doivent encore être entreprises pour créer des régions, selon les normes établies par le Congrès. La Slovénie préside actuellement le Comité des Ministres du Conseil de l'Europe (Mai-Novembre 2009).

Interview 12.06.2009

Question : Comment décririez-vous le rôle et la place de l’autonomie locale et régionale dans votre pays ?

Au cours des quinze dernières années, la Slovénie s’est dotée d’un nouveau système d’autonomie locale fondé sur les valeurs européennes. Nous avons établi l’échelon local et les municipalités, mais l’autonomie locale n’est pas encore totalement achevée. Il nous reste encore à mettre en place le deuxième niveau d’autonomie locale, à savoir les régions, conformément aux valeurs du Conseil de l’Europe, selon lesquelles les collectivités territoriales doivent disposer d’un pouvoir autonome. Le Gouvernement de la République de Slovénie attache une grande importance au projet de décentralisation, dont l’objectif est de transférer à l’échelon subnational un pouvoir de décision aussi grand que possible concernant les affaires régionales, tandis que les questions ayant trait à l’ensemble de la communauté nationale demeurent de la compétence du pouvoir central. Il est en effet de la plus haute importance que les collectivités territoriales participent efficacement aux processus décisionnels. Dans cette perspective, nous devons garder à l’esprit la responsabilité des collectivités territoriales dans l’accomplissement de leurs missions et attirer l’attention sur la relation de partenariat qui existe entre le pouvoir central et les autorités de niveau inférieur.  

 

Question : Quel intérêt la coopération transfrontalière présente-t-elle pour l’Europe du Sud-Est, eu égard en particulier à l’histoire de la région ? Quels peuvent-être les avantages d’une telle coopération pour les collectivités locales, en particulier en Slovénie ?

La Slovénie est depuis plusieurs années un membre actif du Conseil de l’Europe, en particulier dans le domaine de la coopération transfrontalière en Europe du Sud-Est. Elle a conclu un certain nombre d’accords internationaux avec les pays d’Europe du Sud-Est concernant les bourses d’études, la coopération en cas de catastrophe naturelle et la coopération dans les domaines culturel et scientifique. La Slovénie est aussi un membre actif de l’Accord-cadre du bassin de la Sava, et cofondatrice du Groupe de travail Alpes–Adriatique.

Depuis 1994, date à laquelle la Commission européenne a approuvé le financement d’un renforcement de la coopération transfrontalière avec les pays d’Europe centrale et orientale, l’étendue et la qualité de cette coopération ont considérablement augmenté. Nous avons conçu et mis en œuvre avec les pays voisins (l’Italie, l’Autriche, la Hongrie et la Croatie) de nombreux projets dans les domaines des transports et des infrastructures transfrontalières, de l’environnement, du tourisme et de l’agriculture. La République de Slovénie assure la direction des programmes de coopération transfrontalière européenne avec l’Autriche, la Hongrie et la Croatie pour la période 2007-2013. Nous aimerions mettre cette expérience au service des pays des Balkans occidentaux ; à l’avenir, nous souhaitons renforcer la coopération avec la Macédoine. Les municipalités de Slovénie et des pays voisins ont établi un type de coopération portant en particulier sur les domaines administrés par les collectivités locales au moyen de leurs services publics. Notre objectif est d’offrir des conditions optimales pour garantir la qualité de la vie dans les régions frontalières.

Depuis plusieurs dizaines d’années, nous soutenons les relations sociales et culturelles dans ces régions. Elles tiennent une place déterminante dans le succès de la coopération. Je suis convaincue que la coopération transfrontalière au niveau local dans les Balkans occidentaux contribue fortement à l’harmonie entre les populations des régions frontalières et, partant, à la stabilité de toute la région.

Question : Comment, selon vous, le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe et ses initiatives peuvent-ils contribuer au développement de la coopération transfrontalière en Europe du Sud-Est ? Que peut-il apporter à la Slovénie ?

Ces dernières décennies, le Conseil de l’Europe – et en particulier le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe – ont joué un rôle essentiel dans l’élaboration du système d’autonomie locale des nouvelles démocraties d’Europe centrale et orientale. En particulier, ils ont fortement contribué à jeter les fondations de collectivités territoriales démocratiques. Le système du Congrès pour le suivi de l’autonomie locale offre à chaque Etat membre une aide utile pour définir les activités à mener au niveau national. La coopération transfrontalière des collectivités territoriales doit être renforcée et encouragée, car elle contribue à la réalisation des objectifs fondamentaux du Conseil de l’Europe.

J’aimerais également souligner l’importance du Conseil de l’Europe dans le domaine de la démocratie locale et régionale, qui connaît depuis plusieurs années un vaste débat sur les documents relatifs à l’autonomie régionale.