Symposium international de la CEMAT L'accessibilité et l'attractivité des territoires ruraux et enclavés : transports durables et services d'intérêt général

Andorre-la-Vieille, 25 octobre 2007

Allocution de M. Jean-Claude FRECON, Vice-président du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l'Europe

Monsieur le Président,

Excellences,

Mesdames, Messieurs,

Je suis heureux d'être parmi vous aujourd'hui pour aborder des questions qui sont au cœur des préoccupations des collectivités locales et régionales. N'oublions pas que c'est à ces niveaux de gouvernance que la dimension territoriale du développement durable est mise en œuvre. L'accessibilité et l'attractivité des villes et des régions d'Europe en constituent une préoccupation majeure notamment en réponse aux défis de la mondialisation, de l'évolution démographique et de la dégradation de l'environnement auxquelles les collectivités territoriales doivent faire face.

Dans toute l'Europe, les communes, les villes et les régions sont les principales forces motrices du changement. Elles mettent en place des solutions innovantes et créatrices pour assurer un aménagement du territoire équilibré. Cette notion d'équilibre me semble capitale. En effet, bien que seulement 20% de la population en Europe vivent dans les zones rurales, ce serait une grave erreur de considérer leurs besoins comme moins importants que ceux des citadins.

Le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe estime que les réponses à apporter aux besoins des habitants des campagnes et des villes ne situent pas en opposition mais tout au contraire, elle sont interdépendantes et complémentaires. Pour favoriser la prospérité du continent européen et de ses habitants, il nous faut fonder la société européenne sur des valeurs d'équité, de développement durable et sur une qualité de vie pour tous. Ainsi, il est essentiel que les politiques d'aménagement du territoire et de développement spatial satisfassent les besoins des habitants, où qu'ils vivent. Nos politiques doivent viser à combattre l'exode rural et à contenir une urbanisation que certains considèrent comme inexorable. Il nous faut œuvrer pour retirer le plus d'avantages possibles de cet intérêt mutuel et de l'interdépendance des zones rurales et urbaines et ce, dans une perspective véritablement durable.

Dans les campagnes, le contexte actuel est marqué par le déclin des services et par une accessibilité moindre. Ces problèmes se posent au détriment de tous où que nous vivions. Au Congrès, nous pensons qu’une meilleure accessibilité des zones rurales permet d’améliorer le développement des territoires. C'est fort de cette idée que la Commission du développement durable du Congrès élabore actuellement deux rapports, l'un sur les services d'intérêt général en milieu rural et l'autre sur les transports intra-régionaux. Ces travaux visent à recenser les mesures et politiques innovantes qui permettent de contrer la désertification des campagnes, d’assurer la viabilité à long terme de l'économie rurale et de développer l'emploi en milieu rural.

          Il y a manifestement une corrélation entre le dynamisme territorial des collectivités locales et régionales et leur capacité à organiser les services en adéquation avec les besoins. Selon nous, la mise en place de véritables partenariats permet d'élaborer des politiques d'aménagement qui favorisent l'accessibilité et la viabilité des zones rurales. Quels sont ces partenariats ? : entre les différents niveaux d'administration, entre les secteurs public et privé et entre les collectivités territoriales et la société civile.

Mesdames, Messieurs,

L'innovation est nécessaire dans nos communes, districts, départements et dans nos régions. Les collectivités territoriales doivent s’appuyer sur les technologies de l'information et de la communication pour améliorer, dans les zones rurales, l'accès aux services sociaux, administratifs, éducatifs et de santé ainsi que pour favoriser la participation aux processus démocratiques. La mise en place des pôles de services polyvalents et mobiles pour satisfaire les besoins essentiels des habitants des campagnes constitue un autre exemple de bonnes pratiques. Les exemples sont nombreux et à cet égard, nous croyons fortement à la nécessité et à la valeur de l’échange d’expérience.

Au Congrès, nous sommes également convaincus qu'un réseau de transport diversifié, efficace et accessible est capital pour favoriser  l’économie locale et assurer le développement régional. Il est la clé d'une circulation sans entrave des biens, des services et des personnes, la clé de bonnes communications inter- et intra-régionales. Un tel réseau se doit aussi d’assurer la mobilité qui est indispensable à l’ensemble des activités quotidiennes, au travail, aux études et aux loisirs.

L'évolution des modes de vie a eu une grande influence sur la répartition de la population, l'affectation des sols et l'organisation des services publics. Elle a ont notamment conduit à un développement continu des flux de circulation, notamment par le biais de la voiture et des transports routiers, à un développement que je qualifierai de non soutenable.

En effet, les questions liées au développement des transports en général sont l'un des premiers défis politiques à relever pour assurer un développement durable et faire face au changement climatique. Pour réussir à bâtir une Europe et des collectivités durables, et ainsi assurer un meilleur devenir pour notre planète, il nous faut faire de la mobilité et des transports un facteur clé de la qualité de vie et des choix de société.

Il nous faut veiller à ce que les politiques nationales et régionales soient élaborées en complémentarité pour éviter l'aggravation des disparités territoriales. Ainsi, l’avènement des trains à grande vitesse modifie profondément la géographie temporelle de l'Europe, et  rapprochent les grandes villes entre elles, tout en laissant de côté les zones rurales. Les collectivités territoriales doivent réagir positivement à cette évolution et mettre en place des infrastructures de transport complémentaires au niveau intra-régional.

L'intégration européenne, le développement de la coopération transfrontalière ainsi que la disparition des frontières nous incitent tout naturellement à envisager la mise en place de réseaux, de partenariats et d'échanges, qui vont au-delà des frontières nationales. Le Congrès a une longue expérience en  la matière et  il encourage fortement la coopération transfrontalière et interrégionale car cette coopération renforce la cohésion territoriale et contribue à réduire les disparités régionales. Les réseaux qui ont été créés conformément à la Convention cadre du Conseil de l'Europe sur la coopération transfrontalière sont moteurs pour faire avancer de nombreux projets dans le domaine du développement régional, de la protection de l'environnement et des services publics.  Je pense notamment aux Euro-régions dans l’Adriatique et autour de la Mer noire, aux expériences d’Euro-districts ou encore aux NALAS, réseau de collectivités en Europe du Sud-Est.

Permettez-moi de souligner une fois encore, en conclusion, l'importance de la participation des pouvoirs locaux et régionaux à la prise de décision en matière de cohésion territoriale et de développement durable. Je suis convaincu qu'à la faveur des débats qui auront lieu au cours de ce symposium, vous vous pencherez sur cette question et vous tiendrez dûment compte du rôle des collectivités locales et régionales dans les questions d’aménagement du territoire. Je souhaite plein succès à ces rencontres.