Ian Micallef : « Il faut parler des violences domestiques pour mieux les prévenir »

Depuis quelques jours, tout Malte vit au rythme de la campagne du Conseil de l’Europe contre les violences domestiques envers les femmes, dont le Congrès assure la promotion au niveau local. Ian Micallef, Président de la chambre des pouvoirs locaux et lui-même élu local à Malte, en détaille les aspects et la philosophie.

Interview – 28.01.2008

Question : Après avoir été présentées dans des villes aussi variées que Strasbourg, Vienne, Odessa, Glasgow ou Braga, les affiches de la campagne s’exposent désormais sur tous les abribus des communes maltaises. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager maintenant dans cette campagne ?

Ian Micallef : En tant que président maltais de la chambre des pouvoirs locaux, je pense qu’il était normal que la délégation et les élus locaux maltais donnent l’exemple en se mobilisant sur ce sujet. Les affiches sont actuellement visibles partout, pour une dizaine de jours, mais nous organisons aussi des expositions et des réunions d’information dans des salles muncipales. L’engagement des communes maltaises se veut aussi un signal pour promouvoir encore plus cette campagne en Europe. Nous souhaitons d’ailleurs qu’à côté des municipalités de taille moyenne, plus de capitales et de grandes métropoles, comme Rome ou Paris, s’engagent elles aussi contre ces violences, et la sensibilisation des grandes villes sera la prochaine étape de notre action.

Question :Qu’attendez vous concrètement de cette campagne à Malte ?

Ian Micallef : La campagne doit d’abord, à Malte comme ailleurs, amener les citoyens à réfléchir à ce problème, et à prendre conscience que ces violences sont intolérables. De même, le fait d’en parler au grand jour permet de lutter contre la peur et d’informer les victimes sur leurs droits. Nous disons à nos concitoyens que parler des violences domestiques, c’est aussi mieux les prévenir. A Malte, nous n’avons pas de statistiques précises sur ces violences, mais la campagne éclairera mieux la réalité de ces phénomènes tout en favorisant  les prises de conscience.

Question : Au-delà de l’information, la campagne appelle les communes à prendre des mesures très concrètes pour protéger les femmes victimes de violences domestiques, comme par exemple des « abris », c'est-à-dire des appartements où elles peuvent se réfugier quelques temps : quelles sont les actions menées à Malte ?

Ian Micallef : Nous disposons depuis longtemps de tels abris, qui sont gérés d’une part par une agence du gouvernement, et d’autre part par l’Eglise. Notre travail d’élus locaux vise par contre à mieux faire connaître ces services par toute la population, et c’est pour cela que nous avons généralisé les campagnes d’affichages. En outre, nous entendons améliorer la coordination des actions de prévention et des mesures de protection des victimes, qui se définissent entre les échelons locaux et les organismes nationaux. Nous souhaitons aussi nous mobiliser plus efficacement contre les mauvais traitements infligés aux enfants, autre aspect inacceptable des violences domestiques. Là aussi, plus on en parle, et mieux on lutte contre ce phénomène.