8e Conférence du Conseil de l’Europe des Ministres Responsables de la Jeunesse

Kyiv, Ukraine, 10-11 octobre 2008

Allocution de Yavuz Mildon, Président du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux, Conseil de l’Europe

Monsieur le Président,

Madame la Secrétaire Générale Adjointe,

Messieurs et Mesdames les Ministres,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Hellen Keller, la célèbre femme née aveugle, sourde et muette, et dont la persévérance pour remporter d’énormes succès dans la vie a servi d’exemple pour les jeunes comme pour les adultes, a dit une fois : « Il n’est pas possible que la civilisation coule à reculons tant qu’il y aura de la jeunesse dans le monde ».

Ces mots encapsulent une simple vérité revélée à chaque fois que nous appelons la génération des jeunes “la génération du future”. En effet, ce sont les jeunes d’aujourd’hui qui prendront le flambeau pour assurer la gouvernance de demain, qui poursuivront la réalisation de nos idées et formuleront leur propre vision de la société, et qui seront les nouveaux gardiens de la démocratie et des droits de l’homme dans la continuité de la vie et de la civilisation, qu’évoquait Helen Keller.

Mais aujourd’hui, il nous revient d’éduquer ces nouveaux gardiens du futur dans l’esprit que nous voulons faire passer et que nous voulons faire durer – l’esprit de la démocratie et des droits de l’homme, l’esprit de la tolérance et de l’égalite, l’esprit du dialogue et de l’apprentissage. Et ce n’est pas un hasard si tels sont les principaux thèmes de cette Conférence et de la Déclaration qu’elle va adopter.

Dans les ateliers et les discussions de cette Conférence, nous allons réaffirmer la place centrale des droits de l’homme, de la citoyenneté et de l’apprentissage interculturel dans notre action en faveur des jeunes. Nous allons réaffirmer l’importance pour nous tous – les gourvernements, les parlements, les élus locaux et régionaux, la société civile – de faire en sorte que les jeunes puissent être acteurs dans les prises de décisions qui les concernent, en leur garantissant la pleine jouissance de leurs droits, et en assurant leur participation active aux processus et aux structures démocratiques.

Pour atteindre ces objectifs, nous devons nécessairement passer par une pleine intégration des jeunes dans nos sociétés, par la préparation de leur transition vers l’autonomie, et cette action doit nécessairement commencer dans nos collectivités locales et régionales.

Le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux attache une importance particulière à la question de l’intégration et de la participation des jeunes, et considère qu’il s’agit d’un aspect majeur de nos activités globales – les activités visant la création d’un environnement au niveau local et régional orienté vers et centré sur le citoyen, un environnement d’inclusion et d’égalité qui permettrait de prendre en compte tous les aspects de la vie quotidienne de nos collectivités. Je veux parler des aspects politique, économique, social, culturel, écologique.

C’est dans cet esprit que le Congrès a adopté, lors de sa session plénière en mai cette année, plusieurs textes pour cibler nos efforts, mais aussi annonçant les principes sur lesquels nous souhaitons baser la construction de ce nouvel environnement – les principes de citoyenneté, de solidarité, de durabilité et d’innovation. Je peux citer la nouvelle Charte urbaine : Manifeste pour une nouvelle urbanité, ainsi que notre recommandation sur « L’enfant dans la ville » , ou encore nos résolutions et recommandations sur la réintégration des enfants des rues et sur l’intégration et la participation des jeunes aux niveaux local et régional.

Ce dernier texte vient compléter nos efforts pour la mise en oeuvre de la Charter révisée sur la participation des jeunes à la vie locale et régionale, qui offre un cadre flexible d’action des pouvoirs locaux et régionaux dans leurs collectivités. Sur la base de cette Charte, le Congrès a proposé des lignes d’action pour les municipalités et les structures régionales, portant sur l’éducation, y compris l’éducation informelle, et la formation professionnelle des jeunes – un sujet de première importance pour leur intégration et emploi, qui sera aussi beaucoup discuté à cette Conférence – ainsi que sur l’accès des jeunes aux médias et la création des médias locaux et régionaux pour les jeunes ; et sur la mise en place de structures participatives, telles que conseils de jeunes au niveau municipal ou régional dont un bon exemple est la Bosnie-Herzégovine. Certains pays, comme l’Espagne, sont même allés plus loin en créant les conseils municipaux des enfants.

Récemment, le Congrès a présenté ses activités pour les jeunes et les enfants à la Conférence sur les droits des enfants, tenue en septembre à Stockholm. Nous avons parlé de la participation et de l’intégration des enfants ce qui est, bien sûr, lié aux thèmes de notre Conférence aujourd’hui. Quand nous parlons des jeunes, nous insistons sur la pérennité de notre action, la nécessité de programmes à moyen et long terme plutôt que des projet de courte durée - mais, précisément, notre action pour les jeunes, pour leur intégration et participation commence déjà par les enfants. C‘est pourquoi le Congrès examine la possibilité d’étendre aux enfants la Charte sur la participation des jeunes .

Mesdames et messieurs,

Les thèmes spécifiques pendant cette Conférence touchent aussi directement aux activités et préoccupations du Congrès – par exemple, l’égalité des chances et l’accès aux droits sociaux, qui se traduisent pour nous en accès aux services publics locaux, que ce soient l’éducation, les services de santé ou le logement, et qui font partie de l’environnement cohésif dont je viens de parler . Je peux également mentionner l’intégration des jeunes défavorisés et le réseau des villes participant au Processus de Berlin pour la poltique d’intégration des jeunes dans les quartiers urbains défavorisés, pour l’éducation à la citoyenneté et l’apprentissage interculturel, ou encore le dialogue entre les générations. Ce dernier a trouvé sa place, lui aussi, dans notre concept de la nouvelle urbanité, qui prévoit, effectivement, des espaces urbains pour l’intercation entre les générations.

Enfin, l’instauration du dialogue interculturel et interreligeux parmi les jeunes dans nos société plurielles – je dirais, dans nos collectivités multiethniques, multiculturelles et multilinguistiques – fait partie de notre travail général sur le dialogue interculturel au niveau local. Ce niveau, le niveau de base, qui est en fait celui où le dialogue commence. En 2006, le Congrès a élaboré douze principes pour les pouvoirs locaux visant à les aider pour établir et maintenir le dialogue interculturel et interreligieux dans leurs localités. Ces douze principes ont constitué une partie de notre contribution au Livre Blanc du Conseil de l’Europe sur ce thème.

Le dialogue interculturel et le fait d’être ouvert aux cultures d’autrui est une condition nécessaire pour profiter pleinement de notre diversité culturelle, qui constitue notre atout, la source de notre richesse et la fondation de nos sociétés plurielles.  Ce dialogue est aussi la base de l’art du « vivre ensemble », c’est pourquoi il est d’autant plus important qu’il soit transmis à nos concitoyens dès leur plus jeune âge.

Pour sa part, le Congrès réaffime son engagement à poursuivre, en coopération et en coordination avec tous les niveaux de gouvernance et nos partenaires institutionnels, notre action en faveur des jeunes, faisant une partie intégrante de nos efforts pour bâtir des collectivités cohésives et durables, pour faire en sorte que le fleuve de notre civilisation continue à couler dans le bon sens – tant qu’il y aura de la jeunesse dans le monde, selon Helen Keller.

Je vous remercie.