20-21 octobre 2006, Moscou (Fédération de Russie)

Discours de Günther Krug, membre du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe, à la 17e conférence informelle des ministres du sport

Le sport est un moyen efficace de promouvoir la participation et l’intégration des jeunes dans la société.

Les notions de participation et d’intégration sont indissociables ; ce sont des outils d’une grande utilité pour renforcer l’implication des citoyens et pour lutter contre la lassitude politique dans notre société complexe et en voie de mondialisation.

En Allemagne, les responsables politiques ont compris que la promotion de la participation des jeunes doit être une priorité de tout gouvernement, quelle que soit sa tendance politique.

Nombreux sont les jeunes pour qui les conditions d’une participation accrue ne sont pas réunies : ils ne font pas confiance aux responsables politiques, ils ne s’intéressent guère à la politique en général et ils ignorent, souvent par manque d’intérêt, quels sont leurs droits et leurs possibilités concrètes en matière de participation.

Dans ces conditions, le sport peut jouer un rôle crucial en permettant l’acquisition de qualifications clés et de compétences sociales telles que l’aptitude au travail en équipe, l’ardeur au travail, l’aptitude à faire face aux conflits, la responsabilité et l’esprit de coopération.

Je voudrais saisir cette occasion pour vous présenter quelques éléments montrant comment, en Allemagne, nous nous appuyons sur le sport pour encourager l’intégration et la participation.

Nous voyons dans le sport un moyen de vivre l’intégration dans un contexte ludique et collectif. L’intégration et le sport se complètent harmonieusement. Le sport renforce la cohésion sociale et la confiance mutuelle, favorise les échanges entre des personnes issues de cultures et de pays différents, aide à surmonter les barrières linguistiques et les préjugés culturels.

A Berlin, ma ville natale, cohabitent 180 nationalités ; environ 13 % des habitants ne sont pas d’origine allemande et apportent à la ville une grande diversité de langues, de religions, de cultures, de traditions et d’expériences sociales. Le sport permet d’attirer des personnes de cultures différentes et de les réunir dans une action commune. Il brasse les caractères, les mentalités et les modes de vie, incitant chacun à apprendre de l’autre, apportant ainsi une contribution essentielle à l’intégration des différents groupes sociaux.

Dix-huit « clubs d’appui » (Stützpunktverein) ont été créés à Berlin, principalement dans les quartiers difficiles, dans l’objectif d’établir une présence sur le terrain et d’entrer en contact avec les habitants de ces quartiers. Ces structures sont complétées par des « associations de coopération » (Kooperationsverein) qui, outre le sport, offrent des services de consultation et de soutien scolaire et linguistique.

Je suis convaincu qu’il incombe aux instances politiques de formuler des offres pour aller au-devant de la population. Le sport exerce un pouvoir d’attraction dont les collectivités locales et régionales devraient tirer pleinement profit.

Le sport invite aussi à trouver des formes d’épanouissement et d’affirmation de soi respectueuses du règlement et des principes du fair-play. Accepter les règles et respecter l’adversaire sont des conditions favorables à l’égalité des chances entre les femmes et les hommes, mais aussi à l’acquisition de compétences sociales essentielles à la cohésion sociale d’une ville ou d’une région.

En offrant à chacun la possibilité de s’impliquer, quelles que soient ses origines ou sa situation sociale, le sport apporte une contribution importante à la vie en société dans un esprit démocratique et tolérant, et promeut la cohésion sociale de la société dans son ensemble.

A cet égard, le sport ne doit pas être considéré comme un champ d’action isolé : il a vocation à compléter harmonieusement d’autres institutions socioculturelles telles que les activités scolaires et l’action des travailleurs sociaux dans les quartiers défavorisés.

C’est pourquoi le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe porte une attention particulière aux questions relatives à l’intégration par le sport. Son rapporteur en la matière, le Dr Wolfgang Schuster, est maire de la ville de Stuttgart et possède à ce titre une vaste expérience dont il nous fait profiter, notamment pour établir des bonnes pratiques pouvant inspirer d’autres villes.

La campagne « Stand up Speak up » – coupe du monde de football de rue pour la tolérance, qui s’est déroulée dans le Bade-Wurtemberg en 2006, a ainsi reçu un vaste écho positif. Quatorze villes du Land de Bade-Wurtemberg ont participé à cette « petite coupe du monde pour la tolérance et contre le racisme ». Environ 2500 garçons et filles âgés de 11 à 18 ans ont participé aux éliminatoires et une cinquantaine d’équipes – des équipes mixtes de quatre personnes – ont été sélectionnées pour la finale à Stuttgart. Chaque équipe se composait d’une sélection de joueurs de l’un des 32 pays de la FIFA participant à la « vraie » coupe du monde de football. La finale à Stuttgart a rassemblé les 50 équipes qui s’étaient distinguées en marquant des buts, mais aussi par leur attitude fair-play, au cours des matches éliminatoires organisés dans les 14 villes du Land.

Partie intégrante de la campagne européenne « Stand up Speak up » contre le racisme et l’exclusion des minorités dans le football (www.standupspeakup.com), la « coupe du monde de football de rue pour la tolérance et contre le racisme » organisée par le Bade-Wurtemberg a joué un rôle d’ambassadeur du fair-play et de la paix dans le cadre de la coupe du monde de football.

La ville de Stuttgart envisage d’organiser un congrès européen sur le thème de l’intégration par le sport, les 22 et 23 janvier 2007, dans l’objectif de promouvoir cette forme d’intégration à l’aide d’un réseau européen. Le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe entend participer à l’organisation de cette manifestation.

Notre travail, ici à Moscou, s’inscrit dans le cadre des efforts normatifs déployés à l’échelle européenne. Le sport et le fair-play, la lutte contre le dopage, le refus de la violence et du racisme sont des causes que nous partageons tous.

Dans ce contexte, je tiens à saluer tout particulièrement l’initiative de la Présidence russe du Conseil de l’Europe qui vise à rassembler l’expérience recueillie par les différents organes de l’Organisation ; ce projet contribuera grandement à faciliter les échanges de bonnes pratiques et la création de réseaux efficaces.

Nous devons faire en sorte que les enfants et les jeunes, à tous les niveaux, apprennent à se percevoir comme membres à part entière de la société. A cet égard, le sport offre un moyen de rapprocher dans un cadre informel des personnes qui, autrement, n’auraient probablement jamais l’occasion de se rencontrer.

Je voudrais vous inviter à agir selon la maxime allemande « tue Gutes und sprich darüber », qui signifie « sois généreux et fais-le savoir ». C’est la meilleure façon de faire connaître du plus grand nombre le travail accompli par les Etats membres et les différents organes du Conseil de l’Europe, et d’obtenir la nécessaire adhésion, aussi large et solide que possible, de la population.

A cet égard, je soutiens entièrement et pleinement le travail essentiel accompli par la Direction de la jeunesse et du sport du Conseil de l’Europe, et je soutiens la création d’un Accord Partiel du Conseil de l’Europe dans le domaine du sport en tant que volet important du savoir-faire du Conseil de l’Europe.

En ce sens, il incombe à chacun de nous de faire ce qui est en son pouvoir pour permettre au sport de jouer pleinement son rôle, pour le plus grand bénéfice de la société. Je vous souhaite à tous une conférence agréable et couronnée de succès.