Session du Comité des Ministres du Conseil de l’Europe

Madrid (Espagne), 12 mai 2009

Discours Ian Micallef, Président a.i. du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

C’est un privilège, et même d’une certaine façon un grand avantage, de parler parmi les derniers orateurs de cette réunion ministérielle car j’ai pu entendre la voix des états et je voudrais à présent, Mesdames et Messieurs, vous faire entendre une autre voix, une voix singulière, dans cette enceinte. Je voudrais vous faire entendre la voix des collectivités locales et régionales, la voix de vos communautés, de nos communautés, qui forment la trame de nos sociétés.

Depuis 60 ans en Europe, par la décentralisation, les états ont reconnu d’abord la légitimité puis l’utilité de la gouvernance locale. Même si la bonne santé de la démocratie locale et  la qualité de la gouvernance locale et régionale reste encore diverse en Europe, même si elle est susceptible d’amélioration très sensible - et le Congrès est là pour y veiller par son activité de monitoring de la Charte européenne de l’Autonomie locale - la démocratie locale est aujourd’hui un fait acquis, un élément fort de nos consensus nationaux.

Le vaste mouvement de décentralisation est à l’œuvre, certes il a du chemin à parcourir mais rien ne saurait l’arrêter.

C’est pourquoi je voudrais utiliser ces quelques instants pour mettre l’accent sur un autre rôle encore méconnu, ou pas assez reconnu, de nos 200 000 territoires en Europe.

La grave crise que nous traversons ne sera réglée ni par une crispation nationale, ni par un reflux de la mondialisation - la sortie de crise sera globale et le monde de demain, le monde d’après crise, sera global lui aussi – mais cela ne signifie pas que nos territoires deviendront obsolètes pour autant, bien au contraire, il nous faudra relocaliser nos sociétés. Paradoxalement, l’heure de la mondialisation sera aussi l’heure du « small is beautiful », l’heure des communautés, l’heure des territoires.

La relance, par exemple, que nous avons mis sur l’agenda de nos politiques, nous invite à la relocalisation.  Les collectivités sont au cœur des politiques de relance – l’investissement public dans nombre de nos pays est majoritairement le fait des collectivités locales. La durabilité, l’autre volet de la politique de sortie de crise, sera également le fait des collectivités. Les collectivités, vos collectivités, sont des acteurs centraux de la croissance de la qualité de vie et de la durabilité des modes de vie.

Eh bien, Mesdames et messieurs les Ministres, dans la panoplie du Conseil de l’Europe, vous avez un outil qui est prêt à porter ces évolutions, c’est le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux. Il a l’ambition de mieux articuler son action sur votre action au Comité des Ministres.

A cet égard, à l'image de la bonne coopération que nous avons eu avec la présidence espagnole et que nous voulons poursuivre avec les présidences slovène et suisse, je vous soumettrai une proposition de création d'une structure qui permettrait de poursuivre un bon dialogue entre le Comité des Ministres et le Congrès.

Donnez au Congrès l’occasion de montrer ce qu’il peut faire, ne brisez pas son ambition par un manque de moyens.

Nous entrons dans un temps où l’imagination et la bonne gouvernance sont plus que jamais nécessaires.

Elles sont nécessaires dans nos collectivités.

Elles sont nécessaires dans nos états.

Elles sont nécessaires au Conseil de l’Europe.

Il vous appartient, en tant qu’organe exécutif de l’organisation, de mesurer les enjeux et d’utiliser nos atouts. A vos côtés, le Congrès, je vous l’assure,  est prêt à jouer son rôle – tout son rôle.

Je vous remercie.