Assises de la coopération franco-palestinienne

Paris, 3-4 décembre 2007

Discours de Jean-Claude Frécon, Vice-Président du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe

Monsieur le Président,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Tout d’abord, permettez-moi de vous dire combien je suis heureux d’être ici aujourd’hui et de m’adresser à vous pour saluer ceux qui parmi vous (certains que je reconnais), et au-delà de vous, d’autres encore qui sont engagés dans le dialogue euro-palestino-israelien. Je veux saluer aussi les nombreux partenaires du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l'Europe, que je représente ici, qui participent à notre coopération et à notre action commune au Proche-Orient.

Je veux parler en particulier de nos collègues du Réseau de coopération décentralisée au Proche-Orient, de Cités Unies France, du Comité des Régions de l’Union européenne et de l’Association des pouvoirs locaux de Palestine (qui, comme l’Union des municipalités d’Israël, bénéficie du statut d’observateur auprès du Congrès). Mais je pense aussi à l’Alliance des communes pour la paix au Proche-Orient, et à l’Organisation des villes arabes, avec lesquelles nous collaborons étroitement.

Ces dernières années, le Congrès du Conseil de l'Europe, qui représente aujourd’hui plus de 200 000 collectivités territoriales dans 47 pays européens, a acquis une solide expérience dans le traitement des questions liées au Proche-Orient. Le Congrès est associé à de nombreuses initiatives pour la paix lancées par les collectivités locales et leurs réseaux, comme les Communes pour la paix au Proche-Orient (Municipalities for Peace in the Middle East (MAP)) ou le Réseau de coopération décentralisée au Proche-Orient, déjà mentionné. Par ailleurs, étant donné que l’Union des municipalités d’Israël (ULAI) et l’Association des pouvoirs locaux de Palestine (APLA) bénéficient du statut d’observateur auprès du Congrès, il a été possible de mettre en place une coopération tripartite en faveur de la paix. Les représentants des collectivités locales israéliennes et palestiniennes ayant souvent des difficultés à se rencontrer dans leur pays, des organisations comme MAP, le Réseau de coopération décentralisée ou Cités Unies France, ainsi que le Congrès du Conseil de l'Europe, leur offrent un cadre où débattre et une plate-forme pour le lancement de projets de coopération trilatérale.

En outre, le Congrès a observé deux scrutins locaux organisés dans les Territoires palestiniens en 2005. J’ai d’ailleurs eu le privilège de conduire la mission d’observation lors de la deuxième phase des élections, et j’ai élaboré un rapport sur le sujet.

La Chambre des pouvoirs locaux du Congrès a organisé, en novembre de l’an dernier, une table ronde qui visait à examiner les moyens de faire collaborer les communes d’Europe avec celles du Proche-Orient. Nous préparons actuellement, avec l’Organisation des villes arabes, un Forum euro-arabe des villes, qui doit se tenir en février 2008 à Dubaï, sur le thème « un nouveau dialogue pour le développement ». Je pourrais aussi mentionner notre action en cours sur la diplomatie de la ville (« City Diplomacy »), qui montre que les villes deviennent des acteurs à part entière sur la scène internationale.

Mesdames et Messieurs,

Nous avons, au Congrès, la ferme conviction qu'étant parvenus, dans une large mesure, à accomplir le développement démocratique et pacifique de notre continent, notre tâche et notre mission est aujourd’hui de partager notre expérience et de diffuser les valeurs démocratiques au-delà de l’Europe, en commençant par nos voisins immédiats du sud de la Méditerranée, ce qui inclut aussi le Proche-Orient. Bien sûr, la démocratie ne peut être effective que lorsqu’elle s’applique en premier lieu au niveau le plus proche de la population, c’est-à-dire au niveau des collectivités territoriales, aussi bien locales que régionales. Elle ne deviendra réalité que si nous parvenons à instaurer un véritable dialogue au sein de nos collectivités multiethniques, multilinguistiques et multiculturelles – un dialogue des cultures, un dialogue des religions.

Cette conférence souligne, une fois de plus, la nécessité d’une action plus franche pour favoriser et entretenir le dialogue au sein de nos communautés, un dialogue qui commence évidemment à la base, dans nos villes et nos régions. C’est pourquoi le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe a fait du dialogue interculturel et interreligieux au niveau local et régional l’une de ses grandes priorités, laquelle revêt une importance toute particulière au Proche-Orient.

Pour nous, le dialogue n’est pas seulement un instrument au service d'une action commune, c'est déjà une valeur en soi. Il offre la possibilité non seulement de s'ouvrir à l’autre, mais aussi d'écouter et de faire des suggestions, sur la base de la solidarité et de l'action collective. Ainsi, l'autre devient  partenaire dans un dialogue structuré, dont le but est d'aller plus loin sur la voie de la compréhension et de la connaissance mutuelles, dans le respect des opinions, des croyances et des convictions de chacun.

C’est dans cet esprit que le Congrès a organisé en 2006 à Montchanin, en France, un colloque sur le rôle des collectivités locales dans la promotion du dialogue interculturel et interreligieux. À cette occasion, douze principes ont été adoptés à l’adresse des collectivités locales pour améliorer la connaissance et la compréhension de la situation religieuse locale, pour favoriser la compréhension entre les participants au dialogue, pour instituer des partenariats et évaluer l'efficacité des mesures prises. Ces douze principes s'inscrivent dans la contribution du Congrès au Livre blanc du Conseil de l’Europe sur le dialogue interculturel.

Mesdames et Messieurs,

Nous célébrons cette année le cinquantième anniversaire de la démocratie locale en Europe. En effet, c’est en janvier 1957 que la Conférence européenne des pouvoirs locaux, instituée par le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe, tint sa première session. Depuis, la démocratie territoriale n'a cessé de gagner du terrain sur notre continent. La chute des régimes communistes a ouvert la voie à l'unification paneuropéenne et permis de réunir sous un même toit 47 démocraties européennes. Avec la poursuite du processus d’intégration européenne et la disparition des frontières administratives, nous assistons, dans le domaine politique, économique et social, à un déplacement du pouvoir du niveau national vers le niveau territorial et interterritorial. Sous l'effet de ce rééquilibrage entre les instances nationales et locales, le rôle du Congrès va croissant, ce qui lui ouvre de nouvelles possibilités d’action en faveur de la démocratie locale et régionale.

Nous souhaitons partager notre expérience avec nos voisins et inspirer une action similaire pour que la démocratie locale, sans laquelle il n'y a pas de démocratie du tout, prospère au sud de la Méditerranée et au Proche-Orient, pour le bien de nos citoyens et pour la paix. Nous avons déjà mis sur pied des activités communes, mais nous devons aller plus loin et progresser ensemble, en nouant des partenariats avec nos organisations apparentées. C’est l'une des autres raisons pour lesquelles j’apprécie tant de pouvoir m’adresser à cette conférence, car j’ai l’espoir qu’elle stimulera notre coopération et la renforcera encore.

Merci beaucoup.