Discours de M. Claude Frey, Président du Conseil exécutif du Centre Nord-Sud, devant le Congrès des pouvoirs régionaux et locaux du Conseil de l’Europe, le 16 mars 2005

Monsieur le Président,

Notre monde présente des territoires, des sociétés, des économies, des cultures qui du fait de leur histoire et de leur géographie présentent une grande diversité mais qui sont de plus en plus réliées par une interdépendance croissante. La complexité des échanges qui relient comme les fils d’une toile d’araignée, le Nord et le Sud représente aujourd’hui à la fois une opportunité et un défi :

Plus que jamais il est devenu urgent d’agir dans le sens de la transformation des réalités qui défigurent notre humanité aussi bien au niveau global que local par l’élaboration dans le dialogue de règles de jeu communes et l’affirmation de valeurs partagées.
Plus que jamais le souci de la pérennisation harmonieuse de notre développement et de la sauvegarde de nos valeurs nous appelle – nous autres Européens- à avoir une vision prospective des enjeux et des équilibres Nord-Sud et à poser des actes en conséquence aussi bien au niveau global, régional que local.

Monsieur le Président,

Promouvoir la sensibilisation des peuples européens aux enjeux liés à cette interdépendance et faciliter le dialogue Nord-Sud sur les droits de l’homme et la démocratie, telle est la double mission qui a été confié au Centre Nord-Sud lors de sa création en 1989.

Pour remplir cette mission, trois domaines d’intervention privilégiés se sont imposés :

1. La Méditerranée. Nos destins sont liés par l’histoire et la géographie. Mais aussi par tous les problèmes aigus que nous avons à résoudre ensemble tels que les migrations et les extrémismes religieux, qui font que la Méditerranée, à la porte de l’Europe, se transforme, souvent, en zone d’instabilité.

2. Au-delà de l’horizon méditerranéen, il y a l’Afrique; l’Afrique, continent avec lequel nous devons renouveler nos liens historiques. Rien ne serait pire que de laisser ce vaste ensemble, si plein d’énergie et de talent se débattre seul dans la pauvreté. Mais au-delà du maintien ou de l’augmentation de notre aide économique, l’Afrique a besoin de notre engagement aux côtés de ceux qui, sur ce continent, ont fait le choix courageux de la défense des droits de l’homme et de la démocratie. C’est une question de morale, une exigence éthique, et c’est aussi notre intérêt à long terme.

3. Il ne saurait y avoir de dialogue durable sans éducation. Education au respect des droits de l’homme, éducation à la tolérance, éducation à l’interculturel.

Monsieur le Président,

Au cours de ces deux dernières années nous avons engagé un certain nombre de réformes visant à améliorer l’efficacité et la capacité du Centre à mener à bien ses tâches, telles que définies dans son mandat. Des avancées majeures ont été réalisées et aujourd’hui le Centre se trouve à une nouvelle étape de son développement.

Dans le secteur de l’éducation, notre action visant à sensibiliser l’opinion publique a été dernièrement élargie à quatre pays d’Europe centrale. Au niveau de la Méditerranée, le Centre a poursuivi son soutien aux acteurs et réseaux oeuvrant au renforcement de la démocratisation de la région. A ce propos, une plateforme euro-méditéranéenne de dialogue sur la gouvernance démocratique est en cours de constitution. Notre programme commun avec l’Union européenne, de formation et d’éducation des jeunes des deux rives à l’interculturel a également connu un essor particulier. Et en ce qui concerne l’Afrique nous continuons d’œuvrer ensemble avec nos partenaires de l’Union africaine et du NEPAD pour le renforcement des initiatives de paix et des institutions démocratiques.

Toutes ces actions ont été menées en étroite collaboration avec de nombreux partenariats dont les Nations Unies, l’Union européenne, l’OCDE, la Ligue arabe, l’Union africaine, ainsi qu’avec d’autres organisations internationales et régionales.

Par ailleurs au cours de ces deux dernières années, nous sommes parvenus à développer des collaborations fructueuses avec les différentes directions du Conseil de l’Europe et avec l’Assemblée parlementaire. Le 18 janvier 2005, un Accord de coopération a été notamment signé entre l’Assemblée parlementaire et le Centre Nord-Sud. Cet accord défini le cadre et les modalités pratiques de notre coopération et favorise l’implication des parlementaires dans le rayonnement du Centre Nord-Sud et dans ses programmes d’activités, surtout dans le domaine de la coopération transméditerranéenne et du dialogue Europe-Afrique.

Monsieur le Président,

Les liens entre votre Congrès et le Centre ne datent pas d’aujourd’hui. Comme vous le savez des représentants de votre organisation siègent au Conseil exécutif du Centre depuis sa création. L’un des nos objectifs actuels est de renforcer ces liens et de donner une nouvelle impulsion à nos collaborations dans des domaines d’intérêt mutuel. Et cela notamment pour trois raisons :

Monsieur le Président,

Les défis à relever au Nord et au Sud sont aujourd’hui multiples : il nous faut à la fois trouver un équilibre entre les objectifs d’efficience économique, de développement social et de protection de l’environnement. Et si les institutions internationales ont un rôle majeur à jouer dans ces domaines, les collectivités locales et régionales ont leur part à prendre dans ce défi.

Je ne peux donc que me réjouir de l’adoption de ce rapport sur le Centre Nord-Sud par votre Congrès. J’apporte d’ores et déjà mon soutien à la proposition de signature d’un Accord de coopération entre votre le Congrès et le Centre qui viendrait concrétiser nos collaborations et apporter une valeur ajoutée aux actions des uns et des autres.

Nous exprimons notre gratitude à votre Rapporteur, Mme Lund, pour son excellent travail si constructif. Merci, Monsieur le Président de m’avoir donné l’occasion privilégiée de partager avec vous notre volonté de tracer ensemble le chemin au niveau local et régional au Nord et au Sud.