Message de M. Halvdan SKARD, Président du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe à la 6e réunion des Ateliers pour la mise en oeuvre de la Convention européenne du paysage

Sibiu, Roumanie 20-21 septembre 2007

J’aimerais souhaiter, au nom du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe, la bienvenue aux participants de cet atelier, qui survient à point nommé. De nombreuses menaces pèsent sur notre patrimoine rural dans l’Europe entière ; il est juste alors que cette réunion soit organisée dans cette magnifique région de Roumanie, qui témoigne de la splendeur, de la diversité et de la fragilité de notre patrimoine.

Nous adressons à Sibiu nos félicitations pour son titre de Capitale européenne de la culture 2007. Les élus que nous sommes savent à quel point cette distinction est précieuse et combien il importe de saisir cette occasion pour en faire durablement une ville de dynamisme et de création.

Le Congrès suit les progrès de la Convention européenne du paysage avec une fierté particulière, car elle est le fruit d’une collaboration féconde et constructive entre plusieurs structures différentes, à la fois au sein et en dehors du Conseil de l’Europe, dont les premiers signes de germination ont été observés une dizaine d’années plus tôt au Congrès même.

Ce n’est guère surprenant : le Congrès a toujours agi au plus près des citoyens ; il est d’autant mieux placé pour répondre aux revendications croissantes du grand public, qui souhaite une meilleure protection du paysage et de l’environnement, mais exige également d’avoir son mot à dire sur la manière dont son cadre de vie est façonné et géré.

L’Europe a la chance de posséder un magnifique patrimoine rural et urbain, riche et varié. Nous pouvons admirer en bien des endroits les beautés et la diversité de notre environnement naturel. Mais cette beauté est parfois trompeuse et il arrive même que superbes paysages masquent une dégradation générale, due aux répercussions de la pollution, de l’activité économique et d’un aménagement du territoire insuffisant.

Le changement de climat a, lui aussi, un effet néfaste sur notre patrimoine naturel, comme en témoignent les dégâts provoqués à grande échelle par les vagues de chaleur, la désertification et les inondations. Bien que les causes de ces catastrophes « naturelles » soient multiples, ces tendances se précisent et les preuves scientifiques confirment que notre environnement et notre mode de vie sont gravement menacés.

Nous devons écarter de toute urgence ces menaces qui pèsent sur notre paysage et notre patrimoine. Or la Convention européenne du paysage a notamment pour caractéristique d’assigner aux collectivités locales et régionales un rôle clef en matière de protection, de gestion, d’aménagement et de valorisation du paysage. 

Nous avons le devoir, en notre qualité d’élus, de faire constamment les meilleurs choix, pour nos citoyens comme pour le paysage, pour notre économie comme pour l’environnement. Faut-il installer une grande entreprise qui créera des emplois et stimulera l’économie locale ou privilégier l’environnement et éviter la pollution ? Comment trouver un juste équilibre entre les exigences souvent contraires du tourisme, qui augmente rapidement, et de ce qui représente, en soi, une composante unique et caractéristique de notre patrimoine ? Comment concilier cette tendance inexorable des zones urbaines à l’expansion et la nécessité de conserver notre patrimoine rural ?

Les politiques territoriales ont le devoir de parvenir, dans tous les domaines, à un juste équilibre entre ces diverses exigences. Il est important de comprendre qu’il existe une interdépendance entre une économie solide et un développement durable, entre villes et zones rurales. Nous ne devons pas redouter de voir certaines questions guidées par des considérations éthiques. Il appartient aux collectivités locales et régionales de faire des choix difficiles dans cette quête du juste milieu.

Je suis convaincu que les discussions et les échanges auxquels cet atelier donnera lieu renforceront encore le rôle de cet outil essentiel des politiques d’aménagement des collectivités territoriales, la Convention européenne du paysage, en vue de la conservation et de la valorisation de leur patrimoine rural.

Tous mes vœux de réussite vous accompagnent pour cet atelier.