2ème Forum Franco-Russe pour le soutien des PME 
Table ronde sur « L’importance de l’aspect social dans le développement des PME en Russie »

Discours de Giovanni Di Stasi, Ancien Président du Congrès

Strasbourg, le 12 juillet 2006

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,

Goethe s’était posé la question suivante : « Quel est le meilleur gouvernement ? ». Il y a répondu lui-même « Celui qui nous enseigne à nous gouverner nous-mêmes ».

C’est dans cet esprit-là que le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe, que je représente, promeut une nouvelle répartition des pouvoirs, du national vers le régional et le local, non seulement politiques mais également économiques. Nous sommes ainsi les témoins et les acteurs de ce qu’on a appelé depuis quelques décennies, la décentralisation.

Nous sommes convaincus que la meilleure façon d’atteindre une plus grande cohésion sociale de nos sociétés en Europe réside dans la délégation, au plus près du citoyen, des compétences de gestion au quotidien, la gestion politique, sociale et économique. Nous soutenons ainsi le principe de subsidiarité, principe que nous avons inscrit dans la Charte européenne de l’autonomie locale dont le Congrès est l’auteur. Ce principe, auquel l’Union européenne, notre partenaire, a adhéré, est à présent inclus dans son Traité constitutionnel.

En tant que témoins et acteurs de cette nouvelle répartition des pouvoirs et responsabilités vers le niveau interterritorial, nous constatons également que la concurrence économique et la coopération se situent à ce même niveau et s’appuient de plus en plus sur une interaction forte entre les différents territoires.

L’objectif d’une meilleure gouvernance et d’une plus grande cohésion sociale, y compris entre les régions, est communément exigé par nos populations aux niveaux local et régional.

Il faut le dire expressément : les petites et moyennes entreprises, les PME, ont ici une importance capitale pour les régions et les villes de notre continent, car c’est à cette même échelle que bon nombre d’entre elles réalisent leurs activités. Elles sont un vivier d’emplois et ont la capacité de créer de nouvelles opportunités. Les PME jouent un rôle primordial aux côtés des collectivités territoriales dans la promotion et le développement économique des territoires.

A cet égard, l’expérience de l’Union européenne et, plus particulièrement, sa politique de soutien aux PME, à la compétitivité et à l’innovation, est à saluer. Les PME sont à présent reconnues comme l’une des priorités de la Stratégie de Lisbonne. Cette expérience, ces bonnes pratiques visant à la réduction des différences économiques entre les régions, méritent d’être disséminées hors des frontières de l’Union européenne. Je me félicite à cet égard du nouvel instrument juridique sur la coopération transfrontalière que l’Union est en train de préparer.

Pour sa part, le Conseil de l’Europe et son Congrès sont pleinement impliqués dans cette question de la promotion de la coopération interterritoriale et dans la création et le développement des PME et de la coopération entre elles.

Récemment, pendant notre dernière Session plénière qui s’est tenue fin mai - début juin, ici à Strasbourg, nous avons adopté une Recommandation aux gouvernements des Etats membres du Conseil de l’Europe, les appelant à favoriser l’esprit d’entreprise chez les jeunes dans les régions en Europe, les invitant ainsi à apporter aux jeunes leur soutien à la création d’entreprises et à la gestion de telles entreprises. Pour nous, ce sujet est très important. Il s’agit d’une part, de créer pour l’avenir de nos régions des infrastructures locales dynamiques et d’autre part, d’améliorer la participation des jeunes au processus de l’intégration européenne.

Bien sûr, le Conseil de l’Europe et notre Congrès disposent d’autres instruments adoptés il y a des années – je voudrais mentionner la Convention de Madrid et ses protocoles, la Déclaration de Vilnius ou encore un nouveau projet de convention sur la coopération interterritoriale en cours d’élaboration.

Dans le même esprit de faire coopérer les niveaux national, régional et local, les plus récentes initiatives du Congrès s’inscrivent dans le domaine des Euro-régions d’un nouveau type, centrées au niveau des mers européennes semi-fermées et réunissant les autorités des pays membres et non-membres de l’Union européenne. La première des Euro-régions de ce type, l’Euro-région Adriatique, vient d’être lancée et nous avons initié les travaux pour l’Euro-région de la Mer noire. Je suis convaincu que les PME vont jouer un rôle actif et important dans le développement durable de ces régions et favoriser une meilleure cohésion politique, économique, sociale et culturelle entre elles.

Enfin, en ce qui concerne la Russie en particulier, nous travaillons actuellement à la création d’un Centre sur la coopération interrégionale et transfrontalière à Saint-Pétersbourg, là également dans l’objectif d’une plus grande cohésion entre les populations de la Fédération de Russie et d’autres régions en Europe. Je suis sûr que les PME seront intéressées à participer à des projets de ce Centre dès qu’il sera lancé.

En conclusion, je voudrais revenir à la citation de Goethe pour insister que toute gouvernance échouera à moins qu’elle ne mette au centre de ses préoccupations les citoyens et leur participation active au processus démocratique. Vous, les représentants des PME, faites partie de la gouvernance au plus proche des citoyens.

Je suis convaincu que nos territoires sont l’avenir et la vitalité de nos démocraties en cohérence avec nos Etats, en cohérence avec la construction européenne. C’est cette conviction qui nous porte et nous anime au Congrès du Conseil de l’Europe, je vous souhaite un très grand succès dans votre entreprise, et de bonnes discussions pendant cette table ronde.

Merci