2e Congrès international sur la sécurité routière

St Petersbourg, 17 septembre 2008

Discours de Yavuz Mildon, Président du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe

VERIFICATION A L’ECOUTE

Monsieur le Président,

Excellences,

Mesdames, Messieurs,

C’est un grand honneur pour moi de m’adresser à ce deuxième Congrès sur la sécurité routière en tant que Président du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe, une assemblée paneuropéenne des élus représentant plus que 200 000 collectivités territoriales du continent européen. Je remercie tout d’abord les organisateurs de ce Congrès, l’Assemblée interparlementaire de la CEI, pour cette initiative qui a visiblement pris de l’ampleur depuis son lancement l’année dernière.

Ce n’est pas étonnant parce que la sécurité routière est liée directement à la question de la mobilité de nos citoyens au sein et entre nos villes et nos régions – ce qui est à la fois un droit et une nécessité sociale et économique. Cette nécessite engage tant les autorités nationales pour l’élaboration de stratégies, politiques et mesures de sécurité, que les pouvoirs locaux et régionaux pour leur adaptation à la réalité sur le terrain et leur mise en œuvre pratique. La sécurité routière constitue aussi un aspect important de la sécurité du citoyen qui, comme la sûreté de la personne dans son ensemble – que ce soit la sécurité urbaine, sociale ou économique – est une composante clé de la qualité de la vie dans nos collectivités.

Il est donc tout à fait logique que cette question représente une préoccupation majeure pour les pouvoirs territoriaux et un domaine important de la coopération transfrontalière, intermunicipale et interrégionale. Parce qu’au fond, lorsque la sécurité routière n’est pas assurée, c’est en vies humaines que nous devons payer le prix de la mobilité.

La sécurité routière doit être inscrite sur l’agenda politique de l’ensemble des pouvoirs publics en Europe, tant au niveau national, que régional et local. En effet, tout citoyen a le droit de vivre et de travailler en sécurité. Dans nos activités quotidiennes, lorsque nous nous déplaçons à pied, lorsque nous circulons à vélo ou à moto ou lorsque nous conduisons une voiture ou un camion, ces déplacements doivent se faire avec un minimum de risques d'être blessé ou tué. De même, la participation de chacun à la circulation routière ne doit pas nuire aux autres usagers de la route.

À cet égard, la Charte européenne de la sécurité routière me paraît fondamentale. Elle invite chaque membre de la société, qu'il s'agisse, par exemple, d'une petite école, d'une association rurale ou d'une grande entreprise multinationale, à apporter sa propre contribution tangible à l'amélioration de la situation.

La dimension européenne apporte une valeur ajoutée importante aux politiques nationales et locales en matière de sécurité routière. Elle permet notamment d’aller dans le sens d’une harmonisation des législations, de pratiquer l’échange d’expériences qui nous est cher au Congrès et d’aller plus loin en matière d’échange de données et d’évaluation des mesures prises. L’action au niveau européen doit également aller dans le sens de l’application transfrontalière, comme par exemple des amendes dues pour des infractions au code de la route, qui est actuellement limitée et dépendante de la diversité des règles nationales de protection des données.

Mesdames et messieurs,

Au Congrès, nous considérons qu’il est de la responsabilité des pouvoirs publics, chacun dans ses compétences, de faire en sorte que la mobilité croissante de nos concitoyens puisse se dérouler sans danger. Au-delà de toutes les rhétoriques institutionnelles, chacun a un rôle à jouer pour rendre la route plus sûre en Europe, et la méthode à adopter pour accroître la sécurité routière repose sur le principe de la «responsabilité partagée» entre l’ensemble des niveaux de gouvernance, mais aussi sur les trois composantes des déplacements, que sont les comportements, les véhicules et les infrastructures.

En ce qui concerne les comportements sur la route, les pouvoirs locaux et régionaux en tant qu’acteurs principaux ont surtout un rôle à jouer dans les campagnes de sensibilisation – des campagnes qui peuvent être menées à travers des panneaux d’affichage sur les routes, y compris sur les lieux d’accidents, et des rappels à respecter des règles simples : les limitations de vitesse, les distances de sécurité, l’interdiction de conduire sous l’emprise de l’alcool ou de drogues, etc. D’autres initiatives sont possibles ; je citerai par exemple celle d’organiser à des heures tardives de la nuit des services de bus ou encore de s’associer aux restaurateurs et aux bars pour qu’ils offrent gratuitement au « chauffeur désigné » des boissons sans alcool. On peut aussi imaginer comme à Strasbourg, ville siège du Conseil de l’Europe, des opérations « nez rouge » les soirs de Noël et de Nouvel an, un service de volontaires pour reconduire les familles chez elles.

Bien sûr, la sécurité routière ne dépend pas exclusivement du comportement des automobilistes, chauffeurs routiers, motards ou piétons. Il s’agit de proposer des infrastructures de qualité capables de supporter la croissance des trafics, une signalisation adaptée ainsi que des outils et services techniques d’information et de confort qui permettent à chacun de gérer leurs trajets dans des conditions satisfaisantes. Les techniques modernes de contrôle permettant une répression appropriée doivent aussi être utilisées (radar automatique, appareil modulable de contrôle…).

En général, les pouvoirs territoriaux doivent exercer plus d’influence et être impliqués davantage dans la prise de décision concernant l’aménagement du territoire, y compris le réseau routier. Il s’agit de la qualité des routes, du démarquage, de la signalétique, ce qui relève des compétences des villes et des régions. De bonnes routes signifient une meilleure sécurité.

J’aimerais souligner aussi le potentiel des nouvelles technologies et des systèmes de transports intelligents qui, par ailleurs, peuvent servir d’autres objectifs d’une politique publique de transport comme le transfert modal et la gestion efficace d’un réseau.

S’il est bien du ressort des autorités nationales de favoriser le développement de véhicules plus sûrs, de fixer des règles concernant le port de la ceinture, ou l’usage des feux sur la route en journée, ou encore de fixer les limitations de vitesse, les maires ont, dans de nombreux pays européens, un pouvoir de police qui leur permet outre l’aménagement spécifique des rues, de limiter certaines circulations à des vitesses très faibles (par exemple les zones à 30 km) dans certains quartiers d’habitation.

J’insisterai également sur les synergies entre la sécurité routière et la protection de l’environnement – en fait, le développement durable au sens plus large. Il est clair qu’une bonne politique de la mobilité contribue à limiter les gaz à effets de serre mais également à juguler l’insécurité routière. Mettre en place des transports en commun diversifiés et des intermodalités performantes, favoriser l’usage des modes de déplacements doux que sont la marche ou le vélo, sont autant de moyens qui permettent la réduction de l’usage du transport en voiture et contribue à la fois à la sécurité routière et à la protection de l’environnement.

Au Congrès, nous sommes convaincus qu'un réseau de transport diversifié, efficace et accessible est capital pour favoriser l’économie locale et assurer le développement régional. Il est la clé d'une circulation sans entrave des biens, des services et des personnes, la clé de bonnes communications inter- et intra-régionales. Un tel réseau se doit aussi d’assurer la mobilité qui est indispensable à l’ensemble des activités quotidiennes, au travail, aux études et aux loisirs.

L'évolution des modes de vie a eu une grande influence sur la répartition de la population, l'affectation des sols et l'organisation des services publics. Elle a conduit à un développement continu des flux de circulation, notamment par le biais de la voiture et des transports routiers, à un développement que je qualifierai de non soutenable.

En effet, les questions liées au développement des transports en général sont l'un des premiers défis politiques à relever pour assurer un développement durable et faire face au changement climatique. Pour réussir à bâtir une Europe et des collectivités durables, et ainsi assurer un meilleur devenir pour notre planète, il nous faut faire de la mobilité et des transports un facteur clé de la qualité de vie et des choix de société – ce qui ne va qu’augmenter l’importance de la sécurité routière pour la vie de nos collectivités.

Je vous remercie.