Jos CHABERT, Président du groupe de travail sur les Balkans occidentaux Comité des régions de l'Union européenne

Novi Sad, 8 Octobre 2007

"Pensez globalement, agissez localement"

Mesdames et Messieurs,

En tant que président du groupe de travail sur les Balkans occidentaux et ancien président du Comité des régions, j'ai grand plaisir à être avec vous ici aujourd'hui pour cette réunion organisé par le Conseil de l'Europe, la province autonome de Vojvodine et supporté par la Conférence permanente des villes et des municipalités de la Serbie. Je tiens tout d'abord à faire part de ma gratitude à tous nos hôtes qui nous accueillent ici, en Vojvodine, dans cette belle ville de Novi Sad; je remercie tout particulièrement Bojan Kostres, Président de l'Assemblé du Province autonome de Vojvodine et Halvdan Skard, Président du Congrès du Conseil de l'Europe, m'avoir invité à participer cette réunion consacrée à la cohésion démocratique, au développement durable et à la coopération au niveau local et régional.

Je me propose de vous exposer, au nom du Comité, certaines des positions et des politiques que le Comité des régions a élaborées dans les domaines de la coopération décentralisée entre les collectivités locales et régionales de l'UE et des Balkans occidentaux, puis de vous présenter brièvement les travaux du groupe de travail sur les Balkans occidentaux du Comité des régions qui a eu l'occasion de se réunir, suite à l'invitation de Zeljko Ozegovic, Président de la Conférence permanente des villes et des municipalités de la Serbie, - qui se trouve aujourd'hui parmi nous - le 15 juin ici même à Novi Sad.

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Il est aujourd'hui largement reconnu que beaucoup des stratégies passées qui visaient à combler le fossé existant entre l'UE et la région des Balkans occidentaux ont connu un succès limité car elles n'ont pas réussi à associer ceux qu'elles étaient censées aider. Il conviendrait que la participation des citoyens soit à présent un principe directeur central de la conception et de la mise en œuvre des stratégies de réduction de la pauvreté dans cette région. C'est en bâtissant et en mettant en œuvre ces stratégies plus près des gens que l'on garantira une meilleure participation et une meilleure implication des acteurs concernés. La coopération décentralisée est un moyen d'y parvenir. Par coopération décentralisée, j'entends: "la coopération internationale menée par les collectivités territoriales sous la conduite de leur exécutif démocratiquement élu et mobilisant les forces vives de leur territoire, entités distinctes à la fois du pouvoir central de l'État et de la société civile".

Nous, au Comité des régions – la voix institutionnelle des régions et des villes de l'Union européenne –, nous en sommes fermement convaincus: pour être efficace, une politique conçue pour les citoyens doit être élaborée au plus près possible des citoyens auxquels elle est censée bénéficier. En tant qu'organe consultatif de l'UE composé de 344 élus locaux représentant les collectivités locales et régionales de l'ensemble des 27 États membres, nous sommes régulièrement consultés par la Commission européenne et par le Conseil sur un large éventail de propositions de législation. Les recommandations que nous émettons à l'intention des législateurs européens garantissent la prise en compte, au cours du processus législatif, des intérêts des échelons régional et local.

Un domaine qui intéresse fortement les collectivités locales et régionales est celui de la coopération décentralisée. Comme vous le savez tous, des milliers de villes et de régions en Europe coopèrent directement avec leurs homologues des Balkans occidentaux: les services de santé publique et d'éducation, les services urbains tels que l'eau et les déchets, le développement économique territorial, la promotion du commerce et l'appui aux institutions viables de la démocratie locale; ce ne sont là que quelques exemples de domaines pour lesquels les collectivités locales et régionales peuvent contribuer par l'apport d'une réelle expertise.

Cette coopération est, bien entendu, un processus qui fonctionne dans les deux sens, dans la mesure où les collectivités locales de l'Union européenne et leurs citoyens ont beaucoup à gagner d'une coopération avec les collectivités locales des Balkans occidentaux: elles peuvent ainsi tirer des enseignements de leur travail et de leur expérience, élargir leur horizon, apprendre aux citoyens à vivre dans un monde globalisé, et unifier l'Europe.

Toutefois, nous, Comité des régions, reconnaissons que la diversité qui caractérise les approches nationales entre les États membres, la variété des champs pour lesquels les collectivités locales coopèrent et les caractéristiques de chaque collectivité ont engendré une situation où le tableau est riche et complexe, mais où il est absolument nécessaire d'améliorer la coordination afin d'optimiser les résultats.

C'est la raison pour laquelle le Comité des régions souhaite:

Nous sommes aussi persuadés qu'il est essentiel de bâtir un chemin pour une coopération continue entre les collectivités locales et régionales de la région des Balkans occidentaux, et de garantir à l'avenir le développement durable, en protégeant l'environnement tout en stimulant la croissance économique. Il est dans les mains des collectivités locales et régionales que réside le pouvoir de réaliser ces objectifs. Celles-ci peuvent en effet contribuer de manière significative au développement économique et social, en promouvant et en mettant en œuvre des réformes et en augmentant la participation des pouvoirs publics locaux et la coopération décentralisée, et peuvent ainsi, dans ce contexte, être étroitement associées à cette mission qui constitue un pan essentiel de la politique d'association et de stabilisation de l'UE. Pour appuyer cette coopération orientée sur les résultats, le Comité des régions a mis en place en 2006 son groupe de travail sur les Balkans occidentaux.

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L'objectif politique du groupe de travail sur les Balkans occidentaux du Comité des régions est de garantir que le CdR contribue au processus d'élargissement ainsi qu'à la coopération transfrontalière et à la coopération décentralisée dans la région. Cela signifie impliquer les collectivités locales des États concernés et coopérer avec elles, ainsi qu'avec les régions frontalières, en créant des liens transfrontaliers et en échangeant des informations et des bonnes pratiques. Après tout, il nous faut garder à l'esprit que c'est à l'échelon local qu'une large proportion de la législation européenne doit être mise en œuvre. Nous avons tous un rôle important dans ce processus et j'espère vivement que notre rencontre d'aujourd'hui s'avérera aussi utile pour vous qu'elle l'est pour nous.

Le 15 juin, à peine deux jours après la réouverture des négociations relatives à l'accord de stabilisation et d'association de l'UE avec la Serbie, j'ai eu l'honneur de me trouver à la tête de notre délégation dans ce pays, à l'occasion de la réunion hors siège annuelle du groupe de travail, tenue ici même à Novi Sad, en Voïvodine. Au cours de notre réunion, qui était organisée conjointement avec la province autonome de Voïvodine et la Conférence permanente des villes et municipalités de la République de Serbie nous avons eu l'occasion de débattre des nouveaux défis qui se posent aux collectivités locales et régionales dans ces régions, ainsi que des formes que pourrait éventuellement prendre une coopération à l'échelon local et régional entre la Serbie, les autres pays des Balkans occidentaux et l'UE.

Il reste beaucoup à faire dans des domaines tels que la recherche et le développement, la législation, la sensibilisation du public, la coopération et l'échange d'expériences, et la protection de l'environnement. Mais le travail que nous avons accompli jusqu'ici doit nous servir d'exemple pour nous montrer qu'ensemble, nous sommes plus forts et que nous pouvons faire davantage. Il devrait nous inspirer en vue de nos futures initiatives communes et de la réalisation de nos objectifs communs.

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Mesdames et Messieurs,

Je le crois, le Comité des régions peut continuer à être une plate-forme où les acteurs locaux et régionaux de l'UE et des pays voisins échangent leurs expériences et se rencontrent pour élaborer de nouveaux projets visant à favoriser la stabilité, la prospérité, la solidarité et la paix dans les Balkans occidentaux. Nous avons, ensemble, la responsabilité commune d'explorer de nouvelles possibilités de coopération concrète entre municipalités, régions et gouvernements, en analysant les réussites et les défis des projets passés et nouveaux, et en comprenant bien que parvenir à des progrès et à une pleine réussite dépend de la capacité à construire des ponts entre les nations de l'UE et leurs voisins.

Cette conférence n'est qu'un pas vers la réalisation de cet objectif. J'espère que nous aurons, aujourd'hui, l'occasion de débattre plus avant de la question de savoir comment renforcer la coopération concrète entre les collectivités locales et régionales de l'UE et celles de la Serbie. "Pensez globalement, agissez localement": c'est avec cette suggestion que j'émets le vœu que notre réunion soit fructueux et couronné de succès, et que s'y dégagent d'amples opportunités pour faire avancer les choses dès à présent et créer un avenir meilleur.

Je vous remercie de votre attention.