Discours de Yavuz Mildon, Président de la Chambre des régions

Congrès des pouvoirs locaux et régionaux

Conférence sur les politiques intégrées de l’enfance et de la jeunesse en Europe – une chance pour les quartiers urbains défavorisés

Strasbourg, 30 janvier – 1er février

M. le Président,
Chers Collègues,
Mesdames et Messieurs,

A la fin des années 1980, une nouvelle initiative connue sous le nom de Complexe résidentiel pour la jeunesse a été lancée à Moscou. Le premier complexe de la sorte a été construit à Saburovo, à la périphérie de la ville. C’était un quartier urbain destiné aux jeunes familles, doté de son propre Statut et d’un Conseil d’administration – un mini-gouvernement si l’on peut dire, qui était élu par les jeunes familles elles-mêmes – et qui comptait des magasins, des équipements sportifs et des centres de loisirs, et autres petites entreprises. Les habitants avaient ainsi le sentiment d’appartenir à une grande famille qui prenait en main son avenir, et goûtaient pour la première fois à la démocratie puisqu’ils élisaient leur propre « gouvernement ».

Ce projet innovant n’a été possible que parce que la Ville de Moscou lui a apporté son soutien. Aujourd’hui, alors que la Conférence sur les quartiers urbains défavorisés s’achève, la nécessité de mettre en place d’autres projets de ce type est une évidence pour chacun d’entre nous. Les zones urbaines défavorisées, qui sont considérées par la majorité d’entre nous avant tout comme un problème de sécurité publique plutôt que comme une question sociale, sont délaissées depuis bien trop longtemps. Et pourtant, la violence urbaine de l’année dernière nous a clairement montré que, pour instaurer un climat de sécurité dont bénéficie l’ensemble de nos concitoyens, nous devons nous attaquer d’une part aux causes sociales de la pauvreté, causes qui trouvent leur origine dans le manque d’intégration, le manque d’éducation et de formation professionnelle, le chômage, et d’autre part aux préjugés et aux clichés généralement associés à ces quartiers.

Les compagnies d’assurance françaises estiment à 200 millions d’euros le coût des dégâts causés par les émeutes de l’année dernière. Imaginons un instant ce qui aurait pu être accompli si cet argent avait été dépensé intelligemment en investissant dans les quartiers défavorisés et dans des projets spéciaux leur étant destinés, au lieu de servir à réparer les dégâts.

Mesdames et Messieurs,

Lors de la réunion de lancement du Forum du Conseil de l’Europe sur l’avenir de la démocratie, en novembre dernier, Timothy Ash, intervenant principal, a souligné le rôle essentiel des autorités locales dans le développement des quartiers défavorisés et l’importance de la participation des résidents locaux, y compris étrangers, au processus démocratique de façon à ce qu’ils s’intègrent dans la société, s’expriment et soient représentés. En tant que Président de la Chambre des régions du Congrès du Conseil de l’Europe, j’ajouterai que la participation au niveau régional est tout aussi importante, même si ce processus commence bien évidemment à l’échelon local, les régions n’étant pas des entités abstraites mais des regroupements de collectivités locales. En agissant d’abord au plan local, nous pourrons étendre de nouvelles initiatives au niveau régional et, à terme, national et paneuropéen. C’est la seule manière de réussir.

C’est la raison pour laquelle cette Conférence était si importante. Elle nous a donné l’occasion de comparer différentes approches provenant de 123 villes d’Europe et des Etats-Unis. Elle a mis en lumière la nécessité de mettre en place dans les quartiers défavorisés des politiques intégrées en faveur des enfants et des jeunes, et, j’ajouterai, de leurs parents. Elle nous a rappelé que le Conseil de l’Europe, avec sa dimension paneuropéenne, offre déjà une bonne base juridique pour les politiques d’intégration et de participation, à travers la Convention sur la participation des étrangers à la vie publique au niveau local et la Charte européenne révisée sur la participation des jeunes à la vie locale et régionale.

Enfin, et surtout, cette Conférence a fait avancer le Processus de Berlin lancé en novembre 2004 dans la capitale allemande. Je suis convaincu que d’autres villes reprendront maintenant le flambeau – par le biais de conférences, mais aussi par des actions ciblées, innovantes, au niveau local. Nous devons mettre la théorie en pratique, passer des paroles aux actes, donner corps aux politiques adoptées. Nous devons le faire car nous sommes en train de construire une Europe de la cohésion sociale qui ne peut tolérer l’exclusion de certaines zones et de certaines personnes simplement parce qu’elles vivent dans certains endroits. Nous devons instaurer l’égalité de traitement pour tous. C’est la seule façon de défendre les droits de l’homme, ce qui, après tout, est la vocation et la mission première du Conseil de l’Europe.

J’aimerais maintenant vous faire part de certaines conclusions auxquelles sont parvenus nos cinq groupes de travail.

I would say that the most important conclusion – or even appeal, if you wish – in all five panels was to see young people in disadvantaged neighbourhoods, much as young people anywhere else, as a chance for the future – our chance for the future. Not to stigmatise them, not to put negative labels on them, instead – to break the negative stereotype of these young people which we sometimes, and sometimes often, have. To help them, we need a real holistic approach, a joint effort of all actors involved – national governments, municipal councils, civil society, and social workers.

We need a coherent policy at local level – a genuine dialogue of local government with practitioners dealing with this youth, the young people who are often discriminated simply on the basis of the level of their prosperity, and who are entitled to respect as anybody else.

Another panel stressed the importance of activism among young people themselves, especially as immigrants are concerned – the creation of youth organisations to help newcomers to integrate into mainstream society, on the one hand, and, on the other hand, to enlarge intercultural dialogue and understanding, and acceptance of the other’s differences.

And, of course, we need a trialogue between youth workers, youth researchers and youth policy makers – better communication between research, politics and NGOs. Practical research must be the basis for political action; at the same time, NGOs in their action should take into account results of research as far as young people are concerned.

In conclusion, I would like to thank all the participants of this Conference for committing their time and energy to this very important issue – children and young people in disadvantaged urban areas. We should never forget that investing in them means investing in the future of our societies.

Let us work together to make the Berlin Process a sustainable process for the benefit of the future generations. I thank you for your commitment and hope to see you again with new projects and new initiatives.

Thank you.