Conférence internationale ''Sports, violences et racisme en Europe''

2 au 5 avril 2007 à l’Université de Rennes 2. Rennes (France)

Discours d’Etienne VAN VAERENBERGH, membre du Congrès

“SPORT ET VIOLENCES”

Malgré les résultats très encourageants de la coopération internationale en matière de prévention de la violence dans le sport, des incidents violents continuent de se produire pendant les matchs de football. 

Ce phénomène continue de préoccuper les Européens, comme nous avons pu le constater encore récemment lors des derniers matchs à Leipzig en Allemagne et à Catane, en Italie.

« La Convention européenne sur la violence et les débordements de spectateurs lors de manifestations sportives et notamment les matchs de football » définit le cadre juridique de la prévention de la violence lors des manifestations sportives.

Un ensemble de guides et de recommandations a été élaboré pour favoriser la mise en œuvre de la Convention dans le cadre de partenariats.

Je ne citerais que quelques textes, qui sont devenus des textes de référence susceptibles de générer des bonnes pratiques et permettant d’élaborer des outils et des méthodes capables d’endiguer la violence en amont des (grandes) manifestations sportives

° Convention sur la violence à l’occasion des manifestations

   sportives (STE N° 120 (1985).

° Recommandation et manuel du Comité permanent de la

   Convention sur la violence et les débordements lors de

   manifestations sportives relatives aux rôles des mesures socio-

   éducatives dans la prévention de la violence dans le sport     

   (2003/1).

° Synthèse des Recommandations du Conseil de l’Europe sur la

   violence dans le sport et étude sur le rôle des autorités locales

   dans la prévention en Europe, 2003.

° Rapport de la Conférence sur « le rôle des collectivités locales et

   régionales dans la prévention de la violence lors d’événements

   sportifs, notamment des matchs de football », Lisbonne, 23-24

   juin 2003.

Ceci m’amène naturellement à une réflexion sur le travail qui doit être engagé par les autorités locales et régionales, conjointement si possible, et en accord avec les grandes orientations nationales.

La responsabilisation des Fan clubs, des clubs de supporters  me semble être à la fois un chantier très vaste, mais qui comporte, à mon avis, un potentiel de développement important vers une meilleure gestion des phénomènes de violence lors des manifestations sportives.

Le hooliganisme est bien connu, voir trop bien connu, des Football clubs britanniques.  Ce développement, a interpellé les responsables des clubs d’outre Manche, mais aussi dans d’autres pays européens.

Par exemple « Manchester United » a pris l’initiative pour fonder une association qui s’appelle ‘Blue Zone Study Support Centre ».

Cette association s’est fixée comme but de promouvoir la formation des enfants et des jeunes entre 9 et 15 ans.  Cette formation englobe aussi bien de l’entraînement au foot que des ateliers de théâtre.

D’autres Clubs anglais ont crée la formule des « Reading Stars », il s’agit de joueurs de foot professionnels, qui montrent leur intérêt concernant la lecture et qui deviennent des professionnels de la lecture.

Ils participent régulièrement à des événements organisés par des bibliothèques associées à cette démarche.

La volonté des Clubs de supporters de « casser » l’image négative qui gravite autour de certains clubs de foot, pour créer du lien social à travers le sport, des activités et un engagement de leur part dans le domaine de la culture au sens large du terme, me semble une piste tout à fait prometteuse pour établir une autre relation entre les Clubs de sport, leurs supporters et le reste de la population.

Le Club de foot les « Celtic Glasgow » a de son côté lancé une expérience intéressante : « Breakfast Clubs », ayant pour slogan : « Start your day with celtic ».

Le Club permet aux enfants de faire du sport et offre également la possibilité aux enfants de prendre un petit déjeuner avant d’aller à l’école.

Par ailleur le Club « Celtic Glasgow » s’est engagé avec vigueur et conviction dans une campagne « Celtic Against Drugs », qui s’inscrit dans la campagne écossaise contre la consommation de drogues.

Permettez moi de vous faire part de quelques démarches et d’exemples de la Belgique.

Le hooliganisme n’est pas éradiqué en Belgique mais il est en déclin.  La réussite de l’organisation de l’Euro 2000 l’a prouvé au grand jour.

La base légale de la lutte contre la violence lors des matches de football est la « loi football » de 1998.  Elle établit le partage de compétences désormais classique : les clubs sont responsables de la sécurité à l’intérieur du stade et les pouvoirs publics de la sécurité à l’extérieur.

La loi football dispose que la signature d’un protocole d’accord liant l’ensemble des acteurs de la sécurité doit précéder l’organisation de rencontres.

Ce protocole doit répartir les compétences de chacun et prévoir des critères de classement des matches en fonction de leurs risques.

Pour les matches à risque, une réunion préparatoire de sécurité est tenue.

Le bourgmestre (maire) dispose de larges pouvoirs en matière de sécurité en Belgique.  Il joue le rôle de pivot dans l’organisation de la sécurité autour des matches de football.

D’abord, le bourgmestre décide de la tenue ou non du match.

Pour les matches à risque, il préside la réunion préparatoire.

Il est ensuite responsable de la police locale en charge du maintien de l’ordre sur la voie publique lors des matches de football, comme lors de toute autre manifestation.

Il peut enfin demander le concours de la police fédérale, en renfort de la police locale.

Une forte volonté de développer au niveau local une politique spécifique de prévention de la violence dans le football : le fan coaching.

La Belgique a mis en place, avec un concours très important de l’Etat, une politique de prévention menée au niveau local.

Plusieurs communes belges, disposent d’un dispositif de contrat local de sécurité et de prévention.

Le travail du Conseil communal consultatif de prévention et de sécurité qui suit ces contrats locaux s’articule autour de commissions thématiques.

C’est à ce titre que la Commission locale prévention hooliganisme organise la politique de prévention centrée spécifiquement sur les matches de football.

Elle réunit les autorités politiques et administratives, et en particulier la police, la justice et la ville.

Particularité belge, la commune est donc un acteur à part entière – au même titre que les forces de police et les responsables de la sécurité du club – de la politique de prévention de la violence lors des matches de football.

En tant qu’organisatrice du travail de la Commission locale de prévention hooliganisme, la commune se trouve même être l’acteur central de cette politique.

Elle en est également l’animateur quotidien.

La commune a mis en place, avec le soutien de l’Etat, une structure spécifique propre au suivi, dans la durée, des actions de prévention.

Le fan coaching, dépendant de la commune, s’est ainsi spécialisé dans la gestion des supporters pendant mais aussi avant le match.

Un personnel qualifié assure la continuité et la qualité des actions menées : six personnes, un psychologue, deux éducateurs, deux assistants sociaux et une secrétaire travaillent ainsi à plein temps pour le fan coaching.

Enfin, un centre est consacré à l’accueil du public visé par le programme : le Fan home situé au sein du stade et qui constitue une structure pour un accueil permanent des supporters.

Un réseau de partenariats a été institué au niveau de chaque commune ou ville mais également au niveau des différentes villes de façon à essaimer cette pratique.

Au niveau de Liège, le fan coaching proprement dit travaille en partenariat avec le club du Standard de Liège, l’université de Liège et la police.

Ce partenariat s’est formalisé par la création de l’association ASBL Fan coaching.

L’Euro 2000 a été l’occasion de mettre en place, à une échelle jusqu’alors inédite, l’encadrement et l’accompagnement des supporters.

Les communes sont donc non seulement des acteurs à part entière de l’organisation des matches ; elles sont les acteurs central et les animateurs au quotidien des politiques de prévention.

Les communes ont mises en place des dispositifs très innovants et efficaces dans la gestion en amont du phénomène du hooliganisme.

En retour, le grand nombre de personnes que peut toucher l’encadrement des supporters fait du fan coaching un canal particulier pour mener des actions sociales en faveur des jeunes et des personnes en situation d’exclusion.

Le fan coaching est de ce fait un véritable relais de la politique sociale générale des communes.

Le Congrès des Pouvoirs Locaux et Régionaux est actuellement engagé avec des villes comme Stuttgart, Glasgow, Rotterdam et d’autres dans une démarche pour favoriser la pratique sportive comme un moyen facilitant les contacts sociaux entre toutes les couches sociales de la population.

C’est dans cette logique que nous souhaitons que la conférence de Rennes puisse apporter son soutien aux travaux du Congrès et des élus locaux et aux associations sportives pour permettre au sport de jouer à nouveau son rôle initial et de reconquérir ses lettres de noblesse.

Le sport ne peut être pratiqué sans le respect des règles.

Le respect de l’autre, avec lequel on entre en compétition et qui mérite le même respect et la même considération que celle qu’on réclame pour soi-même.

C’est pour cette raison que le Congrès des Pouvoirs Locaux et Régionaux du Conseil de l’Europe invite les communes, les villes et les régions à garantir un accès équitable à tous les citoyens sans distinction de race, de religion et d’origine sociale.

Nous sommes convaincus que le sport constitue un moyen privilégié d’intégration dans la société. 

Il stimule particulièrement la capacité des individus à s’intégrer dans une collectivité, dans un ensemble social, et peut contribuer à la promotion d’une meilleure compréhension mutuelle.

Nous sommes également de l’avis qu’il faut favoriser plus particulièrement des associations ayant pour but de faciliter l’accès aux activités sportives aux groupes les plus vulnérables de la société, tels que les personnes issues de l’immigration, n’ayant pas encore su prendre et trouver pleinement leur place dans la société d’accueil.

Le Congrès invite les participants de cette conférence à reconnaître que le sport peut apporter une contribution au développement d’une société plus démocratique en mettant l’accent sur la nécessité du respect des règles indispensables au bon fonctionnement de la vie en société.