Jean-Claude Frécon : « Les élus locaux russes et géorgiens doivent retrouver la voie du dialogue »

Le dialogue entre les élus locaux est une condition importante pour prévenir et résoudre des conflits et pour mettre en œuvre des projets communs. Ce dialogue passe également par des rencontres entre les associations de collectivités telles que les « Assises des associations des pouvoirs locaux des Etats membres du Conseil de l’Europe », organisées par le Congrès. Pour Jean-Claude Frécon, vice président du Congrès ( France , SOC), les deux structures ont tout à gagner de ce type d’échanges.

Interview 02.12.2008

Question : Le conflit russo-géorgien est à l’ordre du jour de la session du Congrès. Quel rôle le Congrès peut-il jouer pour tenter de détendre la situation, notamment au niveau local ?

Jean-Claude Frécon :Lors d’un débat dans le cadre du Bureau du Congrès, le 19 septembre dernier, les délégations russe et géorgienne se sont totalement ignorées, chacune redevenant avant tout une délégation nationale alignée sur son pays. Cette situation est fréquente lorsque deux pays s’opposent, alors que nous souhaiterions au contraire que les élus locaux des pays concernés puissent contribuer à favoriser le dialogue entre les belligérants. Certes, tout élu local est citoyen de son pays, mais le Congrès doit pouvoir faire évoluer ces attitudes de blocage, en Russie et en Géorgie comme ailleurs, et poursuivra ses efforts pour restaurer le dialogue au niveau local. J’espère que le débat prévu le 2 décembre 2008 dans le cadre de la session du Congrès constituera une contribution en ce sens. Par ailleurs, il y a d’autres pays où les élus locaux doivent eux aussi dépasser leur cadre de citoyen national pour débloquer des situations : je pense à la Lettonie, où les élus locaux me semblent encore beaucoup trop nationalistes face à la question de la participation des minorités russophones à la vie politique.

Question : Le Congrès a développé différents partenariats avec les associations nationales. Quels sont vos attentes de ce type de coopération ?

Jean-Claude Frécon :Au-delà de notre volonté d’être proche des associations, celles-ci nous aident à mieux connaître les réalités de la politique locale de leurs pays respectifs. Grâce à elles, nous savons mieux ce qui se passe dans chaque pays. Mais nous sommes là aussi pour les aider, tout en leur montrant qu’elles ne sont pas dépendantes du pouvoir central mais disposent de véritables moyens pour assurer leur autonomie de décision. Nous voulons aussi recueillir l’avis des associations avant de fixer nos priorités d’actions, et nous leur rappelons que nous avons besoin d’elles pour le succès de nos travaux : lors des Assises, nous les avons notamment invitées à faire connaitre et appliquer la nouvelle Charte urbaine.

Question : Inversement, quelles sont les attentes des associations vis-à-vis du Congrès ?

Jean-Claude Frécon :Beaucoup d’associations, déjà très impliquées dans des activités avec nous, veulent aller encore plus loin et accroître leur participation. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons décidé de les associer plus étroitement à nos visites d’observation des élections locales et régionales, comme elles l’avaient demandé en 2006. Mais si certaines associations, par exemple les associations néerlandaise, allemande ou norvégienne coopèrent très activement avec nous, j’estime  que d’autres, dont les associations françaises, devraient s’impliquer plus activement à nos côtés.