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« Admettre l’existence du racisme est la base pour construire une action antiraciste », estime Sherma Batson

Membre du conseil du comté d’Herfordshire, Royaume-Uni, Sherma Batson a prèsenté lors de la dernière session plénière du Congrès un rapport sur l’approche sociale de la lutte contre le racisme.

Question : Vous avez présenté à la dernière session du Congrès un rapport sur l’approche sociale de la lutte contre le racisme aux niveaux local et régional. Que peuvent faire les autorités locales dans ce domaine ?

Sherma Batson : Les autorités locales ont besoin d’avoir des conseils et des exemples sur la manière de combattre le racisme à leur niveau. Elles ont besoin, par exemple, de savoir comment recruter du personnel venant de toutes les communautés, comment offrir des services adaptés à toutes communautés. Souvent, certaines populations se trouvent, de fait exclu de certains services publics parce que l’on n’a pas pris la peine de les leurs proposer dans leur langue. Autre exemple : chez moi dans le Hertfordshire nous avons une entreprise de service social qui fournit des repas aux personnes âgées qui prend en compte la diversité de la population en proposant de la cuisine anglaise mais aussi asiatique, polonaise ou caribéenne. L’autorité locale surveille cela. De la même façon notre service consommateur s’assure que les citoyens peuvent  s’adresser à l’administration dans leur langue si leur anglais n’est pas suffisant.

Question : Qu’attendez-vous du Congrès dans ce domaine ?

Sherma Batson : Le Congrès a adopté mon rapport qui peut aider des autorités locales à prendre des initiatives. Souvent elles ne savent pas par où commencer et comment faire. Il faut maintenant s’assurer que le rapport et ses conclusions soient distribuées le plus largement possible. Pas uniquement au Royaume-Uni mais je dirai, à travers le monde. Nous devons nous assurés que le maximum de responsables d’autorités locales le reçoivent pour qu’ils soient convaincus d’adopter les standards définis par une organisation aussi prestigieuse que le Congrès.

Question : Quel sera la prochaine étape ?

Sherma Batson : Tout d’abord, comme je viens de le dire, il faut s’assurer que ces textes soient diffusés le plus largement possible. Ensuite il faudrait identifier dans chaque pays des experts spécialistes des différentes communautés car les problèmes ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre en fonction des communautés qui y résident. Il n’y a pas une solution unique. Il faut agir en fonction des besoins propres à chaque communauté. Certaines solutions peuvent être applicables à une communauté mais pas à une autre. Il n’en reste pas moins que ce rapport peut-être une base de départ pour une action contre le racisme. Il doit surtout faire comprendre que le racisme existe même si certaines autorités locales n’en ont pas conscience ou ne veulent pas le reconnaitre. Reconnaitre l’existence du racisme est un premier pas pour jeter les bases d’une action contre ce phénomène.