3ème Conférence internationale « Coopération interrégionale dans le Bassin de la Mer Noire »
Odessa, 25-26 juin 2007

Intervention de Yavuz Mildon, Président de la Chambre des Régions du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe

Monsieur le Maire,

Monsieur le Vice-Ministre,

Monsieur le Directeur Adjoint,

Mesdames et Messieurs les élus locaux et régionaux,

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,

Chers collègues,

C’est un grand honneur pour moi de représenter le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe à cette importante conférence sur la coopération interrégionale en Mer Noire.

Nous sommes également très honorés d’avoir reçu un message à l’ouverture de cette Conférence du Président de l’Ukraine, Viktor Iouchtchenko, que je transmettrai au Bureau du Congrès.

Je tiens en premier lieu à remercier M. Gurvits, Maire d’Odessa et membre de notre Congrès, de nous avoir invité à tenir cette 3ème Conférence sur la Mer Noire dans sa magnifique cité portuaire. Je le remercie ainsi que l’équipe d’organisation de l’accueil chaleureux qu’ils nous témoignent et auquel nous sommes très sensibles.

Je vois aussi derrière moi le drapeau du Conseil de l’Europe remis à la ville d’Odessa en 1998. Cette ville le mérite bien et je suis sûre que ceux qui viennent ici pour la première fois regrettent de ne pas y être venu plus tôt.

J’adresse aussi, au nom du Congrès, tous nos remerciements à Vyacheslav Tolkovanov, Vice-Ministre du Logement et des services urbains de l’Ukraine, que nous connaissons bien depuis de nombreuses années, pour les efforts qu’il a déployés au cours de ces derniers mois pour assurer la tenue de cette Conférence.

Je me réjouis d’avoir parmi nous Volodymyr Udovychenko, Vice-Président du Congrès et membre éminent de notre Bureau ainsi que d’autres membres de la Délégation Ukrainienne du Congrès.

J’adresse aussi tous mes remerciements à M. Viktor Tikhonov, membre de l’Assemblée parlementaire et Président de la Commission de l’Urbanisme et de la politique régionale de l’Assemblée de l’Ukraine, Président de l’Association des autorités locales et régionales, pour son soutien à nos travaux.

Je salue également tous les membres du Congrès présents ainsi que tous les orateurs qui ont accepté de contribuer à cette importante conférence.

Comme vous le savez, c’est la 3ème Conférence que nous organisons sur le projet de mise en place d’une Eurorégion de la Mer Noire, après celle de Constanta en Roumanie en mars 2006 et de Samsun, en Turquie en novembre dernier. J’en profite pour saluer et remercier, pour leur engagement en faveur de ce projet, les autorités de Constanta largement représentées ici à Odessa ainsi que Yusuf Yilmaz, Maire de Samsun.

Ayant devant moi une audience aussi éminente et engagée sur les questions relatives à la Mer Noire, j’en profite pour mettre en avant le fait que la zone géographique de la Mer Noire, qui inclut bien entendu les 6 pays riverains ayant un littoral direct sur la Mer Noire, doit être entendue au sens large. Elle comprend également les pays qui, de part leur histoire, la proximité et les liens étroits qu’ils ont tissés en font des acteurs régionaux naturels. Je pense bien sûr à l’Arménie, à l’Azerbaïdjan, à la Moldova et à la Grèce.

Nous sommes, Mesdames et Messieurs, et l’Europe entière en est bien consciente, dans une région géographique riche en ressources naturelles et occupant une position stratégique à la jonction entre l’Europe, l’Asie centrale et le Moyen Orient. Région dotée d’une population importante, d’un potentiel de développement élevé, la région de la Mer Noire constitue un carrefour de premier plan pour les flux d’énergie et de transport.

Mais nous sommes aussi, Mesdames et Messieurs, il ne faut pas se le cacher, dans une région qui est confrontée à un ensemble de défis liés à la poursuite de « conflits gelés »non encore résolus, à de nombreux problèmes d’environnement, à la vaste question des migrations illégales et du crime organisé.

Notre objectif au Congrès, en lançant des projets tels que celui d’une Eurorégion de la Mer Noire, après celle réussie en Mer Adriatique, est d’apporter une réponse aux citoyens des pays concernés, de leur permettre de mieux faire face aux défis qui se présentent à eux et de façon générale à contribuer à la stabilité et à la sécurité générales en Europe.

De nombreux organismes officiels de coopération existent déjà dans le Bassin de la Mer Noire : au niveau intergouvernemental avec la BISEC - qui tient aujourd’hui son sommet des Chefs d’états à Istanbul - au niveau parlementaire avec la PABSEC et, s’agissant de la protection contre la pollution, la Commission de la Mer Noire, organe exécutif de la Convention.

Les organisations internationales et européennes ont également contribué par d’importants programmes de coopération à stimuler les réformes démocratiques et économiques. En plus, il existe de nombreuses initiatives sectorielles dans la région de la Mer Noire, telle que l’initiative de Bakou, et nous savons l’intérêt porté à cette région par les Associations européennes de pouvoirs locaux et régionaux, telles que la CRPM ou l’ARE.

Mesdames et Messieurs, l’objectif du Congrès en s’intéressant au Bassin de la Mer Noire, est d’agir en complément des initiatives existantes, en restant dans son domaine de compétence, à savoir développer la coopération entre les autorités locales et régionales du Bassin de la Mer Noire, tout en respectant pleinement les compétences et responsabilités dévolues aux régions et municipalités dans les différents pays. Rien de plus !

Notre but ici à Odessa est donc de poursuivre l’œuvre entreprise lors des deux premières conférences, à savoir de déterminer les secteurs clés de la coopération entre élus locaux et régionaux du Bassin de la Mer Noire en vue de développer une plus grande confiance mutuelle entre les citoyens de la région et de contribuer à éliminer certains obstacles qui continuent d’exister pour assurer une meilleure coopération interrégionale et transfrontalière.

Je souligne que le développement de cette coopération interterritoriale, compte tenu du carrefour des cultures que représente le Bassin de la Mer Noire, pourrait également avoir des effets bénéfiques au-delà de la région. Le moment est donc venu de s’engager encore davantage dans un travail de définition de nos priorités et des méthodes de coopération.

Il nous faut dans ce contexte tenir pleinement compte des outils juridiques que le Conseil de l’Europe a élaboré, à savoir : la Convention-cadre européenne sur la coopération transfrontalière des collectivités ou autorités territoriales (appelée Convention de Madrid) et ses Protocoles additionnels. Je vous confirme également que le Conseil de l’Europe travaille actuellement à la préparation d’un troisième Protocole additionnel à cette Convention qui traite spécifiquement des groupements eurorégionaux de coopération. Ces instruments ont permis à certains Etats d’améliorer leur coopération, mais ils ne peuvent suffire pour ancrer la coopération transfrontalière dans l’esprit et le cœur de nos concitoyens.

Le Congrès a donc proposé de nouvelles pistes : promouvoir la mise en place d’Eurorégions pour permettre, au niveau européen, de véritables échanges de savoir-faire et d’expérience et créer des réseaux en mesure de rassembler les représentants des pouvoirs locaux et régionaux d’une zone géographique significative.

Le Congrès a ainsi créé l’Eurorégion Adriatique à Pula en Croatie, en juin 2006 qui compte actuellement 22 membres. Son programme d’activité est axé notamment sur les transports, la pêche, l’agriculture, la protection de l’environnement, le tourisme durable et la coopération culturelle et sociale.

Sur la base de cette expérience positive, le Congrès a décidé de lancer un projet comparable dans le Bassin de la Mer Noire, tenant compte bien entendu de ses caractéristiques propres et d’un environnement politique très différent.

Ce projet d’Eurorégion est conçu comme une plate-forme qui permettrait aux municipalités et régions riveraines de la Mer Noire de se rassembler, de s’associer pour parvenir à une gestion durable du Bassin, tout en répondant aux besoins spécifiques des populations. Cette plateforme de coopération pourrait également encourager le processus de régionalisation et le renforcement de la démocratie locale et régionale dans les états concernés.

Notre Congrès estime donc que les pouvoirs locaux et régionaux rassemblés dans le cadre d’une Eurorégion de la Mer Noire pourraient prendre, dans le cadre de leurs compétences respectives, des initiatives efficaces de coopération.

Je forme le vœu que cette Conférence soit un succès et permette d’avancer vers un processus structuré de coopération interterritoriale. Je souhaite vivement que ce projet « d’Eurorégion Mer Noire » bénéficie d’une coopération active des autorités locales et régionales du Bassin de la Mer Noire et de l’appui de toutes les parties concernées.