Mamouka Abuladze: “Cette guerre n’est pas un conflit éthnique”

« La situation en Géorgie n’a rien à voir avec un conflit éthnique. C’est une guerre entre deux Etats » a souligné Mamouka Abuladze, Président de l’Association nationale des pouvoirs locaux de Géorgie et chef de la délégation géorgienne auprès du Congrès.

Interview 18.09.2008

Le conflit a eu des effets dévastateurs sur l’autonomie locale en Géorgie. Quelles mesures immédiates vous paraissent nécessaires pour restaurer la capacité des pouvoirs locaux à exercer leurs fonctions ?

Mamouka Abuladze : Cela a été une tragédie pour le peuple géorgien. Cette guerre a été sanglante. Je n’entrerai pas dans les détails parce qu’ils sont connus et ont été diffusés par les médias occidentaux. Au titre de notre association je tiens à souligner que les populations de cinq municipalités, membres de notre organisation, ont été chassées de leur territoire et que les collectivités ne sont plus en mesure de fournir à leur population les services de base, dont elles ont un besoin critique, parce qu’elles sont occupées. Elles ne peuvent fournir ces services parce que leurs infrastructures ont été détruites et sont désormais sous le contrôle de l’armée russe. Il existe aussi des municipalités, hors de la zone de conflit, dont les structures ont été également bombardées par les Russes. C’est dès lors une situation très difficile pour notre association dont deux tiers des municipalités membres ont été touchées par l’invasion. Il va leur être très difficile de respecter leurs engagements ou obligations et même simplement d’acquitter leur cotisation. Aujourd’hui NALAG est mobilisé pour apporter une assistance humanitaire et technique ainsi qu’une forme de reconstruction post-conflit.

NALAG compte-t-elle des villes  d’Ossétie du Sud ou d’Abkhazie parmi ses membres ?

Mamouka Abuladze : Bien sûr. Nous en avons quatre d’Ossétie du Sud et une d’Abkhazie. D’ailleurs, un délégué auprès du Congrès vient d’une ville d’Ossétie du Sud. Je dois ajouter que la circonscription de ce délégué d’Ossétie du Sud est aujourd’hui totalement détruite. Sur ces cinq municipalités, quatre d’entre elles, étaient à population mixte. Je voudrais que l’on comprenne bien que ce conflit n’a rien à voir avec un conflit entre deux groupes ethniques mais entre deux Etats, la Russie et la Géorgie. L’opération russe n’avait rien à voir avec une intervention pour arrêter des combats entre groupes ethniques. Elle visait à détruire le pouvoir géorgien. Nous continuons à aider ces municipalités là où elles ont trouvé refuge et nous les aiderons à rentrer chez elles. Ce n’est qu’une question de justice.

L’un des objectifs du Congrès est de promouvoir la coopération entre les villes et les régions, en particulier autour du bassin de la mer noire. Dans quelle mesure le Congrès peut-il aider à résoudre le conflit ?

Mamouka Abuladze : C’est une question très difficile à laquelle il n’est pas simple, aujourd’hui, d’apporter une réponse. La réponse n’est pas entre la Géorgie et la Russie, mais dans le fait de savoir sur quoi baser cette coopération. Doit-on la fonder sur des valeurs européennes communes, des principes universels ou bien devons-nous accepter un compromis avec l’agression ?