Interview de Karl-Heinz Lambertz « Nous devons mettre en place une approche méthodologique pour analyser les questions transfrontalières»

Karl-Heintz Lambertz, Ministre-Président de la communauté germanophone de Belgique a été élu, le 20 novembre à Strasbourg, président du groupe de travail ad hoc sur la coopération interrégionale de la Chambre des régions.

20.11.2007

Monsieur le Président, au lendemain de votre élection à la tête du groupe de travail pouvez-vous nous indiquer les orientations que vous entendez donner à ses activités ?

Karl-Heinz Lambertz : Tout d’abord cette élection est pour moi un honneur. Jusqu’ici j’ai déjà travaillé comme rapporteur sur les questions de coopération interrégionale au sein de la Chambre des régions. Cette élection s’inscrit donc dans la continuité de cette mission. Avec le groupe de travail, nous pourrons accompagner les évolutions nombreuses en matière de coopération interrégionale et lui donner une dimension nouvelle. Face aux nombreuses initiatives dans ce domaine, nous allons observer et suivre mais aussi tenter d’initier de nouvelles dimensions concrètes. Nous serons ainsi un groupe d’observation et d’action.

Avez-vous déjà des projets d’action ?

Karl-Heinz Lambertz : Le nouveau Groupe de travail devra contribuer à relever le grand défi des coopérations autour des différentes mers qui entourent notre continent, de la mer Caspienne à la mer de Barents en passant par la mer Noire, l’Adriatique, la mer Baltique etc. Mais il y a aussi les coopérations autour des anciennes frontières à l’intérieur de l’Union européenne. Il y a également les nouvelles régions frontalières de l’UE, ainsi que toute la problématique des régions frontalières de l’UE mais intérieures au sein du Conseil de l’Europe. Cela fait déjà au moins quatre grandes catégories présentant chacune des caractéristiques communes. La mission du Conseil de l’Europe et du Congrès est de les accompagner.

La coopération transfrontalière est une dimension très délicate des relations internationales, tout particulièrement en Europe où les frontières sont très nombreuses résultant de l’histoire ou de la structuration étatique du continent, mais elles sont aussi appelées à devenir plus perméables, voire à disparaître. En attendant, elles sont aujourd’hui encore très vivantes et très concrètes dans la tête et le cœur des populations. Dans le même temps, les coopérations transfrontalières se multiplient. Je peux citer aujourd’hui au moins 200 entités qui coopèrent en Europe. Les modifications géopolitiques de ces 15 dernières années indiquent qu’il existe de nouvelles perspectives de dépassement des frontières.

Cela suscite un besoin d’échange, d’apprentissage les uns des autres. Il y a beaucoup à apprendre de l’expérience des autres et de l’histoire, les questions transfrontalières ayant souvent des points communs même si chaque contexte est particulier. Nous devons mettre en place une approche méthodologique pour les analyser.

Les régions n’ont pas attendu le Congrès pour élaborer des coopérations interrégionales. Quel plus pouvez-vous leur apporter ?

Karl-Heinz Lambertz : Les coopérations n’ont rien à attendre de personne. Ce sont les populations sur place et leurs institutions qui en ressentent le besoin et agissent. Trop longtemps les populations se sont tournées le dos en ayant le regard fixé vers leurs capitales nationales. En changeant de perspectives, les frontaliers découvrent qu’ils ont beaucoup de choses en commun à réaliser. Le Conseil de l’Europe a l’extraordinaire mérite d’avoir, dès les années 80, mis en place la convention de Madrid sur la coopération transfrontalière qui est, historiquement, le premier instrument juridique de droit public international dans ce domaine. Le Congrès, pour sa part, offre au Conseil de l’Europe une lecture de toute cette évolution vue à travers les lunettes des collectivités locales et régionales qui sont presque toujours en première ligne dans les projets de coopération interrégionale.